Si ailleurs, ce sont les armes qui crépitent entre fils d'un même pays pour la gestion du pouvoir d'Etat, au Burkina Faso, on peut féliciter les acteurs politiques pour l'esprit de dialogue qui prévaut encore et qui est surtout à préserver. Accepter discuter n'est pas synonyme de faiblesse, encore moins de peur. C'est la preuve d'une maturité politique et d'un engagement pour son pays. Ni la majorité ni l'opposition n'a intérêt à déclencher des hostilités entre les fils du Burkina Faso pour quelques raisons que ce soit. La mise en place du Sénat et les intentions de modification de l'article 37 de la Constitution burkinabè prêtées au régime en place ne doivent pas faire oublier l'intérêt national, à savoir la préservation de la paix. Que ceux qui prônent le langage guerrier se ravisent pour plusieurs raisons. Peu de Burkinabè peuvent survivre en cas de violences. Aucune des 13 régions n'est dotée de fruits sauvages pour une survie en cas de remous, même de courte durée.
Aussi, rares sont les Burkinabè qui peuvent se passer du salaire pendant plusieurs mois ; étant entendu qu'on ne parle pas de paiement de salaire dans un contexte de violence. Il vaut mieux ne pas souhaiter vivre une telle situation. Pourtant, beaucoup semblent ignorer ces deux donnes. La haine et la violence n'arrangeront point les Burkinabè, encore moins le Burkina Faso.
Le chef de file de l'Opposition politique, Zéphirin Diabré, a intérêt également à jouer le rôle de faiseur de paix. Il rêve du pouvoir d'Etat, mais il n'aura aucune gloire à sacrifier ses concitoyens pour accéder à Kosyam. Que chacun se le tienne pour dit : « Dans les pays constitutionnels, une opposition sérieuse, conduite par des hommes considérables, a mieux à faire que de se mettre sans choix, en toute occasion et à tout propos, en contradiction avec le gouvernement ». Cette citation de l'historien et homme politique français Joseph d'Haussonville interpelle chacun des acteurs politiques burkinabè. Privilégiez au quotidien l'intérêt des Burkinabè quel que soit votre bord. On ne vous demande pas plus.
La poignée de main entre Blaise Compaoré et Zéphirin Diabré, il le fallait. Et c'est déjà ça de gagner, un signe d'ouverture et de respect de la différence. La preuve d'une démocratie en marche.
Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA
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