Mesdames et messieurs les Gouverneurs de région,
Mesdames et messieurs les Hauts commissaires de province
Le contexte sociopolitique actuel, marqué par l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, met en urgence le retour de notre pays à une vie constitutionnelle normale conformément à la Charte de la Transition.
Vous le savez autant que moi, que ce retour à une vie constitutionnelle normale doit nécessairement passer par une organisation d’élections démocratiques et républicaines.
C’est pourquoi j’ai voulu cette rencontre, pour qu’ensemble, nous puissions échanger sur des points clés qui nous préoccupent afin de garantir un succès aux élections présidentielle et législatives couplées du 29 novembre de cette année.
En cette veille de consultations électorales majeures qui vont sans nul doute approfondir notre processus démocratique, je voudrais vous interpeller sur votre rôle de dépositaire de l’autorité de l’Etat et garant des droits fondamentaux des citoyens dans vos circonscriptions respectives.
En effet, en vos qualités respectives de représentants de l’Etat sur une portion significative du territoire national, il vous revient la lourde mais exaltante mission de coordonner l’ensemble des politiques publiques sur l’espace de votre circonscription administrative.
Il vous revient surtout d’assurer sur toute la période préélectorale, électorale et postélectorale vos prérogatives pleines et entières en matière de police administrative générale et spéciale.
Les évolutions socio-politiques en Afrique en général, et dans notre pays en particulier, ont fait que l’organisation des élections n’est plus l’apanage du ministère en charge de l’administration du territoire.
En effet, les Chefs de circonscription administrative que vous êtes ne sont plus au cœur du dispositif électoral, mais force est de constater que sans une assistance et un accompagnement sincères de l’administration publique, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et ses démembrements éprouveront d’énormes difficultés dans l’accomplissement des missions qui leurs sont dévolues.
Ce rôle d’accompagnement, d’assistance et de facilitation du processus électoral, doit être exercé dans la légalité et avec prudence pour ne pas entacher le caractère indépendant de la CENI.
Les devoirs de réserve et de neutralité, surtout en cette période électorale, faut-il le rappeler, s’imposent à tous les chefs de circonscription administrative en votre qualité de l’autorité de l’Etat.
Il convient de rappeler que l’administration ne doit et ne peut être l’instrument d’une quelconque formation politique. Elle doit observer la plus stricte neutralité en garantissant à chaque parti politique, la liberté d’action dans la légalité. L’autorité administrative doit avoir une approche communicationnelle exempte de tout reproche. C'est-à-dire, utiliser le mot juste en tout lieu et en tout temps lorsqu’elle est appelée à s’exprimer.
Mesdames et messieurs les Gouverneurs de région,
Mesdames et messieurs les Hauts commissaires de province
Comme vous le savez, les périodes électorales sont des moments particulièrement favorables à l’éclosion de facteurs de risque, notamment de trouble à l’ordre public et d’incivisme de tout genre. C’est dire que vous avez le devoir d’accompagner la CENI et ses démembrements dans la sécurisation du scrutin tout en exerçant vos prérogatives régaliennes de maintien d’ordre et de sécurité publique en cas de besoin.
Outre ce rôle d’accompagnement, d’assistance et de facilitation indispensable au bon déroulement des élections, je vous exhorte à poursuivre et à intensifier votre mission quotidienne de prévention et de gestion des conflits.
En effet, la pression démographique dont l’incidence est la raréfaction des terres cultivables ainsi que des ressources naturelles, les individualismes égocentriques et les nationalismes de tous genres se développent au détriment de l’esprit citoyen et républicain pourtant consacré par notre loi fondamentale. Les difficultés de cohabitation entre communautés et les nombreux cas de violations de droits humains enregistrés nous interpellent tous, autorités centrales, déconcentrées et décentralisées, à plus de vigilance afin que les burkinabè intègrent et consacrent le vivre ensemble, donnée essentielle et fondamentale, surtout en cette période électorale et de renaissance démocratique.
A ce sujet, je vous recommande de prendre vos responsabilités et d’associer toutes les personnes ressources nécessaires dans la résolution pacifique de tout conflit susceptible d’entacher le bon déroulement des échéances électorales.
Il vous appartiendra de relayer le discours d’impartialité, de neutralité auprès de vos administrés. Vos messages porteront la marque de responsabilité individuelle et collective de chacun et de tous quant au succès du processus.
Nous serons tous comptables, pour ainsi dire, de la réussite des élections libres, sincères et transparentes tant attendues, dans un climat apaisé.
Je vous souhaite beaucoup de courage et un bon retour dans vos régions respectives.
Vive les laborieuses populations du Burkina Faso !
Vive le Burkina Faso
Ouagadougou, le 9 novembre 2015