Relation Etats-Unis/Burkina Faso : Une tranche de « success stories »

| 18.09.2014
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Relation Etats-Unis/Burkina Faso : Une tranche de « success stories »
© DR / Autre Presse
Relation Etats-Unis/Burkina Faso : Une tranche de « success stories »
Du 4 au 6 août dernier, le président américain, Barack Obama, a convié l'ensemble des chefs d'Etat africains à Washington pour réfléchir sur le thème principal «Investir dans la prochaine génération». Mais juste avant cette rencontre, 500 jeunes issus de tout le continent ont précédé les chefs d'Etat, à l'invitation de l'administration Obama, dans le cadre du Programme YALI (Young africans leaders initiative). Le locataire de la Maison-Blanche voudrait joindre l'acte à la parole qu'il ne serait pas pris autrement, à travers le programme YALI.

La directrice de la diplomatie publique de l'ambassade des USA a applaudi cette «initiative de marque». Pour Brenda Soya, elle vise à «soutenir les jeunes leaders africains dans leurs efforts pour stimuler la croissance et la prospérité, pour renforcer la gouvernance démocratique, la paix et la sécurité, à travers le continent». En effet, la vision des Etats-Unis est basée sur une réalité plutôt intéressante, même si cela est perçu sous d'autres cieux, comme un handicap : environ 60% de la population totale de l'Afrique est âgée de moins de 25 ans, un Africain sur 3 a un l'âge compris entre 12 et 25 ans. C'est la raison par laquelle, la diplomate américaine justifie que «d'importantes ressources soient engagées (par les Etats-Unis), en vue d'améliorer leurs compétences en leadership, renforcer l'esprit d'entreprise et connecter les jeunes leaders les uns aux autres, avec les Etats-Unis et le peuple américain». YALI vient d'ailleurs, en complément de Fulbright ou Humprey, deux autres programmes de formation que reçoivent des bénéficiaires du continent, tout en vivant l'expérience américaine, le temps de la formation et du séjour.

1 000 jeunes africains pour YALI à l'avenir

«Que ce soit avec le programme Humphrey, Fulbright ou YALI, le gouvernement américain investit dans les futures générations de dirigeants africains» renseigne Brenda Soya. Dans cet esprit, le président Barack Obama a même annoncé aux 500 jeunes réunis en juillet dans le cadre de YALI que l'initiative sera rebaptisée «Mandela Washington Fellowship», en hommage au leadership de l'ex-président sud-africain, figure de la lutte contre l'apartheid et Prix Nobel de la paix. «Nous espérons accroître le nombre de participants qui était de 500 cette année, à 1 000, à l'avenir», a soufflé la directrice de la diplomatie publique. Et que dire du Millennium challenge account (MCA) dont le Burkina a bénéficié, ces 5 dernières années et qui s'est achevé le 31 juillet dernier ? Sa réponse ne souffre d'aucune ambiguïté. «Les résultats parlent d'eux-mêmes. A travers le compact, 2 240 hectares ont été aménagés à Dî où les cultivateurs verront bientôt les récoltes. Cette année, 7 830 ménages ont été formés à la production avec les nouvelles techniques qu'ils ont été apprises. Ils iront aux 4 marchés agricoles qui ont été construits et utiliseront les 144 kilomètres de pistes rurales, 264 km de routes primaires réalisées». Qui plus est, Mme Soya témoigne que dans plusieurs régions du pays, les bénéficiaires du MCA attestent qu'ils ont vu leur revenu augmenter déjà, permettant au projet d'atteindre précocement son objectif qui est de réduire la pauvreté par la croissance économique. Au regard des résultats atteints unanimement salués par les acteurs, le Burkina rêve officiellement de voir reconduit un second compact comme l'a signifié le ministre des infrastructures, du désenclavement et des transports, lors de l'inauguration du tronçon Dédougou-Nouna-frontière Mali, financé par le peuple américain, par l'entremise du MCA. Excepté le Cap- Vert, aucun pays en Afrique de l'Ouest n'a réussi la prouesse d'avoir deux compacts successifs. Le Burkina a-t-il des chances de réaliser cette prouesse ? «Il est très difficile pour un pays d'avoir un deuxième compact, plus encore que de se qualifier pour un premier compact», a prudemment rétorqué Brenda Soya. Elle explique que l'éligibilité pour un second compact n'est pas automatique, car le MCC utilise tous les indicateurs de bonne gouvernance, de liberté économique, d'investissement dans les citoyens pour déterminer l'éligibilité d'un pays à un compact. La performance de ses indicateurs est évaluée dans un tableau de bord annuel. «Le Burkina Faso a marqué des points nécessaires à réussir l'atteinte des indicateurs du tableau de bord, chaque année, durant le compact», a quand même rassuré la diplomate américaine. En clair, le Burkina sera situé en décembre prochain, lors la rencontre d'évaluation qui sera présidée par le secrétaire d'Etat lui-même. D'ores et déjà, les diplomates américains accrochent au Burkina la palme de la bonne exécution des projets du MCA.

Le Burkina a plus que doublé ses exportations vers les USA

«Le Burkina est un des rares pays à avoir accompli pratiquement tout ce qui a été prévu dans le compact. Nous avons eu avec le gouvernement, une collaboration extraordinaire qui a permis des réformes innovantes depuis le début du compact, telles que la loi 034 de 2009 portant régime foncier. Le Burkina doit être fier de ce qui a été accompli en 5 ans pour le peuple burkinabè qui a maintenant accès aux marchés, à l'eau, aux périmètres irrigués, à des documents légaux qui protègent ses terres», s'est-elle émerveillée. Quelques projets restent néanmoins inachevés à la date de clôture du compact. Seront-ils abandonnés aux mains du gouvernement burkinabè, le compact étant non extensible ? « Au 31 juillet, il y avait deux ou trois projets qui n'étaient pas achevés. Le MCC est d'accord pour achever les travaux dont le non-achèvement présente des dangers pour le public. Il n'y a pas de nouveaux fonds, mais le MCC est en train de payer des factures et de préparer toute la documentation pour le bilan». L'Etat burkinabè a, du reste, pris les devants des choses en créant au lendemain de la fin du compact, l'Agence de partenariat pour le développement (APD) chargée de «pérenniser les acquis du MCA». Le Millennium challenge account n'est pas la seule initiative des USA qui fait la fierté des Burkinabè. Le régime préférentiel d'Accès au marché américain pour les pays africains (AGOA) qui s'achève aussi en 2015, a eu des retombées appréciables pour le pays des hommes intègres. «Depuis son entrée en vigueur, ce dispositif a permis d'augmenter les exportations des pays africains vers les USA et de soutenir le développement de certains secteurs, tels que le textile et l'artisanat. Les exportations du Burkina vers les USA ont plus que doublé en 2013 par rapport à l'année précédente. Le niveau des exportations du pays en 2013 a dépassé de loin le niveau des 4 dernières années, spécifiquement dans le secteur des noix de cajou, de l'huile végétale, l'artisanat», indique Brenda Soya. Par exemple, les artisans burkinabè du Village artisanal de Ouagadougou ont été les plus grands bénéficiaires de l'AGOA selon elle, eux qui ont pu exporter des sacs à main en franchise des droits de douane vers les Etats-Unis.

Mais le «success story» des relations USA-Burkina reste la Société de transformation industrielle de l'anacarde au Burkina Faso (SOTRIA-B) de Banfora, dirigée par une dame. Selon Mme Soya, cette société a récemment profité des avantages de l'AGOA pour lequel elle était admissible. A cœur ouvert, la directrice de la diplomatie publique de l'ambassade des USA a abordé toutes les questions à lui posées, même celles qui peuvent sembler embarrassantes. Actualité oblige, peut-on s'attendre à ce que l'Amérique use de son leadership pour empêcher un dirigeant de demeurer au pouvoir au-delà des clauses constitutionnelles de son pays ? «Nous devons prendre du recul et regarder l'histoire des Etats-Unis. La constitution a été fondée sur l'idée d'une gouvernance représentative et des institutions fortes. Georges Washington a choisi de démissionner, bien qu'il soit populaire pour la force des institutions. Selon le mot du secrétaire d'Etat, John Kerry, les Etats-Unis considèrent qu'un pays est renforcé, que son peuple éprouve du respect pour sa nation et son gouvernement, quand le processus constitutionnel est mis en œuvre comme il convient et qu'on s'attache à le faire respecter», affirmera-t-elle. Nous croyons évidemment, à ce principe et nous y tenons, a conclu la diplomate.

Karim TAGNAN

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