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Réforme des Forces armées nationales : une conférence publique pour ouvrir la voie à la dépolitisation de l’armée

| 02.03.2016
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Le Président du Faso, S.E.M. Roch Marc Christian KABORE a rencontré dans la matinée du jeudi 04 février 2016 au ministère de la Défense nationale et des Anciens Combattants, la haute hiérarchie de l’armée, les hauts cadres du ministère et les membres de la Commission de la Réforme de l’Armée. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
© DR / Autre Presse
Le Président du Faso, S.E.M. Roch Marc Christian KABORE a rencontré dans la matinée du jeudi 04 février 2016 au ministère de la Défense nationale et des Anciens Combattants, la haute hiérarchie de l’armée, les hauts cadres du ministère et les membres de la Commission de la Réforme de l’Armée. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
Dans le cadre du lancement des activités de la Commission d’élaboration du plan stratégique 2017-2021 pour la réforme des Forces armées nationales (FAN), le ministère de la défense nationale et des anciens combattants (MDNAC) a organisé une conférence publique ce mardi 1er mars 2016 à Ouagadougou. Tenue sous le thème « Le militaire et la politique », cette conférence a été animée par le Pr. Augustin Loada, et présidée par le secrétaire général du MDNAC, le Colonel-major Alassane Moné.


L’histoire politique du Burkina Faso est restée longtemps sous l’influence manifeste de l’armée. Cette forte implication des militaires dans le champ politique a contribué à une politisation durable de l’institution militaire et à la perte de certaines de ses valeurs cardinales, dénaturant bien souvent la perception que l’on devrait avoir de l’éthos militaire, qui est d’être au service exclusif de la Nation et défendre le pays, tout en obéissant à ses chefs et à l’autorité légalement établie.

Aux fins de recadrer l’armée et de l’amener à sa vocation première, il a été entrepris l’idée de réformer les FAN. C’est donc pour permettre aux militaires de s’interroger sur leur intrusion dans la vie politique que cette conférence publique qui leur est dédié trouve tout son sens.

Le Professeur de Droit à l’Université Ouaga II, Augustin Loada (ancien ministre en charge de la fonction publique sous la transition), en abordant avec eux le thème intitulé « Le militaire et la politique », au cours de son exposé, a replongé les militaires dans les profondeurs de leur implication dans la sphère politique.

On retient que depuis le 03 janvier 1960, à la faveur du soulèvement populaire ayant emporté le père de l’indépendance de la Haute Volta, Maurice Yaméogo, l’armée est restée aux commandes de l’Etat. Sur les 09 chefs d’Etat qu’a connus le Burkina, 06 d’entre eux ont enfilé à un moment de leur vie la tunique militaire. Une situation qui s’explique, selon le conférencier du jour, par les divisions au sein de la classe politique, ce qui aboutit le plus souvent à la tentation de recourir à l’armée comme arbitre par les faibles performances socioéconomiques des régimes constitutionnels (ce qui donne un prétexte à l’armée de mener des coups d’Etat), et, par la faiblesse des menaces externes, jusqu’à une date récente.

La contrepartie du retrait de l’armée en politique...

En guise de perspectives, le Pr. Augustin Loada a proposé le cantonnement de l’armée dans sa sphère traditionnelle et le renforcement des mécanismes institutionnels de contrôle de l’armée, l’objectif étant à terme d’obtenir le retrait de celle-ci de la politique. Cependant, fait-il remarquer, en contrepartie, il faut qu’une certaine autonomie soit assurée à l’armée, notamment dans le cadre de la conduite de ses opérations, qu’elle bénéficie d’un statut élevé dans la société et, qu’elle soit bien traitée sur le plan matériel.

Cette conférence publique constitue le début des travaux des 07 sous commissions chargées d’élaborer le plan stratégique 2017-2021, qui devra aboutir à « une réforme qui rassure la Nation et replace l’armée dans une dynamique de professionnalisme et d’adaptation à l’évolution du nouvel environnement sécuritaire et de défense, dans l’unité et la cohésion ».

Max Junior

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