Lors de son compte-rendu d’étape qui a eu lieu le 22 juin dernier, la Commission de la réconciliation nationale et des réformes (CRNR) avait fait cas de la large consultation nationale qu’elle avait effectuée dans les 13 Régions du Burkina Faso. Les collectes des préoccupations des victimes de quelque injustice que ce soit (crimes de sang, économiques, pillages, réclames administratives, etc.) avoisinaient au total plus de 7 000 personnes, et d’autres fiches continuaient à parvenir à la Commission, malgré le délai imparti. La Commission avait précisé cependant que ces mêmes fiches concernaient des natures de crimes déjà répertoriées, donc, elles seront tout simplement ajoutées aux autres, et n’altéraient pas le travail qui se fait en son sein.
Nos confrères de L’Economiste nous apprennent encore que vu l’affluence des populations, les causes des crises qui ont engendré autant d’injustice se situent à plusieurs niveaux, dont, entre autres, les abus de pouvoir, la politisation de l’administration et des opérateurs économiques, la concentration des pouvoirs de décision au niveau central, l’instrumentalisation de certaines Organisations de la société civile (OSC), les pillages des ressources de l’Etat par une minorité, le manque de transparence dans l’exploitation minière et dans la gestion des sociétés d‘Etat, la passation des marchés publics (ndlr : qui occupe la 1ère place des secteurs les plus corrompus, selon le rapport 2014 du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC)), et la non-effectivité de l’indépendance de la justice, ce qui entraine un manque de confiance des populations envers celle-ci.
Des projets de loi à adopter sous la transition...
Selon le journal, la Commission compte faire des recommandations sur l’inéligibilité des Chefs coutumiers, vu le rôle moral qu’ils sont sensés jouer au sein des populations. L’on évoque ainsi sa constitutionnalisation et l’adoption du statut de la chefferie traditionnelle. Chose qui risque de faire sortir de leurs gongs certaines personnes, assurément. En plus, ces chefs traditionnels sont les plus aptes à indiquer à leurs populations le parti qui doit être choisi en cas d’élection, ce qui explique par ailleurs pourquoi les partis politiques aiment leur faire la cour.
Autre aspect, le retrait de monopole des produits des mains de certains acteurs économiques. Là aussi, il peut y avoir problème, car l’on risque de voir toutes sortes de choses rentrer au Faso, déjà que nous n’avons pas fini avec les produits périmés ou contrefaits.
Outre cela, les crimes de sang, les plus graves par ailleurs, et les crimes économiques, seront réactivés. Car pour arriver à une vraie réconciliation, les personnes incriminées doivent être poursuivis et jugées, et les bourreaux devront présenter des excuses publiques aux familles des victimes.
La Constitution échappera-t-elle à une éventuelle révision pendant la transition en cours au Burkina ? Puisque, selon nos confrères de L’Economiste, il se susurre des propositions tenant vers la suppression du Sénat, du Conseil économique et social (CES), entre autres.
Le CSC et le Médiateur du Faso changeront-ils de statut ?
Des institutions comme le Conseil supérieur de la communication (CSC) et le Médiateur du Faso seront-elles toujours dans leur statut d’institutions, pendant que L’Autorité supérieure de contrôle d’Etat (ASCE) et la Commission électorale nationale indépendante (CENI) se mueront ainsi ? Tels sont les supputations qui ont trait à certaines recommandations qui émaneront du CRNR.
Révision de la loi sur l’amnistie accordée aux anciens Chefs d’Etat, dépolitisation de l’armée, verrouillage de l’article 37, nouvelles lois sur la Charte des partis politiques, le statut de l’opposition et de la majorité, le financement des partis politiques, entre autres, seront traduites en projet de lois qui seront transmis au gouvernement de transition pour validation et mis au vote au CNT pour adoption, avant la fin de la transition.
Les médias verront une plaidoirie pour l’augmentation de la subvention de l’Etat et l’élargissement de la base du CSC en diminuant les quotas de proposition du Président du Faso et de celui de l’Assemblée nationale.
La Commission compte aussi rédiger une Charte de la réconciliation. Charte qui naitra surement sur la base de la vérité et de la justice, avant de parvenir à la réconciliation tant recherchée. Espérons que tous les acteurs de la société burkinabé auront vent de la raison de telles décisions, afin de s’en assurer du bien fondé...
Claire Lebœuf