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Qui sont donc nos ennemis du côté de la Côte d’Ivoire ?

| 09.01.2015
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Qui sont donc nos ennemis du côté de la Côte d’Ivoire ?
© DR / Autre Presse
Qui sont donc nos ennemis du côté de la Côte d’Ivoire ?
"Le vote des Burkinabè de la Côte d'Ivoire risque d'être difficile. C'est un pays où nous avons moins d'amis et j'ai peur que le danger ne vienne de là-bas ". Paroles de Michel Kafando, président de la transition au sujet du vote des Burkinabè de l'étranger devant les responsables des partis politiques réunis autour de lui ce mardi 6 janvier 2015 au palais présidentiel. A comprendre autrement ces propos du premier magistrat de la transition, le Burkina Faso a plus d'ennemis en Côte d'Ivoire que d'amis. D'où les questions suivantes. Qui sont ces ennemis ? Sont-ce nos compatriotes résidents en Côte d'Ivoire ? Si oui, est-ce Blaise Compaoré ou un groupe spécifique de Burkinabè ? Ou est-ce tout simplement des Ivoiriens ? Si ce sont des Ivoiriens, sont-ce des autorités ivoiriennes ? Des partis politiques? Des membres de la société civile ?

Bref, on aurait bien voulu savoir, avec exactitude " ces ennemis du Burkina en Côte d'Ivoire " dont parle le président Kafando. N'est-il pas mieux de connaître davantage ses ennemis pour mieux les combattre s'il le faut à défaut de s'en méfier ? Du reste, l'autre question qui se pose et qui est d'importance, est celle de savoir si le Burkina Faso a intérêt à avoir des ennemis en Côte d'Ivoire ? Autrement, n'est-il pas dangereux que ces deux pays, unis par l'histoire, le sang et la fraternité depuis des générations entretiennent des relations tumultueuses, dans lesquelles on parle de " moins d'amis " ? Car, en vérité, si le Burkina Faso devrait avoir moins d'amis en Côte d'Ivoire, c'est que cela constitue même une menace pour le pays. Parler de façon aussi simpliste d'une telle question, paraît grave. Aussi, si c'est parce que nous avons " moins d'amis en Côte d'Ivoire " qu'il faut priver nos compatriotes dans ce pays du vote, ce droit de citoyen qu'ils ont longtemps réclamé, ce sera leur porter préjudice. Autrement dit, nos compatriotes peuvent-ils constituer un danger pour nous en Côte d'Ivoire ? Si c'est le cas, qu'on le leur signifie officiellement et qu'on leur dise en quoi ils constituent effectivement un " danger pour leur pays ".

Qu'ils soient de la Côte d'Ivoire, du Mali, du Canada, du Gabon, des Etats-Unis ou de l'Allemagne, nos compatriotes résidents à l'étranger participent sur tous les plans au développement de leur pays et ont pris une part active dans l'avènement de l'insurrection populaire. N'est-ce pas que des Burkinabé sont venus de l'extérieur pour prendre part aux mouvements au nom du changement ? Si les conditions pour leur permettre de voter en octobre ou novembre prochain ne sont pas remplies, il nous revient à travailler pour qu'elles le soient. Il est presque sûr que si nous sollicitons le concours de ces nombreux Burkinabé résidents à l'extérieur pour que ces conditions soient remplies, ils n'hésiteront pas à le faire afin qu'ils puissent exprimer leur devoir de citoyen. Par contre, si c'est eux le danger, même en Côte d'Ivoire seulement, il faut s'abstenir. Car en aucun cas, le Burkina Faso ne doit être en danger. Quelles que soient les raisons.

S'il n'y a pas de raisons suffisantes pour justifier leur exclusion des prochaines élections (puisque c'est de cela qu'il s'agit), il faut plutôt travailler sérieusement à leur permettre d'appartenir à ce pays par leur vote. Car au moment où la réconciliation, l'appartenance à une même nation, une même communauté de destin constituent des vœux les plus chers, il faut plutôt unir les Burkinabé. En exclure, c'est constituer un autre front inutile qui peut être effectivement dangereux pour la nation.

Dabaoué Audrianne KANI

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