Quand la transition inquiète de plus en plus

| 17.12.2014
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Quand la transition inquiète de plus en plus
© DR / Autre Presse
Quand la transition inquiète de plus en plus
De plus en plus, les Burkinabè s'inquiètent de la conduite de la transition dans leur pays, après l'insurrection des 30 et 31 octobre 2014. Car, véritablement le langage et les faits ne rassurent guère.


L'unanimité est, malheureusement, en train de se faire sur le caractère populiste des discours de certains membres du gouvernement dont le Premier ministre Isaac Zida lui-même. Quand, à la place de la Nation rebaptisée place de la Révolution (on ne sait pourquoi) il promet du travail aux jeunes tout en sachant qu'en une année, il ne le pourra pas, c'est tout simplement leur faire des promesses hasardeuses. Quand il dit que des entreprises seront retirées à des privés et nationalisées, il fait des promesses qu'il n'est pas sûr de satisfaire. Idem pour les dossiers Norbert Zongo et Thomas Sankara. A la limite, il peut tout simplement leur donner un début de solutionnement, mais de là à dire que nous allons les rouvrir et les juger, c'est aller un peu vite en besogne. Il était allé jusqu'à dire que Blaise Compaoré sera extradé si la justice burkinabè souhaitait qu'il réponde devant elle. Tout en oubliant qu'il est couvert par une amnistie, votée par des représentants élus du peuple. Face à ces discours, le président de la transition, Michel Kafando, était obligé de «recadrer» certaines situations pour finalement se rendre compte qu'en fait, on l'avait juste mis là pour lui «marcher sur les orteils». Depuis, il ne dit plus rien; seul son Premier ministre prend les initiatives.

Des faits. Jusqu'à présent, aucune raison valable n'est venue expliquer la dissolution des conseils municipaux. Sauf le fait que nombreux d'entre eux étaient dirigés par des élus du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), et de l'Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA). Si ce sont des maires de Bobo-Dioulasso que des manifestants ne voulaient plus, il était plus facile de relever ces maires de leurs fonctions et organiser des élections pour en élire d'autres. Aujourd'hui, on a, non seulement des difficultés pour mettre en place les délégations spéciales, mais pire, des partenaires qui, dans l'attentisme semble avoir rompu leur collaboration avec certaines villes. Freinant ainsi le développement à la base. Des dissolutions qui sont, à tout point de vue, anti-constitutionnelles puisqu'elles ne respectent pas les conditions fixées par la Constitution et le Code général des collectivités qui définissent les cas dans lesquels les collectivités locales peuvent être dissoutes.

Maître Yaguibou de l'ADF/RDA a esté en justice et a gagné le procès parce que, le gel de son compte bancaire dans le cadre de l'opération «biens mal acquis» n'est pas conforme à la loi. Autrement dit, c'est illégal. Comme si la transition autorisait tout, sauf le respect des lois.

Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), la Fédération associative pour la paix et le progrès avec Blaise Compaoré (FEDAP-BC), et l'Alliance pour démocratie et le fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA) ont été suspendus de toutes activités. Sans qu'on nous donne les raisons profondes de ces suspensions. S'il y a des activités subversives que ces partis organisent et s'apprêtaient à organiser, ce sont plutôt ces activités qu'il faut interdire. Car, jusqu'à présent, ces partis ont respecté la Constitution bien avant l'insurrection populaire et après. Il n'y a donc aucune raison de les suspendre. Du reste, cela peut paraître bien illégal et porter atteinte au pluralisme et à l'expression démocratique.

Sy Chérif, président du Conseil national de transition avait déclaré dans la presse qu'il faut dès à présent commencer à «déstructurer le système Compaoré». Même si c'est le cas, il faut le faire dans le respect des lois. A moins qu'on ne soit dans un Etat d'exception qui ne dit pas son nom.

Dabaoué Audrianne KANI

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