Projet de loi sur le code électoral : Cherrif SY et les Sankaristes à la manœuvre pour l'exclusion

| 10.04.2015
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Projet de loi sur le code électoral : Cherrif SY et les Sankaristes à la manœuvre pour l'exclusion
© DR / Autre Presse
Projet de loi sur le code électoral : Cherrif SY et les Sankaristes à la manœuvre pour l'exclusion
Après les travaux en commission, le débat sur le nouveau code électoral s'est poursuivi ce 07 avril en plénière. L'inquiétude de bien de Burkinabè, c'est qu'à ce tournant décisif de l'histoire politique du pays, les intérêts politiciens et partisans ne prennent le dessus sur l'intérêt d'unité nationale, en consacrant en loi, les thèses qui prônent l'exclusion d'une partie du peuple du processus électoral en cours. Tous les démocrates et patriotes sincères ont une grande responsabilité. Celle d'élever la voix afin d'empêcher cette forfaiture.


Les Burkinabè sont tous yeux et toutes oreilles vers le Conseil national de la transition. S'y joue l'avenir du pays à travers le vote des députés. La question que tout le monde se pose, c'est excluront-ils ou n'excluront-ils pas les anciens responsables de la majorité déchue sous le prétexte de l'interprétation abusive de l'article 166 de la Constitution ? C'est connu, cette interprétation tend à dire que le fait d'avoir défendu le point de vue de la modification de l'article 37 constitue un crime grave de trahison et d'atteinte à la Constitution. En réalité, ce « crime » et cette « trahison » n'existent que dans la tête de politiciens intolérants qui veulent se servir des institutions de la transition pour régler des comptes à leurs adversaires.

Le pouvoir d'Etat, un instrument d'oppression de classe ?

Le plus grave, c'est que des personnalités de premier ordre comme le président du CNT sont à l'avant-garde de cette croisade pour l'exclusion. Monsieur SY Cherrif, malgré la symbolique des vêtements blancs qu'il se plaît à arborer n'est pas homme à arrondir les angles. En effet, les reflexes sankaristes pendent au nez du président de la CNT. Il ne se sent pas dans un rôle de président d'institution, modérateur du débat sur le code électoral. Il a pris fait et cause pour l'exclusion des ténors de l'ancienne majorité et travaille à faire passer ce point de vue parmi les députés. Non content d'instrumentaliser les parlementaires, M. SY Cherrif, se montre désobligeant envers ceux qui lui conseillent le respect de la Constitution et de la charte de transition sur cette question de la participation de tous les citoyens aux prochaines consultations électorales. Le collectif pour une transition réussie de Pascal ZAIDA a fait les frais de cette désinvolture du président du CNT la semaine dernière au cours d'une audience. SY Cherrif, aurait quitté la salle d'audience avant terme pour manifester sa désapprobation sur leur plaidoyer pour des élections inclusives.

A la vérité, le président du CNT, SY Cherrif, le rapporteur général de la commission de réconciliation nationale, Rassablega OUEDRAOGO, le président de la sous commission reformes politiques et institutionnelles, Hervé KAM, sont des Sankaristes bon teint. Ils sont encore sous l'emprise des thèses marxistes qui stipulent que le pouvoir d'Etat est un instrument de classe. Conquis par les révolutionnaires, ici en l'occurrence les vainqueurs du régime COMPAORE, il doit servir à mater les réactionnaires, c'est à dire les ténors de l'ancien régime.

Cette théorie de la lutte des classes a fait le lit de l'exclusion, de la répression, de la confiscation des libertés publiques, du non respect des droits de l'Homme dont se sont rendus coupables tous les pouvoirs marxisants dont celui de Thomas SANKARA. C'est pourquoi, il faut clairement dire à M. SY Cherrif que les théories marxistes sont surannées et totalement en déphasage avec l'esprit et la lettre des lois dans une démocratie républicaine comme celle du Burkina. En effet, l'article 168 de la constitution est on ne peut plus clair : « le peuple burkinabè proscrit toute idée de pouvoir personnel. Il proscrit également toute oppression d'une fraction du peuple par une autre. » C'est dire, messieurs les Sankaristes et autres tenants de la théorie de la lutte des classes, que le constituant burkinabè a compris que l'exclusion est le lit de toutes les frustrations et des conflits.

Quand SY Cherrif perd toute légitimité !

M. SY Cherrif à la tête du Conseil National de la Transition, n'agit pas comme un délégué de la Société des éditeurs de la presse privée (SEP). Il se comporte en député sankariste, rendant compte aux partis sankaristes plus qu'à ses paires de la SEP. Ce faisant, M. SY Cherrif a perdu toute légitimité.

Ainsi à quelques mois de l'élection présidentielle prévue pour le 11 octobre 2015, il est à l'avant garde des voix qui s'élèvent ici et là pour appeler à l'exclusion de certains citoyens de la compétition électorale. Ce débat, si l'on y prend garde, envenimera la vie de la nation et ébranlera la cohésion sociale, la paix et la stabilité de l'Etat. Pour la réussite de la transition et pour des élections apaisées, les députés de la transition doivent se souvenir que l'Etat de droit démocratique auquel aspire le peuple burkinabè leur impose le respect de la loi, le sens de la justice, du pardon et l'acceptation de l'autre dans sa différence. Si le peuple est souverain, il faut laisser sanctionner les politiciens. Mais pour M. SY et compagnies « Il faut commencer par déstructurer le régime COMPAORE ». Tous les démocrates et républicains sincères doivent dénoncer ces résurgences de la dictature sankariste. C'est le lieu ici d'interpeller les autorités coutumières et religieuses sur les dangers que court notre pays si certains de ses fils sont exclus des élections de par leurs opinions politiques.

On rappellera à bon escient qu'en matière électorale, la Constitution du 2 juin 1991 dispose en ses articles 11 et 12 que :

Art. 11. Tout Burkinabè jouit des droits civiques et politiques dans les conditions prévues par la loi.
Art. 12. Tous les Burkinabè sans distinction aucune ont le droit de participer à la gestion des affaires de l'Etat et de la société. A ce titre, ils sont électeurs et éligibles dans les conditions prévues par la loi.
A sa suite, le Code électoral en ses articles 123 et 134, stipule que :
Article 123 : Tout candidat aux fonctions de Président du Faso doit être Burkinabè de naissance et né de parents eux-mêmes Burkinabè et être âgé de trente-cinq ans révolus à la date du dépôt de la candidature et réunir toutes les conditions requises par la loi. Les candidatures peuvent être présentées, soit à titre individuel, soit par un parti, un collectif de partis ou un regroupement de formations politiques légalement reconnues.
Article 134. Tout Burkinabè qui a la qualité d'électeur, peut être élu Président du Faso sous les réserves énoncées à l'article 123 ci-dessus.
Ne voilà-t-il pas que ceux qui hier, juraient par tous les dieux être des républicains, prêts à mourir pour la constitution, pris en flagrant délit de reniement de la même loi fondamentale. Ils s'apprêtent à faire pire que le régime de Blaise COMPAORE en violant et les dispositions pertinentes de la constitution, du code électoral et de la charte de transition.
C'est aux juges de dire le droit et d'exclure ou de ne pas exclure.

Si tant est que, comme le clament les partisans de l'exclusion, il y a eu « trahison de la patrie » et « crime d'atteinte à la constitution », les autorités de la transition devraient travailler à juger les personnes incriminées et c'est le juge qui dira si elles doivent être exclues de la compétition électorale. Encore qu'à ce niveau, il y a ceux qui ont dans un premier temps soutenu la modification de l'article 37 avant de tourner casaque comme les dirigeants du MPP. Bref, en attendant que les anciens ténors du régime déchu ne soient traduits en justice pour le crime supposé d'atteinte à la constitution, il faut rappeler aux Sankaristes, chantres de l'exclusion que partout où des guerres ont germé ou éclaté, où l'instabilité politique s'est installée, une poignée d'hommes politiques et ou de la société civile en ont été les instigateurs zélés. A bon entendeur...

Djibril Touré

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