Presidentielle de 2015 au Burkina : Quel mode de vote pour les Burkinabè de l’étranger ?

| 22.10.2013
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Presidentielle de 2015 au Burkina : Quel mode de vote pour les Burkinabè de l’étranger ?
© DR / Autre Presse
Presidentielle de 2015 au Burkina : Quel mode de vote pour les Burkinabè de l’étranger ?
L'élection présidentielle de 2015 est une échéance capitale au Burkina Faso. Pour bien la préparer et permettre à tous les Burkinabè d'y participer, le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) apporte sa contribution à travers un dialogue démocratique organisé le 17 octobre 2013 à Ouagadougou, sur le thème : « Le vote des Burkinabè résidant à l'étranger : quels modes opératoires à l'occasion de l'élection présidentielle de 2015 ? » Ce dialogue démocratique, animé par les professeurs Augustin Loada et Albert Ouédraogo, a été suivi avec beaucoup d'intérêt par le public qui a effectué massivement le déplacement.

Comment permettre à tous les Burkinabè vivant à l'extérieur de prendre part à l'élection présidentielle de 2015 ? Quels modes opératoires pour cette élection présidentielle ? Telles sont les équations que le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a tenté de résoudre et ce, avec l'aide de ses invités : des partis de l'opposition, le parti au pouvoir, la société civile et de nombreux Burkinabè.

« Le droit de vote des Burkinabè de l'extérieur est un droit fondamental qui ne peut être arraché aux Burkinabè de l'extérieur et la mise en œuvre de ce droit doit commencer maintenant »

L'échange entre les conférenciers et les participants, le 17 octobre dernier, a permis de dégager quelques pistes de solution en vue de permettre aux Burkinabè de l'étranger de prendre massivement part à l'élection présidentielle de 2015. Selon le conférencier, Augustin Loada, « le droit de vote des Burkinabè de l'extérieur est un droit fondamental qui ne peut être arraché aux Burkinabè de l'extérieur et la mise en œuvre de ce droit doit commencer maintenant, car c'est un défi qui reste à relever par l'Etat qui doit être à la hauteur ». Pour relever ce défi, le conférencier propose « le découplage entre l'importance du nombre d'électeurs de la diaspora et les bureaux de vote ». On dénombre, à ce jour, vingt-huit ambassades et cinq consulats généraux burkinabè à l'extérieur et ces chiffres pourraient éventuellement changer d'ici à 2015. Le constat que fait le conférencier, c'est qu'il y a un déficit en la matière parce qu'il n'y a pas assez d'ambassades. Il relève, par ailleurs, que le Burkina a des ambassades dans certains pays alors qu'il y a un faible nombre d'électeurs. Au Soudan, on compte plus d'un million de Burkinabè, au Bénin un demi-million, au Gabon, une dizaine de milliers ; mais dans ces pays, il n'y a pas d'ambassade burkinabè, ni de consulat général. Par contre, dans des pays qui abritent des ambassades du Burkina Faso tels que l'Ethiopie, le Japon, Cuba, on n'a qu'une vingtaine de Burkinabè qui sont essentiellement ceux qui travaillent à l'ambassade. Pour Augustin Loada, une des difficultés majeures demeure le déficit d'information des Burkinabè de l'extérieur par rapport au vote. Il y a aussi d'autres risques qui peuvent altérer l'intégrité du processus. Les statistiques que livre la CENI (Commission électorale nationale indépendante) donnent trois millions d'électeurs inscrits au Burkina Faso. Partant de ce chiffre, le conférencier s'interroge sur ce qu'il faudrait faire s'il s'avère qu'il y a un nombre d'électeurs résidant à l'étranger supérieur à ceux inscrits au Burkina Faso. Quelle conduite alors tenir ? Faut-il à ce moment pondérer les voix de la diaspora comme on l'a fait au Cap-Vert ? Ou la voix d'un citoyen à l'étranger sera la moitié de celle de celui qui réside à l'intérieur, en violation du principe « un homme, une voix ? ». Il y a aussi la question de l'impartialité des ambassades, la politique étrangère étant un domaine réservé au chef de l'Etat qui choisit les ambassadeurs, les diplomates, des personnes qui lui sont fidèles.

La forme de votes susceptible d'être adoptée au Burkina

Le problème, s'interroge le conférencier, c'est de savoir si ceux qui travaillent pour le chef de l'Etat pourront distinguer l'éthique d'impartialité qui se pose en matière d'administration électorale de l'éthique de loyauté qui s'impose lorsqu'on est un représentant du chef de l'Etat à l'étranger. Augustin Loada a aussi évoqué l'intégrité du scrutin et la transmission des résultats quand on connaît les faiblesses en la matière, à l'intérieur de nos frontières ; la surveillance du scrutin « déficitaire » parce que ce ne sont pas tous les partis politiques qui peuvent mobiliser des délégués compétents, capables de suivre le processus électoral du début à la fin. Le conférencier s'est enfin interrogé sur comment garantir l'authentification des bulletins des électeurs et la transmission des résultats à temps. Comment aménager les bureaux de vote en conformité avec les normes d'intégrité ? La forme de votes susceptible d'être adoptée au Burkina. Est-ce que les électeurs se déplacent en personne dans les ambassades et les consulats généraux le jour du scrutin ? Ou cela peut-il être un vote électronique dans les consulats généraux et les ambassades avec une connexion sécurisée ? Ce sont autant de préoccupations qui ont été émises par Augustin Loada sur lesquelles les participants étaient appelés à donner leur avis. Pour le Pr Albert Ouédraogo, tous les Burkinabè ont droit au vote, ceux de l'extérieur y compris. Mais, dans un premier temps, compte tenu du coût et des difficultés énumérées par Augustin Loada, le Pr Albert Ouédraogo propose que l'on privilégie le vote des Burkinabè dans les pays voisins à forte concentration de la diaspora, c'est-à-dire le Ghana et la Côte d'Ivoire. Et qu'on s'inspire de leur exemple en matière d'élection. Comment opérer la phase de recensement et ensuite de l'enrôlement des Burkinabè de ces deux pays ? Le Pr Albert Ouédraogo, en proposant le Ghana et la Côte d'Ivoire, dit ne pas négliger le vote des Burkinabè des autres pays de la sous-région. Mais à partir du moment où c'est une toute première expérience en 2015, il préconise que l'on commence par ces deux pays où il y a une forte concentration de la diaspora burkinabè. Aux élections prochaines, si l'expérience réussit en 2015, l'on pourra éventuellement songer à élargir cela à l'ensemble des pays de la sous-région, de l'Europe et de l'Asie. Le problème étant très délicat, il faudrait, selon le Pr Albert Ouédraogo, commencer maintenant : « Je dis bien qu'aujourd'hui même, on est déjà en retard. Or, on veut mettre ce vote en application en 2015 ; une minute perdue est une minute de trop. Or gouverner, c'est anticiper ». Pour cela, le professeur demande que toutes les forces vives de la nation s'impliquent dans la préparation des échéances de 2015. La CENI, les partis de l'opposition, le parti au pouvoir, la société civile, etc., tous doivent sensibiliser, selon lui, les populations pour qu'elles s'intéressent au vote et sensibiliser particulièrement ceux de l'extérieur qui doivent se sentir concernés par ce vote. Suite à l'intervention du Pr Albert Ouédraogo, la parole a été donnée aux participants pour un dialogue franc et constructif autour du thème.

Ben Issa TRAORE

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