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Vacances de « l’homme fort du Faso » au Maroc: un repos bien mérité
«Où est rentré le président du Faso, Blaise Compaoré? Se trouve-t-il toujours là-bas, chez les Blancs?» Ces questions et bien d’autres similaires, beaucoup de citoyens lambda se la posent sans doute pour n’avoir pas suivi, comme d’habitude, le retour médiatisé du chef de l’Etat de Paris, surtout sur les antennes de la télévision nationale.
Eh bien, pour ceux qui n’ont pas eu encore l’information, trêve de questionnements. Le PF ne se trouve toujours pas à Paris, ni en Provence où il avait pris part, le 15 août, à la commémoration du Débarquement des alliés dans cette localité en 1944 lors de la Seconde Guerre mondiale.
De retour de cette commémoration qui a drainé beaucoup d’autres de ses pairs invités par le président François Hollande, Blaise Compaoré a fait une escale pour une visite privée au Maroc. Cette visite, débuté le 16 août, se poursuivra jusqu’à ce mercredi 20 août. Elle permettra, selon un communiqué de la direction de la communication de la présidence du Faso, «d’aborder des questions marquantes de l’actualité socio-économique et politique nationales et internationales avec les autorités marocaines».
Sur les sujets qui seront notamment abordés figureront, probablement, les questions de la mise en place du sénat et la modification de l’article 37 qui divisent profondément les Burkinabè. Mais quels conseils le roi Mohamed VI du Maroc donnera à son hôte de marque?
On ne peut s’empêcher de s’interroger sur ces questions sans pourtant avoir de réponses possibles. Toutefois, on imagine mal un dirigeant d’un royaume de régime monarchique donner de bonnes leçons de démocratie à un de ses pairs, fut-il chef d’Etat d’un pays qui se réclame démocratique. Même si c’était le cas, il ne serait pas évident que «l’homme fort du Faso» accepte d’assimiler la leçon. On se souvient qu’il n’a pas manqué l’occasion de répliquer au président du Barak Obama lors du Sommet Etats-Unis-Afrique à Washington. Ce que Blaise a refusé de recevoir comme leçon d’Obama en terme de démocratie et de vision sur le rôle des institutions en Afrique, il n’acceptera pas le recevoir auprès du Roi du Maroc.
C’est pourquoi la visite du PF au Maroc suscite des interrogations légitimes et inquiétantes. Quelles peuvent être les vraies raisons de cette visite dite privée mais non dépourvue de visées politiques?
On n’ose pas croire que le chef de l’Etat, qui n’exclue pas de réviser l’article 37 à travers le référendum, s’est rendu au Maroc pour prendre des cours sur le fonctionnement d’une république monarchique incarnée par un royaume où les rois règnent à vie. S’il en est ainsi, ce sera dommage car, depuis 1991, le Burkina Faso a emprunté la voie du processus de la démocratie et poursuit son petit bonhomme de chemin. Dès lors, il est préférable, malgré les obstacles sur ce chemin, de dévier les ambitions nobles des Burkinabè embarqués sur les rails de la démocratie qui est le mode de gouvernance en vogue actuellement dans le monde.
Mais nul doute que la visite privée dans le royaume chérifien sera mise à profit pour prendre quelques jours de repos, à la faveur de la période de vacances gouvernementales. C’est d’ailleurs ce qu’indique la direction de la communication de la présidence du Faso. Cela est tout à fait compréhensible. Après Washington où il a fourni autant d’énergie pour lancer une offensive politique et médiatique contre la position d’Obama, il peut se sentir un peu fatigué.
Dès lors, le besoin de repos peut se faire sentir. On est même tenté de dire que ce repos est bien mérité.
Le petit Hampaté