A Dédougou, les étudiants sont dans les rues. Entraînant avec eux, les élèves de tous les établissements publics et privés de la ville. Les cours sont suspendus et les concernés menacent de faire plus si leurs revendications ne sont pas satisfaites dans les meilleurs délais. A Bobo-Dioulasso, les étudiants n’ayant pas satisfaction après leurs mouvements, ont décidé lundi 16 novembre de séquestrer le personnel administratif. Parce qu’ils ne peuvent pas comprendre qu’au moment où eux étudiants se battent pour de meilleures conditions de vie et d’études, lui, personnel administratif, continue de venir travailler. Au ministère de la Fonction publique, du Travail et de Sécurité sociale, les inspecteurs du travail sont mécontents et le montrent à travers plusieurs types de manifestations. Au département de la justice, les greffiers ont cessé le travail depuis le 9 novembre et ne comptent pas le reprendre tant que leurs revendications ne sont pas satisfaites. Plus grave mais symptomatique du climat dans lequel nous évoluons, des élèves d’un établissement public ont bloqué la principale route qui mène à Nasso et menacent d’aller s’attaquer à la mairie de leur arrondissement parce qu’ils estiment que les agents prennent beaucoup de temps pour signer leurs actes d’état-civil.
Quand on observe attentivement toutes ces revendications, on envie de dire que le Burkina risque d’être un pays ingouvernable. Et pourtant, il faut qu’il soit gouverné et bien. Il est évident que pour y arriver il faut restaurer l’autorité de l’Etat. Tous les candidats à la présidentielle le savent et en parlent dans leurs programmes. Mais comment le faire quand ceux qui seront au pouvoir y sont arrivés suite à un bafouement de la même autorité du même Etat ? A moins que par un coup de bâton magique, on en arrive à satisfaire toutes ces revendications dont certaines relèvent de la fantaisie. Ce qui est tout simplement impossible.
Au regard de ce qui précède, on peut tout logiquement croire que la transition doit être en ce moment, pressée de passer rapidement le témoin au président qui sera élu le 29 novembre. Après avoir fait tout ce qu’elle pouvait.
En effet, quand on veut être président d’un pays aussi pauvre que le Burkina, un pays où tout est prioritaire et urgent, c’est qu’on a les moyens de faire face à toutes les préoccupations. Il n’y a qu’à écouter les doléances des militants pour se convaincre que le président du 29 novembre n’aura pas de répit. Il entrera les pieds joints dans un mouvement social déjà en ébullition. C’est dire que ceux qui pensent qu’il suffit de « prendre le pouvoir » doivent, dès à présent, et impérativement revoir leur copie. Car la tâche risque de ne pas être de tout repos.
Dabaoué Audrianne KANI