Malheureusement, cela ne peut plus perdurer outre mesure. Car, les faucons du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) vont finir par le contraindre. Ou du moins, à contraindre son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) à descendre dans l'arène avant l'heure. Si ce n'est déjà fait. En effet, le premier congrès du MPP et les meetings que ces premiers responsables ont organisés dans quelques villes ne sont rien d'autre qu'une campagne électorale. Puisque le thème est déjà tout trouvé: l'alternance ou la caravane de l'alternance en marche vers Kossyam. A Ouahigouya, Salif Diallo a même été on ne peut plus clair quand il a affirmé: «c'est moi qui vous avais dit que Blaise Compaoré sera président du Faso, il l'a été; aujourd'hui, c'est moi qui vous dis que Roch sera président du Faso, il le seraen 2015».
Face à une telle occupation du terrain politique, à une telle envie d'accéder au pouvoir et le plus tôt possible, les autres partis politiques qui, eux aussi conquièrent le même pouvoir, ne peuvent rester longtemps comme si de rien n'était. Que ce soit l'Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), l'Union pour le changement et le progrès (UPC), l'Union pour la République ou encore le Faso Autrement et l'Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS), on ne doit pas s'étonner de les voir très bientôt en campagne avant la campagne. N'est-ce pas ce qui justifie les meetings et autres Assemblées générales qu'organise à son tour le Congrès pour la démocratie et le progrès dans les provinces du pays? N'est-ce pas ce qui va justifier la sortie le 12 avril prochain du Front républicain en meeting à Bobo-Dioulasso? C'est de bonne guerre car, en politique, tout comme dans la vie courante, qui va à la chasse perd sa place. Autrement dit, quand on laisse le terrain vide, d'autres l'occupent.
Ainsi, les Burkinabé, au lieu de s'occuper des préoccupations véritables de leur développement, seront contraints d'aller en précampagne à la conquête du pouvoir. Pendant une vingtaine de mois. Pendant ce temps, qui s'occupe alors du développement? En effet, comme dirait quelqu'un, si on laisse seulement les politiciens s'occuper du développement de notre pays, on est foutu. Car, ces gens-là passent plus de temps à chercher le pouvoir pour ceux qui ne l'ont pas encore et à le sauvegarder pour ceux qui y sont déjà. Ont-ils réellement le temps d'asseoir et d'exécuter de vrais programmes de développement pour nous?
Dabaoué Audrianne KANI