Pourquoi une loi de finance rectificative? Pour la chef du département des Finances, Mme Coulibaly, le budget initial tel voulu par le gouvernement de la Transition avait omis «malheureusement un certain nombre d’éléments» que l’actuel exécutif était obligé de prendre en compte.
Le «nouveau budget» qui sera transmis au parlement, est chiffré en ressources à 1 617 milliards de F CFA contre 1919 milliards en charges et dépenses donc un manque à gagner de 302 milliards de FCFA que le gouvernement cherchera à combler.
Secteur «oublié»
Les éléments pris en compte par ce budget sont, entre autres, les priorités du chef de l’Etat, les mesures sociales annoncées par le gouvernement et les dépenses omises par le précédent exécutif. Cette loi de finance prendra donc en compte les incidences financières de la loi 081 (ex loi 013) portant statut du personnel de la Fonction publique et l’alignement du statut des fonctionnaires sur celui des agents contractuels.
« Il y avait une incidence financière de 40 milliards de F FCFA qui n’avait pas été budgétisé. Nous avons dû, pour cette année au moins, budgétiser 15 milliards de FCFA, le temps pour nous de pouvoir absorber ces arriérés», a expliqué la ministre Rosine Sori-Coulibaly à l’issue du Conseil.
Autre secteur «oublié» que prend en compte le budget «Roch»: le secteur Coton. A ce niveau, elle a expliqué que des engagements avaient été pris ultérieurement afin de maintenir le prix au producteur. Les arriérés dans ce secteur sont estimés à 20 milliards de nos francs. Et ce montant est pris en compte également dans la loi rectificative qui vient d’être adopté par le conseil des ministres extraordinaire.
«Nous avons tout un ensemble de dépenses importantes qui avaient été totalement omises. Donc nous étions obligés de nous rassoir pour pouvoir considérer toutes ces dépenses et pouvoir les prendre en compte», a dit Mme Coulibaly.
Factures impayées
Parmi cet ensemble de dépenses, se trouvent les factures impayées d’environ 9 milliards de FCFA du Programme socioéconomique d’urgence de la transition (PSUT).
Par ailleurs, pour une meilleure mise en pratique du Plan national du développement économique et social (PNDES), l’exécutif a créé une ligne de 2 milliards afin que les services techniques puissent mener des études anticipatives sur les projets que seront mise en place dans le cadre de ce plan national.
Dans un contexte où «les ressources ne sont pas extensibles à souhait», la patronne des finances a indiqué qu’elle s’est engagée avec les différentes régies financières pour un accroissement des ressources propres de l’Etat.
Pour la première responsable de l’Economie et du Développement du pays, ce budget ne viendra pas résoudre tous les problèmes parce que «personne ne peut résoudre tous les problèmes dans un pays comme le Burkina car toutes nos ressources sont consacrées essentiellement aux salaires de fonctionnaires et au fonctionnement de l’administration».
Pour elle, in fine, un travail de fond doit être fait afin d’augmenter les ressources propres de l’Etat et améliorer la performance de l’administration publique burkinabè qui est très lourde. Rationaliser les postes au niveau de l’Etat, réduire le train de vie de l’Etat et des membres de l’exécutif, rationaliser les voyages officiels constituent, entre autres, la batterie de mesures que compte mettre en place le gouvernement afin de réaliser des économies.
En rappel le budget initial voté par le CNT en décembre 2015 est de 1 583 milliards de FCFA en recettes contre 1 823 milliards en dépenses soit un gap de 240 milliards.