Blaise face aux syndicats et a l’opposition : Comment desserrer l’étau ?

| 05.02.2014
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Blaise face aux syndicats et a l’opposition : Comment desserrer l’étau ?
© DR / Autre Presse
Blaise face aux syndicats et a l’opposition : Comment desserrer l’étau ?
La grève des fonctionnaires est un avertissement. Cela ressemble fort à une sorte de répétition générale avant d'autres grands débrayages. C'est en tout cas la menace brandie par les syndicats, pour qui cette grève sectorielle (elle ne concerne que les agents de l'Etat) des 4 et 5 février n'est qu'un avant-goût de ce qui attend le gouvernement, si un accord n'est pas trouvé. Les organisations démontrent ainsi leur détermination à utiliser l'arme ultime, c'est-à-dire la grève, dans le conflit qui les oppose au gouvernement. Il va sans dire que le front social pourrait davantage s'assombrir au cas où un modus vivendi ne serait pas trouvé. En tout cas, avec cette grève, le temps des tergiversations doit prendre fin. L'heure est grave et il appartient aux deux parties de s'entendre sur l'essentiel. Mais il est clair que dans ce contexte, le gouvernement a le dos au mur. La pression est sur ses épaules car il a le plus à perdre dans un bras de fer dur et long. En effet, il est dans son intérêt qu'une crise syndicale ne vienne pas alourdir le contexte déjà plombé par une crise politique. Ce serait alors une situation quasi ingérable.

L'attitude du gouvernement dans la gestion du dossier des négociations avec les syndicats est d'ailleurs étonnante. On a du mal à comprendre qu'il n'ait pas travaillé à éviter coûte que coûte la grève des fonctionnaires avec ses corollaires. Deux jours de grève, c'est une perte immense pour l'Etat et pour le pays. Mais peut-être a-t-il mis sur la balance la satisfaction des revendications des syndicats et la grève en se disant que cette dernière est le moindre mal. Si cet esprit de laisser-aller qui anime le gouvernement, autant dire que le pays est parti pour une longue crise sociale. Les syndicats prendraient cela pour du mépris à leur endroit. Il urge donc de renouer les fils du dialogue. En coulisses, certains syndicalistes ne cachent pas leur colère de voir qu'au lieu de ministres, ce sont des techniciens sans pouvoir de décision qui sont envoyés aux négociations. Aujourd'hui, la situation est telle que même la présence des ministres autour de la table de négociations pourrait s'avérer insuffisante. Une implication à un haut niveau de l'Etat, en l'occurrence le chef de l'Etat, n'est pas de trop. Elle devient même, à cette étape de la crise, impérieuse. D'abord pour mettre fin à la crise, ensuite pour son propre bien.

En effet, toute l'agitation actuelle ne peut être calmée que par une action vigoureuse du chef de l'Etat. C'est vrai que des mesures avaient été prises pour remédier à la vie chère. Mais force est de constater, à la lumière du durcissement de la position des syndicats, qu'elles sont loin de faire l'unanimité. En tout cas, les syndicats ne semblent pas se sentir concernés par ces mesures. D'où le besoin d'une prise en main du dossier par le chef de l'Etat en personne. Cela permettrait de donner un nouvel élan aux négociations, car les syndicats estiment jusque-là avoir été peu considérés par le gouvernement. Mais un apaisement sur le front social fera aussi l'affaire du président, pris actuellement entre deux feux, celui de l'opposition et celui des syndicats. Alors qu'il s'achemine vers la fin de son mandat non renouvelable, comme tout président élu, il doit accélérer les chantiers du développement afin de léguer à son successeur un pays réellement en route vers l'émergence. Or avec le tumulte actuel, il lui sera difficile d'atteindre cet objectif. Donc, un geste fort en direction des syndicats est de nature à décrisper relativement le climat. Mais il faudra aussi au président, même s'il arrivait à trouver une entente avec les syndicats sur les revendications sociales, s'attendre à les affronter aussi sur un autre terrain. Il n'est un secret pour personne qu'aux revendications purement corporatistes des syndicats est venu se greffer le refus de la mise en place du Sénat et de la modification de l'article 37. La CGT/B l'a réaffirmé encore le 31 janvier dernier. Autant dire que le président Compaoré n'est pas sorti de l'auberge.

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