Le bilan de la célébration de la fête nationale à Dori, la création du Sénat, l'article 37 de la Constitution portant limitation des mandats présidentiels, le dossier Norbert Zongo, l'incivisme, l'image de la justice burkinabè, les crises malienne et centrafricaine. Ce sont autant de sujets d'intérêt, qui ont retenu l'attention du président du Faso, Blaise Compaoré à la conférence de presse, tenue le 12 décembre 2013 à Dori. Ce, au lendemain de la commémoration de la fête nationale, qu'il a présidée aux côtés de son épouse. Debout, costume cravate, le chef de l'Etat, taquin et très à l'aise, a répondu en une heure de temps à toutes les questions des journalistes, dans l'enceinte de son pied-à-terre de la capitale du Sahel. Au sujet de la mise en place du Sénat, projet suspendu à cause de la contestation, le chef de l'Etat a été on ne peut plus clair. « Sur le principe de création du Sénat, que ce soit avec la plupart des partis politiques et les différentes communautés, une majorité se dégage sur l'intérêt d'avoir une seconde chambre de lecture des lois. Bien sûr, il reste que dans les discussions, nous continuons d'entreprendre des aménagements à faire (...). Ce qu'il faut retenir, c'est que le Sénat est inscrit dans la Constitution aujourd'hui, et ce n'est pas à moi président du Faso de ne pas l'appliquer. Donc, le Sénat se mettra en place », a-t-il soutenu. Et pour ce qui est de la date de la mise en place du Sénat, Blaise Compaoré dit ne pas être encore situé : « Je ne saurais dire quand est-ce que le Sénat sera mis en place. Tout dépend des derniers éléments d'appréciation que l'Assemblée aura à faire ». Focalisant les débats à l'heure actuelle, la question de la modification ou pas de l'article 37 est revenue sur la table, à cette conférence de presse présidentielle. Le président du Faso a répondu : « Je sais qu'il y a beaucoup de débats là-dessus. La Constitution a ciblé des points qui ne peuvent pas être modifiés. Et vous savez que nous avons une Constitution dont la référence suprême est le peuple. Ce qui veut dire que s'il n' y a pas de consensus au niveau national, le peuple sera amené à dire ce qu'il pense. Il sera consulté sur la question, en cas de nécessité ». Blaise Compaoré va-t-il recourir au référendum pour modifier l'article 37 ?, a renchéri un journaliste. Et le président de rétorquer : « Il n'est pas interdit par la Constitution. S'il y a un contentieux qui persiste, nous avons la possibilité de rechercher la paix sociale par le référendum ».
Chapeau aux populations du Sahel
Blaise Compaoré a-t-il l'intention de se représenter en 2015 ? « Qui s'occupe de 2015 ? C'est encore loin (...) Ce n'est pas pressé. Ou bien vous voulez vous présenter ? », a répliqué le président à l'auteur de la question. Hilarité dans la salle. Dans la foulée, un autre journaliste s'est demandé pourquoi le chef de l'Etat a pris l'habitude de s'exprimer sur des sujets brûlants hors de nos frontières ? « Vous avez un texte qui m'interdit de parler (...) ? », a-t-il réagi. Rires à gorges déployées. S'agissant de l'affaire Norbert Zongo, journaliste dont le 15e anniversaire de la mort est célébré ce vendredi 13 décembre 2013, le chef de l'Etat a dit tout son regret de voir qu'elle n'ait pas encore été élucidée. « Nous sommes au regret de constater cela. Nous n'avons pas, en tant que chef de l'Etat, de pouvoir de décision sur le parcours des dossiers judiciaires. Il faut continuer à faire confiance à la Justice, car des décennies après, on arrive à faire sortir la vérité », a-t-il confié. Qu'en est-il de la justice burkinabè, qualifiée de justice aux ordres, par des observateurs ?
A cette préoccupation, le président du Faso a mentionné ceci : « La justice est partout critiquable et critiquée. Il est sûr qu'il nous faut construire une justice plus forte et adaptée à notre contexte ». De l'incivisme, il en a été question, puisque le phénomène est la thématique retenue pour la célébration du 53e anniversaire de l'accession à l'indépendance du Burkina Faso, cette année. « Même les Etats démocratiques font face à ce phénomène, parce que nous sommes de nos jours, dans des sociétés à grande éducation avec des intérêts de plus en plus divergeants et parfois, contradictoires. Et pour faire en sorte que les sociétés soient stables continuellement, c'est un peu difficile. Mais l'essentiel, c'est de poursuivre l'éducation citoyenne (...) », a signifié Blaise Compaoré. Par rapport au bilan de la fête nationale, le président du Faso dit avoir observé une « grande mobilisation » des populations du Sahel, qu'il a par ailleurs félicitées. A l'échelle continentale, le conférencier de président a éclairé les esprits sur les brouilles supposées entre Bamako et Ouagadougou, relatives à la crise malienne, dont il est le médiateur. « Nous n'allons pas débattre de questions non essentielles pour nos deux pays. Nous sommes alertés en permanence sur les discussions qui vont bientôt s'ouvrir. Nous continuerons d'être aux côtés du Mali », a-t-il lâché. L'autre crise, celle en Centrafrique, qui fait couler beaucoup d'encre et de salive, a été évoquée par Blaise Compaoré. Aussi a-t-il opiné : « Depuis Bokassa, l'Etat a disparu en Centrafrique. Notre brave Michel Djotodia a fait ce qu'il pouvait faire, mais finalement ça lui a échappé. Nous saluons au passage l'intervention de la France. Le plus dur sera de mettre en place un processus, pour que ce pays puisse retrouver un Etat légitime (....) ».
Kader Patrick KARANTAO
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