Le landernau politique burkinabè est en ébullition, et c'est normal. Mais ce qui n'est pas normal et ce qui est inquiétant, c'est la rumeur persistante, selon laquelle pour être élu président du Faso, il faut appartenir à « l'unique et bonne ethnie ». Tout candidat d'une autre ethnie quelles que soient sa compétence et ses aptitudes n'aurait jamais l'onction des coutumiers de cette « bonne ethnie », toujours influents dans nos campagnes.
Le moins que l'on puisse dire est qu'il faut prendre cette rumeur très au sérieux.
En effet, ce serait irresponsable de penser que les troubles fratricides n'arrivent qu'aux autres.
L'on se souvient que pendant la crise politique qui a secoué la Côte d'Ivoire de 2002 à 2010, nombreux étaient les Burkinabè qui n'ont eu de cesse de condamner, de fustiger et de vilipender avec passion et sans réserve, le régime de Laurent Gbagbo, l'accusant d'être xénophobe, anti-nordiste ou anti-dioula (même si la réalité sur le terrain était tout autre).
Alors, comment comprendre que des Burkinabè, hier, donneurs de leçons de cohésion sociale, entretiennent aujourd'hui cette idée incroyable et indéfendable « d'ethnie élue » d'où doivent sortir les présidents du Faso.
Au demeurant, les acteurs politiques sont prévenus. Les chefs coutumiers sont interpellés, car le moins que l'on attend d'eux, c'est une prise de position claire et ferme montrant qu'ils se démarquent de cette rumeur dangereuse à tout point de vue.
E. BEN