C'est aux environs de 9 heures 15 mn, hier mardi 6 janvier 2015, que le président du Faso, Michel Kafando, a reçu la première délégation. Il s'est agi des Organisations de la société civile (OSC). Deux heures plus tard, ce sont les responsables des partis politiques qui ont été reçus. A toutes les deux composantes, le président Kafando a dressé le bilan de la transition en cours, avant de solliciter des suggestions. Ainsi, il a rappelé que la transition a effectué l'essentiel du travail qu'elle avait programmé pour la première phase. A entendre Michel Kafando, la transition va entrer très bientôt, dans la période cruciale qui démarre en ce mois de janvier. «Je vous ai fait appel pour que nous voyions comment nous allons organiser ensemble, les échéances à venir», a-t-il déclaré à chacune des délégations. Les débats (Ndlr : auxquels les journalistes n'ont pas assisté) devraient porter, essentiellement, sur l'organisation des prochaines élections. Les différentes parties reçues par le chef de l'Etat devraient échanger avec lui sur, notamment, l'éventuelle prise en compte du vote des Burkinabè de l'étranger, le couplage des élections, sans oublier la question de la probable réorganisation de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Au sujet du vote des Burkinabè de l'étranger, Michel Kafando estime que cela sera pratiquement difficile, au regard du temps de la transition. De même, concernant le couplage des élections, il pense qu'il conviendrait de coupler la présidentielle aux législatives. «Quant aux élections municipales, elles peuvent être organisées par vous, c'est-à-dire, les autorités du régime qui viendra après la transition», a-t-il plaisanté, s'adressant aux responsables des partis politiques.
Ouvert à la critique
A l'entame des travaux avec chaque groupe, le président de la transition s'est dit très ouvert à la critique, surtout si celle-ci est constructive. S'adressant aux représentants des OSC, Michel Kafando a plaidé pour des actions visant à accompagner la bonne marche de la transition au Burkina Faso, après la démission de Blaise Compaoré. Il a reconnu que sans la contribution efficace de la société civile burkinabè, il serait utopique de vouloir mener à bien cette transition. «S'il y a des choses qui ne vont pas dans le cadre de la transition, dites-le nous, mais de façon gentille et respectueuse », a-t-il recommandé, avant de rassurer que les autorités de la transition feront tout pour que les élections démocratiques aient lieu, au plus tard en novembre 2015.
Prenant la parole, le président du Conseil national des OSC, Jonas Hien, a proposé des pistes de réforme pour les élections de 2015. Entre autres propositions, il a abordé l'autorisation des candidatures indépendantes aux élections locales, le couplage des élections, la réorganisation de la CENI et la mise en place d'un comité de suivi du processus électoral. Il a aussi évoqué la question du financement les élections.
Le président Michel Kafando a annoncé que le groupe de contact international, composé des présidents sénégalais, togolais et ghanéen, effectuera une visite au Burkina Faso, le mardi 13 janvier prochain, en vue de s'imprégner de l'état de l'avancement de la transition.
Alexandre TRAORE
Propos de participants
Sara Sérémé, présidente du PDC
Avant toute chose, nous voulons féliciter, saluer cette initiative de communication et d'échange avec les autorités politiques. Nos préoccupations sont liées à l'organisation des élections, à l'issue de la transition. Nous avons juste souhaité que les élections soient filables, justes, crédibles, que ce soit dans leur organisation que de la formation de nos membres qui seront dans les différents sites électoraux. Au niveau de la CENI, des mesures devraient être prises pour renforcer la fiabilité, la crédibilité des élections. Nous souhaitons aussi de l'exécutif plus qu'une communication, parce que nous sommes dans une transition qui est issue d'une insurrection populaire et c'est normal que le peuple veuille participer davantage à la gestion des affaires publiques et s'inquiète. Aujourd'hui, nous sommes dans le principe de la démocratie participative et c'est normal ce à quoi nous assistons aujourd'hui. Le président nous a donné des explications et sûrement qu'ils communiqueront encore plus.
Me B. Stanislas Sankara, de l'UNIR/PS
C'est une rencontre qu'il faut saluer, qui s'inscrit dans le cadre du dialogue politique. Quand nous étions à l'opposition politique, on a appelé de tous nos vœux le principe du dialogue politique. Ça permet aux acteurs de pouvoir échanger sur toutes les questions d'intérêt national. Et ce que nous avons vu ce matin, nous a permis : premièrement, de pouvoir faire avec le président de la transition, le bilan, deuxièmement, de voir la perspective, notamment, insister sur la réconciliation nationale, sur l'agenda électoral et voir les difficultés qui peuvent se pointer à l'horizon. Une des difficultés, c'est la participation aux élections des Burkinabè qui sont à l'étranger. Il y a aussi qu'il faut revoir le fichier électoral. Nous nous sommes également préoccupé de ce qui se passe au Régiment de sécurité présidentielle, parce que nous disons que l'échec du président de la transition, c'est l'échec de la classe politique. Il n'y a pas eu de sujet tabou. Nous avons eu toutes les assurances. Le président de la transition semble être très optimiste, parce qu'il a pu lever nos inquiétudes et je rappelle que c'est une première rencontre et nous aurons certainement l'occasion de revenir sur certains détails. Il nous rassure pour le RSP, qu'il y a eu certaines difficultés, mais tout semble rentrer dans l'ordre, parce qu'effectivement, les forces de défense et de sécurité font partie intégrante de la transition. Il a parlé aussi de la justice dans son ensemble. Mais il a fait état de la réforme, notamment à travers les états généraux annoncés et nous osons en tout cas, croire que comme lui-même il l'a dit, il a mis au-devant la qualité de la justice et nous attendons sous peu, un certain nombre de réformes pour permettre aux Burkinabè de croire en leur justice.
Adama Kanazoé de AJIR
C'est une appréciation positive, parce que c'est une initiative louable, parce que la communication est un ciment fondamental pour qu'il puisse y avoir cette collaboration permanente pour continuer le travail d'ancrage. Ça été une occasion pour le président du Faso de faire le bilan de la transition, après deux mois. Nous avons pu parler de la situation à l'international avec tout ce qui concerne la diplomatie. Le Burkina a réussi à rétablir une forme normale de diplomatie avec l'ensemble des pays du monde. Certains pays s'étaient montrés plus difficiles et tout cela s'est résorbé. Pour ce qui est de l'intérieur, nous avons pu aborder la question des élections prochaines. A ce niveau, il y a un ensemble de points qui a été abordé notamment la question de la CENI elle-même. Est-ce que dans son ossature actuelle, elle est capable de mener à des élections libres et transparentes ? Il y a un ensemble de questions de ce genre qui ont été abordées. Cette rencontre s'est voulue être un cadre d'échange direct.
Souleyman Ouédraogo (Basic Soul) de Le Balai citoyen
C'est une rencontre satisfaisante et enrichissante. On a discuté à bâtons rompus avec le président de la transition qui est quelqu'un d'assez sympathique, quelqu'un qui a un esprit ouvert. Aucune question n'est restée en suspens. On a posé nos questions librement. On a trouvé satisfaction à nos différentes questions. On a parlé des propositions concrètes pour des élections réussies. Des propositions de coupler les législatives à la présidentielle. Particulièrement, après les propos de Jonas Hien, je voulais faire un complément, vu que manifestement on ne s'est pas concertés avant de se retrouver en face du président du Faso et je voulais juste ajouter que pour lutter efficacement contre la fraude et la corruption électorale, il était nécessaire de prendre des dispositions dans le sens de plafonner les dépenses électorales pour tous les partis politiques, d'interdire les gadgets et les dons au cours de la campagne. J'en ai profité au nom du Balai citoyen, de la société civile, pour demander concrètement quel était le sort réservé au ministre contesté et les dispositions prises pour réduire de manière significative, le train de vie de l'Etat. Sur toutes les questions, il s'est engagé à contacter les autorités américaines pour savoir si le ministre a réellement fait la prison.
Safiatou Lopèz, de l'Association pour la démocratie et la participation citoyenne
Aujourd'hui, quelqu'un a lu un discours, mais je ne me reconnais pas dedans. Je ne sais pas comment ils se sont concertés. Parce que s'il y avait eu une concertation, tout le monde n'allait pas parler ce matin. Dans le même esprit de patriotisme qui nous a guidé à sortir barrer la route à Blaise, je dis que tous les Burkinabè doivent se mettre ensemble, pour accompagner cette transition.
Abdoul Karim Saidou, du CGD
Pour ce qui est du code électoral, la réforme de la CENI, sa constitutionnalisation, sa professionnalisation, nous pensons que les discussions peuvent être engagées pendant la transition. Notre point de vue au niveau du CGD est qu'il faut maintenir l'équipe actuelle de la CENI pour conduire le processus électoral, parce que ce sont des gens qui ont déjà une expérience de terrain. Ce serait en tout cas, un risque pour nous de vouloir les remplacer avec déjà la confusion que nous avons vue, lorsqu'il s'est agi de designer les membres du CNT. Nous pensons qu'il faut laisser cette équipe travailler. Maintenant, de façon concomitante, nous pouvons continuer à réfléchir sur la commission électorale et le format qui nous convient, celui proposé par le MAEP, c'est-à-dire une organisation professionnelle. Des gens qui vont être recrutés en fonction de leur compétence