A Banfora, le CNT a fait recours à l'expertise du duo Losséni Cissé, secrétaire permanant par intérim du MAEP et Dr Salam Sourwéma Kassem, enseignant à l'Université Ouaga 2 pour exposer sur les insuffisances et les limites de la Constitution du 2 juin 1991. Pour Losséni Cissé, il serait anormal et même anachronique qu'après les 30 et 31 octobre 2014, on ne pose pas la question fondamentale de la gestion de notre société qui est en vérité la Constitution. A en croire les panélistes, la Constitution actuelle ne répond plus aux aspirations des populations, car elle montre beaucoup de limites par rapport aux problèmes fondamentaux des Burkinabé. A les entendre, plusieurs questions telles que le sénat, l'armée, la justice... doivent être constitutionnalisées. Ils ont aussi fait savoir qu'au regard de la genèse de la Constitution du Burkina Faso, on se rend compte que l'esprit originel a toujours été de garder le pouvoir d'Etat. C'est pourquoi les panelistes ont tous déclaré que la Constitution du 2 juin est une constitution octroyée à Blaise Compaoré. Elle a été taillée à la mesure de l'ex président, Blaise Compaoré, ont-ils soutenu, afin qu'il exerce le pouvoir d'Etat omnipotent. Si l'article 37 a été la cristallisation qui a abouti au soulèvement des 30 et 31, c'est en réalité le jeu et le mécanisme de la gestion du pouvoir d'Etat qui ont été consacrés entre les mains du président, a étayé Losséni Cissé. Aussi a-t-il poursuivi, «au regard de la Constitution du 2 juin, il n'y avait pas de contrepouvoir réel, le président avait entre ses mains tous les pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire)». Les conférenciers ont estimé que le Burkina Faso doit passer à une 5e république, ne serait-ce que sur le plan de la symbolique. Ils sont restés formels et inflexibles quant à l'opportunité de passer à une 5erépublique avant l'élection du nouveau président de la République, car la période a été qualifiée de «neutre». Et pour ce faire, ils estiment que plusieurs procédés et pas nécessairement onéreux sont envisageables pour y parvenir. Cependant, les deux panelistes ont été unanimes: «Il est impératif de doter le Burkina Faso d'une nouvelle Constitution à même de prendre en compte les aspirations actuelles des populations». Et pour cela, chaque citoyen doit s'approprier la question et le CNT doit engager le processus, ont-ils soutenu. Cependant, ce point de vue ne semble pas être partagé par l'ensemble des acteurs de la cité du Paysan noir. Tandis que certains trouvent que le CNT a trop tardé avec cette question, d'autres estiment que l'adoption d'une nouvelle Constitution pour le Burkina Faso n'est pas une priorité pour les organes de la Transition. D'autres diront même que ce projet ressemble à un agenda caché des organes du Conseil national de transition (CNT). Tel n'est pas de l'avis des conférenciers qui trouvent que le moment est très favorable pour doter le pays d'une nouvelle Constitution, capable de prendre en compte les aspirations profondes de toutes les couches socioprofessionnelles. A en croire les conférenciers, il ne faut pas encore donner l'occasion à un pouvoir partisan de rédiger une nouvelle Constitution à sa mesure. «Il faut dépersonnaliserla nouvelle Constitution», a soutenu le Dr en science politique, Salam Sourwéma Kassem.
Mamadou YERE
(AIB Comoé)