Pendant plus 2 heures, le professeur Laurent Bado et Me Samuel Ibrahim Guitanga ont tenu en haleine le public de la cité de Bankuy qui a pris d'assaut la salle de spectacle du Conseil régional. Le passage de la 4e à la 5e république est plus que jamais une nécessité, après l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 qui a contraint Blaise Compaoré à abandonner le pouvoir après 27 ans de règne. C'est en substance le point de vue des Dédoulais venus prendre part à la conférence initiée par le Conseil national de la transition (CNT) afin de recueillir les avis du peuple burkinabè. Ce même point de vue est largement partagé par les deux conférenciers. «Je ne passerai pas par quatre chemins pour dire que, c'est une nécessité absolue de changer la Constitution actuelle du Burkina Faso et passer à la 5erépublique», a martelé le Pr Laurent Bado. Le passage à une nouvelle République, a-t-il poursuivi, se justifie par le fait que l'actuelle Constitution du Burkina Faso a été «délavée, dénaturée» par le régime de la 4e République. «La priorité de la Transition, ce ne sont pas les élections, mais le devoir de panser les dix plaies d'Egypte du Burkina Faso, nettoyer tout ce qui était sale, redresser toutes les institutions mal en point comme la justice, les lois mal ficelées, songer à réconcilier tous les filles et fils du pays, avant de penser aux élections. Et c'est après ce travail de nettoyage des institutions, des lois en passant par la réconciliation qu'on peut aspirer à des élections libres et transparentes, à l'issue desquelles le pouvoir sera confié à quelqu'un d'autre», a soutenu M. Bado. Pour Me Samuel Ibrahim Guitanga, les imperfections de l'actuelle Constitution sont telles que, laissée en l'état, serait trahir la volonté des insurgés des 30 et 31 octobre 2014. Au titre de ces imperfections, Me Guitanga fait mention de l'organisation imparfaite et du fonctionnement «boiteux» des institutions, de la confusion des pouvoirs, etc. «Ce serait une erreur monumentale de conduire les mêmes règles de jeu, en changeant simplement d'hommes», a-t-il conclu. Et c'est pour ne pas commettre cette «erreur monumentale», que le Conseil national de la transition a initié des tournées régionales afin de recueillir la contribution du peuple pour passer ou non à un nouvel ordre social. Cependant, le facteur temps risque de compromettre la concrétisation de ce besoin d'un nouveau contrat social souhaité vivement par le peuple. Pour contourner ce problème de temps, le professeur de droit administratif propose que soit prolongée la transition jusqu'en fin décembre afin de lui permettre de résoudre cette question fondamentale, soit mettre en place tout de suite et maintenant un comité de rédaction de la nouvelle Constitution. Concernant ce dernier point, Laurent Bado ne demande qu'une semaine pour boucler la rédaction d'une nouvelle Constitution qu'il faut soumettre à l'appréciation de l'autorité compétente.
Kamélé FAYAMA
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.