Ces responsables politiques qui ne jurent que par et pour les élections du 11 octobre prochain trouvent donc le débat inopportun et même suspect dans le contexte actuel. En réalité, le débat n'est pas nouveau. On se rappelle que sous le régime déchu de Blaise, comme un ballon de sonde, ce débat avait à un certain moment été lancé. Il n'a d'ailleurs prospéré, parce que les attentes et les désidératas de la classe politique et de la société civile étaient tout autres. On se demande alors pourquoi c'est dans ce contexte de transition que, le CNT lance le débat. On comprend donc aisément les inquiétudes des responsables politiques qui pensent qu'il y a anguille sous roche, comme dirait l'autre. La conférence de Bobo n'est qu'une parmi d'autres qui seront organisées dans les régions et ce jusqu'au 13 juin prochain, selon le chronogramme arrêté par le CNT. Dans tous les cas, le CNT, mieux que quiconque, est bien placé pour savoir que le Burkina Faso est inexorablement engagé et bien engagé pour que les élections se tiennent le 11 octobre prochain. Des assurances ont été données au sommet de l'Etat, la CENI est à pied d'œuvre et les bailleurs de fonds ont commencé à délier le cordon de la bourse. Ce n'est donc pas le moment de reculer ou de retarder le processus par des arguties du genre « passons à la 5e république, parce que si nous restons dans la 4e république, c'est comme si Blaise était toujours là ». Dans le document annonçant le chronogramme des tournées du CNT pour le débat sur le passage à une nouvelle constitution et signé du président du CNT lui-même que nous avons lu, la question de l'opportunité occupe une bonne place. En effet, dans ce document et à la question de savoir quelle constitution pour notre pays, il est clairement écrit : « La question de l'opportunité d'une nouvelle republique, le moment de son avènement sont les principales questions au cœur du débat politique de notre pays. Le temps est une donnée essentielle du débat. Pour les uns, le temps ne serait pas favorable aux partisans d'une nouvelle republique à adopter au terme des prochaines élections générales, présidentielles et législatives. Pour les autres, le temps est un allié stratégique. Il serait encore suffisant pour rédiger une nouvelle constitution et entrevoir avec les élections précitées ». C'est bien et même très bien de lancer le débat. Ne sommes-nous pas en démocratie ? Mais, sans être un spécialiste, nous pensons qu'il est possible d'opérer un toilettage de la Constitution, de verrouiller ce qui doit l'être, sans forcement passer à une 5e république, à une nouvelle Constitution. C'est à ce niveau que le CNT et ses spécialistes devraient se mener le débat. Passer à une 5erepublique suppose qu'on a le temps et les moyens nécessaires. Une nouvelle constitution suppose aussi et surtout un référendum. Le référendum, un mot que les Burkinabè, pour le moment, ne veulent pas entendre. En réalité, dans le contexte actuel où le chronogramme de la transition est connu de tous, le temps semble ne pas être un allié pour tous les acteurs, bien au contraire. C'est pourquoi, nous pensons donc que le CNT et tous les autres acteurs gagneront à œuvrer pour ne pas que le Burkina recule d'un iota dans sa dynamique, mais avance en respectant ce qui a été arrêté de commun accord avec tous les acteurs, tant au plan national, qu'international. Cela, n'en déplaise à tous ceux qui sont tapis dans l'ombre et qui souhaitent vivement un bouleversement du calendrier établit afin qu'ils puissent continuer à bénéficier des avantages et privilèges de leurs positions et autres postes actuels. Sans être dans le secret des acteurs du landerneau politique national et même de la société civile, on peut affirmer qu'ils ne sont pas nombreux ceux qui souhaitent un quelconque report du processus engagé et qui est entrain ne nous conduire inexorablement aux élections du 11 octobre 2015. Alors messieurs du CNT, menez le débat, faites vos tournées, mais retenez l'essentiel : Le Burkina doit avancer ! Et cela ne passera pas par une 5erépublique dans le contexte actuel.