Zéphirin Diabré sur les passeports diplomatiques « …. Mais c’est là où je suis quelque peu surpris que certains concernés ne l’aient pas fait. »

| 07.05.2014
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Zéphirin Diabré sur les passeports diplomatiques « …. Mais c’est là où je suis quelque peu surpris que certains concernés ne l’aient pas fait. »
© DR / Autre Presse
Zéphirin Diabré sur les passeports diplomatiques « …. Mais c’est là où je suis quelque peu surpris que certains concernés ne l’aient pas fait. »
Compte tenue des récents développements de l'actualité politique nationale, notamment l'appel de CDP à aller rapidement au référendum, Radio Oméga s'est entretenue avec Zéphirin Diabré, le Chef de file de l'opposition politique au Burkina Faso. Zéphirin Diabré est par ailleurs le président de l'Union pour le changement (UPC). Lisez plutôt.

Zéphirin Diabré (ZD) : bonjour.

ZD : Oui Bonjour.

A l'issue de la dernière session du conseil national du CDP, le parti au pouvoir a appelé à un référendum et en même temps a appelé la classe politique burkinabè pour que tout le monde se joigne à eux pour le référendum. Quelle est la réponse de l'opposition politique à cet appel ?

ZD : D'abord je suis vraiment surpris d'entendre la presse nous dire depuis dimanche qu'il s'agira d'un évènement majeur. Il n'y a rien de nouveau dans cette position du CDP, qui est conforme à ce qui a été dit par le même parti en 2009 au sortir de congrès extraordinaire. Depuis 5 ans, le CDP nous a annoncé à maintes occasions, qu'il avait l'intension de proposer ou de faire proposer la révision de l'article 37 de la constitution. Et depuis quelques années notamment deux ans, il y a une résistance populaire qui s'est mis en place non seulement pour contrer la mise en place du sénat mais aussi pour empêcher cette révision là. Depuis 5 ans, ils n'ont pas réussi donc ils ne réussiront pas.

Mais cette fois-ci les appels se font de plus en plus pressants.

ZD : De la part de qui ?

Du CDP

ZD : C'est ce que je dis. C'est le même parti qui depuis cinq ans entonne la même chanson. Sur cette question. Voyez-vous, il est important que on le souligne, nous ne sommes pas nous dans des débats juridiques. Comme c'est-à-dire la constitution n'a pas dit que non. Ce n'est pas un débat juridique. La question relative à la révision de l'article 37 n'est pas un débat juridique. C'est un débat d'opportunité politique. La question est de savoir si au stade aujourd'hui de l'évolution de notre pays nous voulons offrir les chances d'une alternance démocratique réelle ou si nous voulons entrainer le pays dans le chaos. Donc pour nous, il n'y a aucune opportunité à envisager même la révision de cet article.

Parlant opportunité, le CDP estime qu'ils ont une équipe qui gagne et donc il n'est pas opportun de changer une équipe qui gagne.

ZD : Ça c'est ce que eux qui le disent. On n'a pas dit qu'il faut changer l'équipe qui gagne. On a dit qu'il y a des règles du jeu qui font qu'un individu ne peut pas être candidat. On n'a pas dit que le CDP doit quitter le pouvoir. Le CDP a la possibilité de désigner un candidat dans son camp pour continuer l'œuvre qu'il estime magnifique de son ténor. Mais il y a des règles du jeu qui ont été arrêté dans les circonstances d'ailleurs très douloureuses puisque ce sont les circonstances de l'assassinat de Norbert Zongo. Un pays marche un peu sur la base du fait qu'on s'entend sur des règles. C'est comme en football. On ne peut pas changer au milieu à la mi-temps là les règles du jeu. C'est ce que malheureusement le CDP est entrain de nous proposer aujourd'hui.

Et si d'aventure malgré tout le référendum aura bel et bien lieu ?

ZD : En tout cas, c'est une question est-ce qu'il peut avoir lieu même ? Même dans leur camp ? Les leaders du CDP devraient mieux regarder les textes notamment lire la constitution. Je sais que nous la lisons tous je sais que nous ne lisons pas les mêmes articles. Mais il serait bien inspiré de lire les bons articles.

Qu'est ce qui vous fait dire que le CDP ne lit pas les bons articles ?

ZD : Non. C'est un langage. Ils le comprendront tout à fait très bien. Nous savons où ils veulent en venir et on est déjà prêts à ça aussi. Mais au delà de ça pour nous, dès lors que l'opportunité politique pose problème, la résistance citoyenne et populaire va s'organiser pour faire en sorte qu'on puisse faire échec à ce projet funeste.

C'est-à-dire ?

ZD : C'est-à-dire que l'opposition fera ce qu'elle a l'habitude de faire là dès lors qu'elle ne veut pas que quelque chose se passe. Elle a déjà fait pour le sénat. Est-ce qu'il y a un sénat au Burkina Faso aujourd'hui ?

Mais Ce n'est pas pour autant que le sénat ne sera pas mis en place

ZD : Non mais je vous dis est-ce que il y a un sénat aujourd'hui au Burkina Faso ?

Pour le moment non

ZD : Donc si ce n'est pas mis en place c'est parce que la stratégie que nous avons mis en place là est victorieuse. Elle va continuer à l'être. Ne vous en faites pas.

Aujourd'hui le CDP est prêt pour un référendum est-ce que vous êtes prêt pour un référendum ?

ZD : La question ne se pose pas chez nous à cette heure là. Je vous dis que pour nous, nous ne voyons pas l'opportunité politique d'un référendum. C'est un sujet qui a déjà été tranché par notre peuple. Ce n'est pas le seul pays hein où c'est comme ça. Aux Etats Unis par exemple, personne ne viendra à l'idée d'un chef d'Etat sortant y compris à Barack Obama de souhaiter modifier la constitution pour un 3ème mandat. Il y a des choses comme ça qui doivent être actées dans la vie d'une nation parce que c'est l'objet d'un consensus et on avance. Donc la question ne se pose pas. Pour nous l'opportunité n'est pas, y a pas de raison qu'il y ait est référendum.

Contre le sénat vous avez mis en place des stratégies. C'étaient des marches et des meetings. Maintenant contre le référendum qui s'annoncent à grand pas selon le CDP, quelles pourraient être vos stratégies ?

ZD : On va vous le dire à une réunion prochaine des chefs de file des partis de l'opposition, dès le 06 (nous sommes au 29 avril) et au sortir de cette réunion là on vous dira les dispositions que nous comptons prendre pour que la résistance citoyenne commence.

Concrètement ça veut dire quoi ?

ZD : Non. Ça je ne vous dirai pas ça aujourd'hui. Puisque ce n'est pas moi qui décide. Mais quand on sortira de la rencontre du 06 là vous serez informé.

Il y a un sujet qui défraie la chronique. C'est le retrait des passeports diplomatiques de certains cadres du MPP. En tant que chef de file de l'opposition quel est votre commentaire à faire à ce niveau ?

ZD : Je ne sais pas très bien comment aborder cette question là. Les passeports diplomatiques, bon, malheureusement font partie des privilèges que le chef d'Etat accorde. Moi je prends le principe que dès lors que l'on n'est plus dans des fonctions qui vous autorisent à les garder, il faut aller les remettre. Mais c'est là où je suis quelque peu surpris que certains concernés ne l'aient pas fait. Quand on n'a pas droit à quelques chose, il ne faut pas vouloir le garder par devers soi. Dès lors qu'on a fini les fonctions qui vous donnent droit à ce passeport et qu'on n'est pas dans la liste de ceux qui peuvent continuer à en bénéficier, il fallait qu'ils aillent eux-mêmes les remettre. Cela dit, on peut peut-être déplorer le caractère pas très élégant de la mesure d'autant plus que si c'est pour les obliger à se taire, ça n'aura aucune incidence. Le fait qu'on ait un passeport diplomatique ou pas n'empêche pas les gens de voyager. Puisqu'ils peuvent le faire avec leurs passeports ordinaires.

Zéphirin Diabré, il est également annoncé que votre parti l'UPC tente des alliances ou du moins qu'il y aurait des alliances entre vous et l'ADF/RDA. Est-ce que vous confirmez ?

ZD : Non. Le mot alliance est très fort. Disons que ce que je peux vous confirmer, c'est que nous sommes deux partis majeurs de la vie politique nationale. Après le CDP les deux grands partis en terme de député au niveau de l'assemblée nationale, c'est l'UPC et l'ADF/RDA d'autant plus que sur un certain nombre de questions, l'ADF/RDA et l' l'UPC ont la même position, notamment par exemple, la question de la révision de l'article 37 de la constitution. Sur le plan aussi de l'orientation idéologique, nous avons une grande proximité. Mon parti n'a pas encore officiellement décidé de cette option mais tout le monde sait qu'en tant que individu, Zéphirin Diabré, je ne cache pas que je suis un libéral. Je ne suis pas le néo-libéral que certains veulent me coller à la peau. Je crois en l'économie de marché. Je crois que l'initiative privée est la plus grande source de richesse et d'enrichissement. Donc, déjà sur ces points là, on a des points en commun avec des leaders de l'ADF/RDA qui peuvent amener des concertations.

Mais est-ce que vous avez déjà abordé ensemble une possibilité de collaboration ?

ZD : Oui. Tout à fait. On n'a pas encore défini toutes les formes mais il se peut que ça vienne y compris s'il y a l'occasion d'une élection, quelqu'un qui est en position d'être soutenu par l'un ou l'autre, il y aura absolument aucun problème mais on en est pas encore là.

Zéphirin Diabré merci.

ZD : C'est moi qui vous remercie.

Interview réalisée par Bernard BOUGMA

et retranscrite par Asmahou KABORE

Source : omegafm

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