Zéphirin Diabré: « L’essentiel est que l’on ait un calendrier clair au Burkina »

| 26.01.2015
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Zéphirin Diabré: « L’essentiel est que l’on ait un calendrier clair au Burkina »
© DR / Autre Presse
Zéphirin Diabré: « L’essentiel est que l’on ait un calendrier clair au Burkina »
Au Burkina Faso, les partis politiques sont dans la course vers les élections. Jeudi 22 janvier, le président de transition Michel Kafando a annoncé que la présidentielle et les législatives se tiendront le 11 octobre. Soit quasi un an après l'insurrection populaire qui a fait chuter Blaise Compaoré après 27 ans de règne. Zéphirin Diabré est le leader de l'UPC, premier parti d'opposition sous l'ancien régime. Il annonce qu'il sera candidat à la présidence. Et il est l'invité ce matin de Sébastien Nemeth.


RFI : Le président de transition Michel Kafando vient d'annoncer que la présidentielle et les législatives se tiendraient le 11 octobre prochain. Que pensez-vous de ce choix ?

Zéphirin Diabré : C'est une bonne décision qui correspond à l'attente des citoyens. La date est quelque chose autour de laquelle on peut, ici et là, avoir des avis différents, mais l'essentiel est qu'on ait maintenant un calendrier clair et que l'on sache qu'à un moment donné il y aura ces élections qui vont consacrer le retour du pays à une vie légale normale.

Ce calendrier vous semble-t-il tenable ?

Oui. Il me paraît tout à fait tenable. D'abord du point de vue de la volonté des acteurs politiques, de faire en sorte que les engagements pris au lendemain du 30 octobre soient respectés. Et deuxièmement, il est tenable parce que nous avons une commission électorale qui a une expérience et un savoir-faire et qui sera en mesure de le tenir.

La Commission électorale nationale indépendante, la Céni : fin décembre une quarantaine d'organisations de la société civile avaient demandé une refonte parce qu'elle ne représenterait plus l'état actuel du pays. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?

Oui et non. Je suis pour ceux qui pensent qu'il faut être réalistes et qu'il ne faudrait pas ouvrir une boîte de Pandore, d'autant plus que nous sommes tous pressés d'arriver rapidement aux échéances qui ont été fixées. Et ceux qui représentaient l'ancienne opposition sont toujours là et l'ancienne opposition est toujours là sur le terrain politique. Et ceux qui représentaient l'ancienne majorité sont là et cette ancienne majorité est aussi présente sur le terrain politique. Pour être très pragmatiques, il faut éviter qu'on ouvre une boîte de Pandore qui peut nous amener des difficultés.

Début janvier, le président Kafando a eu des mots assez durs envers la Côte d'Ivoire où se trouve la plus importante communauté burkinabè à l'étranger. Il a déclaré « C'est le pays où forcément nous n'avons pas beaucoup d'amis. Il ne faut pas que notre vote soit perturbé ici parce qu'on aura sciemment manigancé des choses en Côte d'Ivoire ». Est-ce qu'il n'est pas allé un peu trop loin ?

La Côte d'Ivoire et le Burkina Faso sont des pays voisins et frères qui cheminent ensemble depuis longtemps et qui vont encore longtemps cheminer ensemble.

Est-ce que ça veut dire que vous seriez favorable au vote des Burkinabè de l'étranger ?

Sur le principe, mon parti y a toujours été favorable. La question que nous nous sommes posés aujourd'hui, c'est la question de la faisabilité au regard de la manière quelque peu insuffisante dont la question a été préparée par l'ancien gouvernement. On ne sait pas aujourd'hui combien il y a de Burkinabè à l'étranger. Il faut s'assurer qu'ils sont bien recensés et qu'ils reçoivent les documents leur permettant d'exercer leur devoir de citoyen. Si on se presse et qu'on n'a pas créé ce préalable là, on peut créer des situations qui sont préjudiciables à la démocratie de notre pays.

Les autorités de transition ont fait beaucoup d'annonces pour une réouverture du dossier Thomas Sankara, président assassiné en 1987. Sa famille vient d'écrire une lettre officielle pour demander que le pouvoir respecte son engagement. Les autorités traînent-elles un peu les pieds pour ouvrir ce dossier ?

Mais je me dis que si tous les deux sont d'accord sur le principe que ce dossier doit être rouvert, ils doivent quand même pouvoir s'entendre et trouver la voie appropriée.

L'ancien président Blaise Compaoré, d'ailleurs soupçonné dans cette affaire, se pose désormais la position de son extradition ?

Les soupçons sont importants , mais ce n'est pas la base sur laquelle légalement on peut demander une extradition. Et à ce que je sache, je n'ai pas encore entendu qu'une plainte a été déposée. Si tel est le cas et que la justice faisait son cours et souhaitait qu'il en soit ainsi, et bien ce serait ainsi.

Vous étiez leader de l'opposition lorsque Blaise Compaoré était au pouvoir. Serez-vous candidat ?

Il y a de fortes chances mais il appartiendra à mon parti de le décider. Et mon parcours au sein de l'appareil d'Etat, mon parcours international ajouté au parcours dans le combat que nous avons mené contre la révision de l'article 37, fait que je pense qu'il est important que je sois à ce rendez-vous là. Mais ce n'est un secret pour personne au Burkina Faso que ça se passera ainsi (rires).

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