Imprimer cette page

Vraiment, ils s’amusent avec sérieux

| 24.07.2014
Réagir
Vraiment, ils s’amusent avec sérieux
© DR / Autre Presse
Vraiment, ils s’amusent avec sérieux
Décidément, certains politiciens et une partie de la société civile cherchent désespérément (en tout cas pour l'instant) des raisons pour justifier leur lutte et montrer aux yeux de l'opinion nationale et internationale qu'ils ont bien raison. En tout cas, depuis un certain temps, c'est le constat qu'on peut bien faire. Vrai ou faux, dans tous les cas, ça y ressemble.

La preuve la plus récente est l'explosion qui a eu lieu à Larlé, malheureusement non loin du palais du Naba du nom du même quartier. Après avoir sans doute tenté en vain de récupérer l'opinion à leur compte sur ce malheureux incident, ils se sont contentés de compatir à la douleur des familles endeuillées à travers des communiqués de tout genre. D'autres, pour mieux se faire voir et dire qu'ils sont avec le peuple et qu'ils luttent réellement pour son bien-être, se sont rendus sur les lieux.

C'est la même situation qu'on a vécu, et qu'on continue de vivre, avec le décès du juge constitutionnel Salifou Nébié. Au lendemain de sa mort, alors qu'aucun élément officiel n'était disponible pour situer le contexte de cette brutale disparition, chacun s'est rué dans les brancards et a trouvé «ses raisons». A lui, naturellement. Exactement comme s'il en savait quelque chose; à la manière du voleur qui crie au voleur. Si bien que pendant qu'officiellement on mettait un dispositif en place pour déterminer les circonstances et les raisons de la mort du juge, ceux qui avaient devancé parce qu'ils en savaient sans doute quelque chose, ont mis en place leur dispositif pour faire semblant de revendiquer justice. Alors qu'en réalité, c'est une manière bien subtile à eux de conditionner l'opinion et faire croire qu'il n'y a qu'eux qui luttent pour son bien-être. La preuve en est que même après les conclusions de l'autopsie du Docteur légiste français, ils ont contesté ces résultats, demandé les vraies raisons et continué de mobiliser les populations dans certaines régions sur la même question. Du coup, on a bien envie de croire que certaines personnes devraient être bien renseignées sur les circonstances et les mobiles de la mort du juge Nébié,mais ne veulent pas parler.

Quand Gérard Kango Ouédraogo est décédé, tous ont accouru à son domicile. Avec une sincérité visiblement débordante pour présenter leurs «condoléances les plus attristées à la famille éplorée» et prié Dieu pour qu'il repose en paix. Alors que derrière cela se trouvait une conquête effrénée du cœur de l'Eléphant pour des raisons qui sont propres aux uns et aux autres. Alors que certains de tous ces gens ont farouchement combattu le «vieux» et l'ont voué aux gémonies au moment où il était sur le terrain politique.

Du même coup, on a envie de se demander si tout cela est sincère. Si c'était vraiment le cas, on aurait aimé. Malheureusement...Malheureusement, et c'est le lieu de le dire, l'expérience et tous les événements douloureux ou heureux, ont montré que c'est au moment où le politicien a besoin du peuple qu'il sait qu'il existe. Le débat sur les questions qui fâchent (article 37, Sénat, référendum) n'est pas encore vidé. Mieux que cela, les élections de 2015 arrivent à grands pas. Si bien que tout est bon pour courtiser le cœur des Burkinabé. Mais de grâce, qu'ils évitent de s'amuser avec notre sérieux. En nous prenant comme de petits enfants qu'il faut flatter avec des bonbons. Dans tous les cas, c'est quand l'occasion sera donnée au peuple pour trancher certaines questions dans les urnes qu'on saura qui est vraiment qui. Ce qui ne devrait plus durer longtemps.

Dabaoué Audrianne KANI

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité