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Visites des politiques chez les coutumiers et religieux: simples consultations ou derniers réglages avant le référendum?
«Les leaders d'opinion, par leur comportement ou position sociale, ont une emprise sur leur entourage et pèsent sur l'opinion des individus». C'est, du moins, ce à quoi se sont attelés à montrer de grands théoriciens de la communication, notamment Paul Félix Lazarsfeld et Elihu Katz.
Pour ces auteurs, l'implication de leaders d'opinion comme partenaires dans la communication permet de donner plus de force et de poids aux messages. Cela semble avoir inspiré les acteurs politiques au «Pays des Hommes intègres».
En effet, depuis la semaine dernière, les leaders des formations politiques du pouvoir et de l'opposition ont entamé des visites auprès des autorités religieuses et des notabilités coutumières du pays.
Du palais royal du Moogho Naaba Baongho, à l'archevêché chez le Cardinal en passant par le siège de la Fédération des églises et missions évangéliques et à la résidence de Feu Oumarou Kanazoé chez les musulmans, c'était un véritable périple contre la montre que les hommes politiques ont entamé pour rencontrer les autorités coutumières et religieuses.
C'est le Front républicain dirigé par Assimi Kouanda du CDP et Hermann Yaméogo de l'UNDD, qui avait donné le top départ de ces visites. Suite à cela, la réaction de l'opposition conduite par le chef de file, Zéphirin Diabré, n'a pas tardé. Accompagné d'autres leaders de l'opposition, il vient, du reste, de boucler le 2 septembre, une série de visites auprès des responsables chrétiens, musulmans et chez le Moogho Naaba. Cette mission avait été au préalable accomplie par la délégation du Front républicain.
Sur l'objet de leurs visites, l'on a affirmé, dans les deux camps (pouvoir et opposition) être venu présenter ses activités à leurs hôtes respectifs et leur demander des conseils, des bénédictions pour la réussite de leurs missions. Mais l'arbre ne doit pas cacher la forêt.
Les raisons officielles annoncées ne sauraient occulter les motifs réels ayant conduit les acteurs politiques chez les leaders d'opinion. Dans la situation nationale marquée par de profondes divergences au sujet du référendum, de la modification de l'article 37 et la mise en place du sénat, chaque protagoniste cherche à faire valoir ses idées et arguments aux populations, potentiels électeurs.
Pour ce faire, les leaders d'opinion constituent des relais incontournables. Dès lors, le passage devant les leaders des communautés musulmane et chrétienne ainsi que des notabilités coutumières se révèle comme un passage obligé. Ainsi, on tente de faire comprendre que l'on bénéficie du soutien du Moogho Naaba, du Cardinal ou du responsable de la communauté musulmane.
Certes, il est difficile de savoir davantage sur le contenu des échanges. Toutefois, on est à même de penser que la démarche des «politiciens» ne rentre pas, loin s'en faut, dans le cadre de simples visites de courtoisie. Ceux-ci (les acteurs politiques) tentent de soigner leur image auprès des leaders d'opinion et, partant, des populations, dans le secret espoir de glaner, en retour, des retombées significatives en termes de visées politiques et politiciennes.
En clair, l'initiative des courtisans inhabituels des notabilités et des leaders d'opinion s'apparente à une précampagne pour ou contre le référendum, principale pomme de discorde entre les protagonistes de la situation.
Saïdou Zoromé