Il faut dire que sous nos tropiques, l'opposition politique et ses excroissances en milieu société civile aiment à faire dans l'amnésie quand les arguments manquent pour parer une situation nouvelle que les vis-à-vis imposent. La preuve, aujourd'hui que Blaise COMPAORE semble prendre une cure de jouvence en parcourant les contrées du Faso à la rencontre des populations, son opposition tire à boulets rouges sur lui au prétexte de l'inopportunité ou de la non justification de ses sorties alors que les mêmes se plaignaient qu'il s'occupait plus de l'extérieur que des choses intérieures du fait de ses multiples médiations et facilitations qui ont apporté la paix dans des pays voisins et au-delà. Que n'a-t-on pas entendu et lu à ce sujet ? On est donc surpris de cette appréciation contraire de l'élan communicationnel que Blaise COMPAORE a imprimé à son action. C'est vrai que dans le contexte actuel, certains voient le diable partout, obnubilés qu'ils sont par leur certitude aveugle que l'heure est venue pour eux d'accéder au pouvoir d'Etat. Car convaincus que le seul obstacle à cette perspective, qui demeure pour eux et qui est Blaise COMPAORE, sera levé. Maintenant que la situation devient autre avec la nouvelle donne politique qui pourrait hypothéquer bien de rêves, il y a de quoi être déboussolé. Mais tout de même, qu'y a-t-il vraiment de mal à ces tournées du chef de l'Etat que beaucoup avaient critiqué d'être éloigné de sa population ? C'est vrai que la période semble gêner certains mais comment celui vers qui tous ont le regard tourné, attendant de lui une décision pour clarifier la situation nationale, peut-il combler cette attente s'il ne va pas à la rencontre de ce grand peuple dont la destinée se joue dans un landernau politique où les acteurs ne s'entendent que sur leurs désaccords, pour quérir ses désidératas ? Car, il faut le dire, tout ce qui se dit et se fait actuellement relativement au débat national portant sur les questions du Sénat et de la modification de la Constitution n'est que vues et options de chapelles politiques qui devraient être proposées au choix du peuple. Quoi donc de plus normal que le premier Magistrat du pays dans ses rencontres avec les populations en parle pour se faire une opinion de leur adhésion à la position de l'un ou l'autre camp en présence !
Ainsi donc, Blaise COMPAORE a décidé de prendre la température à l'intérieur du pays loin des milieux urbains, base des « petits bourgeois intellectuels » contestataires qui ne savent pas qu'à l'intérieur du pays, dans le Burkina profond, les préoccupations des populations sont tout autres et sont souvent loin voire aux antipodes des sujets qui « emballent » les citadins.
La démocratie a cela de charmant que chacun a ses opinions et est libre de les exprimer. C'est pourquoi ceux qui voient autrement les sorties en province du Chef de l'Etat sont dans leur droit d'en dire ce qu'ils veulent mais parallélisme des formes se faisant, pourquoi penser qu'il est en campagne politique alors que les autres leaders de la scène politique ne sont pas cloîtrés à Ouagadougou mais se déploient partout ailleurs dans le pays et même à l'extérieur pour défendre leur chapelle et se donner des chances pour la conquête du pouvoir d'Etat ? C'est bien ce que font actuellement les responsables des partis tels le MPP ou l'UPC dans leurs tournées à l'intérieur du pays ; si ce n'est une campagne déguisée sous le vocable «mise en place des structures» et «rencontre avec les militants» ça n'en est pas loin. Cependant, prenant les œillères qui leur conviennent, certains faiseurs d'opinion dont des acteurs de la presse vont patauger dans la fange de ces hommes politiques de mauvaise foi et pour servir leurs lubies, vont, parlant des tournées du Président du Faso, brocarder la réalité comme la présente ce confrère : «Depuis le début de sa tournée dans les différentes régions du pays, une bonne partie des Burkinabè se demandaient le sens réel de ces rencontres entre le président Blaise Compaoré et les populations. Avec le meeting du samedi 10 mai à Réo dans la région du centre-ouest, cela ne fait plus de doute, le président Blaise Compaoré est déjà en campagne dans le cadre du futur référendum». Des affirmations gratuites qui confortent la vision d'une certaine opposition en retard d'une guerre, qui s'empêtre dans ses inconséquences et veut refuser le droit au Chef de l'Etat de planifier son agenda de rencontres avec les populations comme il l'entend et selon ses disponibilités. En tout cas, Blaise COMPAORE est dans son bon droit et ce ne sont pas les populations qu'il rencontre qui s'en plaindront, elles qui sont du reste enthousiasmées de le recevoir chez elles et il se dit même que les demandes dans ce sens fusent de partout, chaque province voulant voir le président du Faso fouler son sol dans un bref délai. Alors, ceux qui, comme le disait un confrère (parlant des journaux et des journalistes), «se positionnent dans la perspective du changement» dussent-ils en souffrir, le Faso doit continuer d'évoluer et le président en fonction pour rien au monde ne peut bouder le plaisir de rencontrer ses compatriotes à quelques encablures de la fin de son mandat car moins de deux ans c'est vite passé. Où est le mal dans ça ?
Ben Alex BEOGO
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Mesures sociales : Pour le bien être de tous les Burkinabè
Parmi les grands sujets brûlants de l'actualité nationale, il y a la vague des mesures sociales prises par le gouvernement en faveur de toutes les couches socioprofessionnelles du Burkina Faso. Ces mesures, qui paraissent comme une réponse adéquate à la vie chère, sont plutôt perçues par certaines personnes mal intentionnées comme une OPA à l'électorat.
Même si ce n'est pas un satisfecit, ça l'est presque. Revalorisation de la grille indemnitaire, augmentation du montant des bourses universitaires de 20% ainsi que de leur nombre qui passe de 1000 à 2000 par an avec un bonus de 300 bourses réservées aux filles, reconduction des activités de Haute intensité de main d'œuvre (HIMO) qui concerne 83 595 personnes, création de fonds pour le financement des activités du secteur informel et des jeunes diplômés, consultations médicales gratuites pour les personnes de troisième âge, lancement de l'assurance maladie universelle. Il y a également, la mise en place d'un guichet unique de cinq milliards de FCFA pour financer spécifiquement les projets économiques des femmes. Il faut le reconnaitre, c'est un véritable arsenal contre la vie chère avec en sus la consolidation des filets sociaux que le gouvernement a décidé de déployer lors du conseil des ministres extraordinaire du 24 mars 2014.
Ça saute à l'œil, ces mesures de renforcement du pouvoir d'achat ou de l'amélioration des conditions de vie concernent l'ensemble des couches socioprofessionnelles du Burkina. Pendant que nombre de Burkinabè se frottent les mains, des tartufes, eux, grincent des dents et voient en ces prises de mesures, une stratégie pour le pouvoir de gagner la sympathie des populations à une année de l'élection présidentielle. Une telle façon de voir les choses est aux antipodes de la réalité pour ne pas dire qu'il s'agit d'une fausse bagarre. On le sait, l'amélioration des conditions de vie des citoyens est le principal argument de tous ceux qui aspirent au pouvoir. Et la redistribution des fruits de la croissance est la préoccupation majeure de tout gouvernement qui se veut respectueux des populations et entend mériter davantage leurs suffrages. En ce qui concerne le Burkina Faso devenu pays minier, on a eu à entendre maintes fois cette question essentielle : où va l'argent de l'or ? Ceux des Burkinabè qui se posaient cette question alimentée par l'opposition omettaient que les recettes minières ne sont pas une manne financière à répartir arithmétiquement par le nombre de Burkinabè. Contribuant au produit intérieur brut (PIB), il fallait un peu de patience pour que les retombées de l'exploitation de nos ressources minières puissent s'encastrer au niveau macroéconomique avant de pouvoir être profitable à l'ensemble des Burkinabè.
Maintenant que le gouvernement a pu stabiliser les différents indicateurs socioéconomiques, il dispose de moyens adéquats pour améliorer les conditions de vie des Burkinabè. Il vient, en tout cas, de couper l'herbe sous les pieds de ses farouches opposants qui sont maintenant sans arguments et qui se voient obliger d'en faire dans les calomnies. Ceux qui se demandent pourquoi c'est maintenant que ces mesures sociales pleuvent devraient aussi se dire que le pays ne vit pas en autarcie. Il a subi également les conséquences de la récession mondiale. Alors, que les opposants souffrent un peu de ne pas voir le gouvernement aphone et inactif par rapport à l'amélioration des conditions socioéconomiques des Burkinabè parce que la présidentielle est toute proche. N'est-ce pas du reste les promesses électorales du président Blaise COMPAORE qui sont en train de se concrétiser ?
Drissa TRAORE
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Le référendum, la seule solution qui reste
Après les «démonstrations de forces» auxquelles nous avons assisté de la part des protagonistes de la scène politique en rapport avec les questions querellées ouvrant sur celle principale de l'élection présidentielle de 2015, la température est retombée d'un cran. Mais l'accalmie n'aura duré que le temps que les uns et les autres précisent leurs intentions et les actions à mener. Maintenant que se précise le choix légitime du parti au pouvoir et ses alliés d'appeler le Président du Faso à invoquer le référendum pour requérir l'avis du peuple sur la révision de l'Article 37 de la Constitution le front politique s'est réveillé de plus bel et les différentes chapelles sont en mouvement.
« Si tu veux faire quelque chose, ou tu trouves un moyen ou tu trouves des excuses » ; cette citation du karatéka français Emmanuel PINDA résume à elle seule le comportement des politiques burkinabè dans le débat qui se mène présentement et que chacun place sous la perspective de permettre une élection présidentielle de 2015 apaisée. Toutefois, la problématique est différemment appréhendée. Ainsi, si du côté du parti majoritaire et des ses alliés on veut une fois pour toute régler la question principielle de l'article 37 de la Constitution qui demeure une pomme de discorde dans l'appréciation même de sa valeur démocratique, du côté de certains acteurs de l'opposition, le statut quo anté devrait être la règle dans l'observance de cette disposition de la loi fondamentale qui limite les mandats présidentiels et par conséquence ouvre la voie à une transition ou précisément un changement à la tête de l'Etat en 2015. De part et d'autre, les arguments ont été avancés pour justifier de la justesse de sa position sans que l'on se soit réellement écouté d'autant que l'opposition reste arc-boutée sur une option politique que ne défend ni ne protège cette même Constitution qu'elle prétend défendre et qui en son article 165 dit qu'« aucun projet ou proposition de révision de la Constitution n'est recevable lorsqu'il remet en cause :
- la nature et la forme républicaine de l'Etat;
- le système multipartiste;
- l'intégrité du territoire national.
Aucune procédure de révision ne peut être engagée ni poursuivie lorsqu'elle porte atteinte à l'intégrité du territoire ». Ainsi dit, la Constitution spécifie clairement ses dispositions qui ne sont pas susceptibles de modification et précise les conditions auxquelles toute révision des autres dispositions dont justement le fameux article 37 sont assujetties et logées à l'Article 164 qui dit : « Le projet de texte est ensuite soumis au référendum. Il est réputé avoir été adopté dès lors qu'il obtient la majorité des suffrages exprimés.
Le Président du Faso procède alors à sa promulgation dans les conditions fixées par l'article 48 de la présente Constitution ». Alinéa 3 (Loi N° 002/97/ADP du 27 janvier 1997)
Toutefois, le projet de révision est adopté, sans recours au référendum s'il est approuvé à la majorité des trois quarts (3/4) des membres de l'Assemblée nationale ».
C'est donc clair, les partisans de la révision de la Constitution en son article 37 ne sont nullement en porte-à-faux avec cette loi fondamentale. Bien au contraire, c'est par souci de légalisme et de légitimité que, bien que majoritaire au parlement et disposant des pouvoirs à eux conférés au niveau de l'Etat, ceux-ci ont préféré d'abord un large débat sur la question souhaitant certainement l'aboutissement à un consensus des acteurs politiques. Mais comme cela n'a pas été nonobstant une médiation autosaisie menée par l'ancien président de la République Jean-Baptiste OUEDRAOGO et des camardes ayant siégé dans l'ancien Collège de Sages, l'option qui reste en pareil cas pour départager les protagonistes est incontestablement le référendum qui implique largement le peuple, seul juge. Et c'est ce qui est préconisé par le parti majoritaire qui entend demander au Président du Faso, qui en est habilité, de convoquer le corps électoral pour trancher la question à travers les urnes. Encore là, levée de boucliers d'une opposition qui crie à une forfaiture. Les opposants au référendum, qui se disent pourtant démocrates et même majoritaires dans l'opinion publique, ont peur de cet arbitrage du peuple ; un véritable paradoxe. La loi fondamentale ne laissant aucune place à l'ambiguïté sur la question du référendum, aucune parade de l'opposition n'est productive ; aussi certains opposants vont-ils à infantiliser ce peuple qu'ils courtisent lui déniant la capacité de pouvoir choisir ce qui lui convient. Voilà pourquoi ils ne veulent pas entendre parler de référendum. On reste pantois devant cette sortie du professeur Laurent BADO, fondateur du PAREN et ancien candidat à l'élection présidentielle, lors d'une conférence le 17 mai dernier à Ouagadougou : « La démocratie au pays des Hommes intègres est une démocratie gouvernée dans laquelle le citoyen est passif, incapable d'avoir une opinion et des convictions personnelles. Dans une démocratie, tant que le citoyen ne se fait pas une opinion personnelle, tant que le citoyen n'a pas une conviction personnelle, ce n'est pas de la démocratie, c'est une exploitation des citoyens ». Si la démocratie telle que présentée est effectivement une négation même de cette forme de gouvernance, on en voudrait quand même au professeur de ne pas évoluer dans sa perception du peuple burkinabè qu'il traite depuis les années 80 voire avant de « veau de Réo » ; et pourtant ce peuple a vécu maintes expériences politiques et connu une nette avancée en matière d'instruction et de formation. Simple argument pour justifier un échec politique ? Certainement, car Laurent BADO porté à la Présidence du Faso par ce peuple, il chantera sa maturité politique et il en est de même pour tous ces opposants qui aujourd'hui font l'injure à ce peuple burkinabè de lui refuser le référendum au prétexte qu'il ne saura s'en servir selon son intime conviction et pour une vraie expression de la démocratie.
Soyons sérieux ; les positions sur l'article 37 de la Constitution sont inconciliables. Tout bon démocrate consentirait à ce que les voies de cette même Constitution soient explorées pour permettre de sortir de l'ornière pour le bien de notre démocratie et pour la paix sociale. En cela, le Référendum apparaît la voie du salut pour départager les protagonistes. Le peuple est dépositaire du pouvoir et le délègue pour exercice. S'il y a dispute, il est encore le mieux placé pour défendre ses intérêts en répondant aux questions. Toute autre méthode pour l'empêcher de s'exprimer est un acte de défiance, un acte antidémocratique. Allons donc au Référendum !
Ahmed NAZE
Source : L'Opinion N°865 du 21au 27 mai 2014