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Structuration du MPP : Quand Simon balise le terrain dans son quartier natal

| 05.03.2014
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Structuration du MPP : Quand Simon balise le terrain dans son quartier natal
© DR / Autre Presse
Structuration du MPP : Quand Simon balise le terrain dans son quartier natal
Tenace et persévérant, Simon Compaoré l'est. Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, peu importe, il faut lui reconnaître cette qualité. Malgré le poids de l'âge et de son handicap au pied, l'homme reste égal à lui-même. Toujours prêt à descendre sur le terrain de la mobilisation à la recherche de partisans. Nous l'avons encore retrouvé le mardi 11 février 2014 à Gounghin, son quartier natal et de résidence. Un tête-à-tête avec les jeunes. Retour sur deux heures d'horloge d'échanges à bâtons rompus aux allures d'une campagne politique. Presque toutes les questions étaient à l'ordre du jour, même celles qui fâchent.

 

Au menu des échanges ce mardi 11 février entre Simon et les jeunes de son Gounghin natal sur invitation de ces derniers, dit-on : les raisons du départ du trio de tête, les démissions en cascades au sein du CDP, la création et la structuration du MPP, avec une jeunesse martyrisée. On apprend avec l'ex-maire de Ouagadougou que le nombre de démissionnaires du Bureau politique national du CDP a atteint la barre des 150 à ce jour et on ne compte même plus les militants de base. L'explosion du CDP est, dit-il, le simple fait des agissements des actuels ténors du parti. Et là, les récriminations ne manquent pas à l'égard de ses anciens camarades. « Le CDP n'est plus fréquentable et j'ai honte d'appartenir à un tel parti». Assène Simon Compaoré impassible. Sinon pourquoi quelqu'un comme Salif Diallo que vous connaissez bien et qui a été «l'homme de confiance du Président pendant des années. Celui-là même qui exécutait les missions à l'extérieur pour le compte de Blaise Compaoré » a-t-il quitté la barque ? Demande-t-il à l'auditoire.

Un parti gangster !

Avec la nouvelle direction, la solidarité et la cohésion au sein du parti ont été mises à rude épreuve, laissant place à la suspicion, aux intrigues et à la division entre militants. Simon Compaoré en veut pour preuve les cas de Banfora et de l'arrondissement N°4 de Ouagadougou, ex-Nongrmassom. Dans le premier cas, le parti n'avait pu prendre part à l'élection municipale lors des couplées de décembre 2012 du fait des mésententes pour l'établissement des listes électorales et dans le second cas, les élections municipales partielles du 23 février prochain fera la 3e fois que les municipales sont reprises dans cette circonscription. Tous ces problèmes au sein du parti sont dus aux rivalités internes créées par Assimi Kouanda et les siens. Quid de la solidarité. Elle n'est plus à l'ordre du jour. «Pendant notre accident, lorsqu'on nous a évacué en France, les gens venaient de partout nous voir, depuis Ouagadougou, la Belgique, la Suisse, l'Italie, sans oublier les Burkinabè de France. Des responsables de partis politiques comme Me Gilbert Noël Ouédraogo de l'ADF/RDA nous ont rendu visite. Mais dans mon propre parti, les premiers responsables ne m'ont même pas appelé pour prendre de mes nouvelles. Si on ose faire ça à moi qui ai été maire pendant 18 ans, ce n'est pas aux militants de base qu'on ne le ferait pas », martèle-t-il. Mais tout cela n'est rien, comparé au « gangstérisme » qui prévaut actuellement au CDP et qui a pris le pas sur les valeurs républicaines, affirme Simon sous un tonnerre d'applaudissements. Là également, les exemples sont légion. Dans l'arrondissement N°5, quartier natal d'Assimi Kouanda, le CDP a été battu par l'UPC lors des élections couplées. « Si c'était moi, je démissionnais. Imaginez qu'on me batte à Gounghin ici, je n'ai plus qu'à me cacher ». Mais au lieu de cela, poursuit-il, «ils ont préféré acheter la voix d'un conseiller de l'UPC et Assimi a placé un de ses neveux comme maire. C'est du vol. Le parti présidentiel doit donner l'exemple en respectant les règles du jeu. Il n'y a donc aucune fierté à rester là-bas encore ».

Le temps des fossiles

Autre sujet de récrimination, les velléités de mise en œuvre du Sénat et de révision de l'article 37 aux forceps malgré le rejet de la grande majorité des populations, particulièrement la jeunesse. Ici, Simon se sert d'anecdotes et de proverbes. « C'est comme de la nivaquine que tu veux donner à un enfant. Comme tu sais qu'il va refuser alors tu l'enfonces dans du tô pour le lui donner. Mais comme l'enfant a été vigilant et a su que le tô contenait de la nivaquine, il a refusé de manger. Est-ce qu'il faut forcer ?». « Non........ ! » Reprend la foule. Mais la direction du CDP veut forcer les choses. Le Sénat était en fait un maquillage pour parvenir à la modification de l'article 37 par voie parlementaire. Affirme-t-il sans ambages. Avec la pression de la rue, le Secrétariat exécutif national du CDP, poursuit-il, est allé voir, non pas avec les mains vides, des responsables de partis tels que Herman Yaméogo, Ram Ouédraogo, Soumane Touré, Alain Zoubga, Maxime Kaboré, Nayabtigungou Congo Kaboré, que l'ex-maire qualifie de fossiles, pour mettre en branle un projet de Front républicain. Le SEN aurait ainsi agi sans tenir informer le BPN. Et de dire que c'est la FEDAP/BC qui est aux avant- postes de tous ces projets. « Comment une association va être le moteur de l'histoire et le parti, la queue ? On a vu cela où ?». S'indigne le désormais 2e vice-président du MPP qui compare la situation actuelle à celle d'un véhicule qui rencontre un obstacle. Le bon sens commande au chauffeur de faire marche arrière au risque d'avoir un accident mortel. Et c'est cela qu'il faut éviter à tout prix, laisse-t-il entendre lorsqu'il interroge la jeunesse : « Avez-vous oublié la crise de 2011 ?... Si vous avez oublié moi je ne l'ai pas oubliée... ».

Simon, prêt à répondre devant les tribunaux

La rencontre visait aussi à baliser le terrain dans la perspective de mise en place des structures de base du MPP. L'orientation social-démocrate du parti a été brossée à l'occasion, en attendant que des conférences sur son programme et son alternative soient organisées en direction des jeunes, après la tenue du premier congrès ordinaire prévu pour le mois de mars 2014. A-t-on appris. A ce sujet, « nous voulons des militants engagés et convaincus et non des courtisans ». Dira le 2e vice-président du MPP. D'autres partis vont rejoindre le MPP pour ce congrès, a-t-il laissé entendre. Faisant part de leurs préoccupations, notamment leur souhait que cessent dans le quartier, avec le nouveau parti, certaines pratiques aux relents d'exclusion, du temps où l'ancien locataire de l'hôtel de ville était encore aux affaires, un jeune a prévenu : «Si nous devons suivre le parti, il faut que certaines choses qui se sont produites dans le passé cessent. Parce que même si on dit que Simon bouffe, il travaille et nous on aime des gens comme ça ». Il n'en fallait pas plus pour que Simon sorte de ses gonds pour clarifier la situation. L'affaire de la réfection de la mairie à hauteur d'un milliard de Franc CFA que la Cour des comptes avait épinglée dans son rapport en 2008 s'invite dans les explications. « Le maire n'a bouffé aucun rond, ni commis aucune malversation ». La preuve, « je n'ai aucun centimètre carré à Ouaga 2000 », a tenu à clarifier l'ex-maire avant tout débat. Du reste, il se dit disposé à passer devant les tribunaux pour mettre les choses au point. Il n'a donc aucune crainte à ce niveau. Revenant sur la structuration du MPP, le maire a fait savoir que des points focaux sont en place dans différents arrondissements et quartiers de Ouagadougou. Les autres localités du pays sont aussi parcourues pour des prospections en vue de tout peaufiner pour le premier congrès ordinaire.

PAR RODRIGUE ARNAUD TAGNAN

reporterbf

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