Situation nationale : Soumane Touré sort du bois et crache sa vérité

| 14.06.2015
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Situation nationale : Soumane Touré sort du bois et crache sa vérité
© DR / Autre Presse
Situation nationale : Soumane Touré sort du bois et crache sa vérité
Absent de la scène politique nationale depuis quelques temps, Soumane Touré, avec son Parti Indépendant pour le travail et la Justice (PITJ), refont surface. Le Secrétaire général du doyen des partis politiques burkinabè a rompu le silence ce vendredi 12 juin 2015 au cours d'une conférence de presse qu'il a tenue en guise de rentrée politique et, où il a donné sa lecture de la situation nationale.


Il aura brillé par son silence dans les événements qui ont marqué l'histoire politique récente du Burkina Faso. Toutefois, ceci n'a guère entamé la virulence et la pugnacité de ce vieux briscard de la scène politique. Soumane Touré, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a effectué une sortie pour le moins fracassante, ce vendredi 12 juin 2015. Face aux journalistes, le secrétaire général du PITJ a déclaré d'emblée que la constitution du 2 juin 1991 est malmenée et bafouée par des coups d'Etat civilo-militaire depuis l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Dans un discours fleuve, à forte dose de cours d'histoire, Soumane Touré a fustigé la faillite de la classe politique ayant favorisé l'émergence d'une « société civile pléthorique et corrompue ».

Sur ce point, le dirigeant du PITJ a fait remarquer que les partis ou formations politiques qui peuplent la scène politique manquent de fondement idéologique et d'une ligne politique claire et ne se sont en rien préoccupés par une réelle démocratisation. Conséquence, lors de la démission de Blaise Compaoré, c'est la société civile, dans une confusion de genre et de rôle, qui s'est hissé au pouvoir. Pourtant, la société civile, dont le nombre a explosé en 2014, et après l'insurrection populaire, « s'avère complètement corrompue, alors qu'on a voulu la présenter comme étant plus sérieuse, plus efficace et plus propre que la politique ».

En sus, Monsieur Touré soutient que l'insurrection des 30 et 31 octobre 2014 a été trahie. Selon lui, quoique Blaise Compaoré ait bafoué la Constitution burkinabé pendant tout son règne, il a été à la hauteur de sa fonction de Président du Faso lors de sa démission en ordonnant la mise en œuvre de l'article 43 de la constitution pour respecter celle-ci et satisfaire ainsi la volonté des insurgés.

« C'est pourquoi le PITJ soutient que l'insurrection des 30 et 31 octobre 2014 a été trahie, dès lors qu'il s'est trouvé des gens et des organisations qui se sont mis à chercher entre les mains de qui remettre le pouvoir après la démission de Blaise Compaoré », explique-t-il.

L'armée, accusée d'être responsable du déraillement du processus démocratique

Mais de l'avis du candidat malheureux à la présidentielle de 2005, il n'y a pas que les partis politiques et la société civile seuls qui sont responsables du déraillement du processus démocratique. Selon lui, l'armée et les forces de sécurité sont à la base de la situation confuse et périlleuse dans laquelle est plongé le Burkina, pour avoir décidé de désobéir au dernier ordre du président de mettre en œuvre l'article 43 qui stipule en son premier alinéa qu'« En cas de vacance de la Présidence du Faso pour quelque cause que ce soit, ou d'empêchement absolu ou définitif constaté par le Conseil constitutionnel saisi par le Gouvernement, les fonctions du Président du Faso sont exercées par le Président du Sénat. Il est procédé à l'élection d'un nouveau président pour une nouvelle période de cinq ans ». L'armée et les forces de sécurité, en désobéissant cet ordre de l'ex président démissionnaire Blaise Compaoré, ont perpétré un coup d'Etat, a-t-il poursuivi.

S'exprimant sur le nouveau code électoral, Soumane Touré trouve que l'introduction des candidatures indépendantes à tous les niveaux des consultations électorales est contraire à la Constitution et ne constitue qu'une façon pour satisfaire la société civile et avoir sa complicité. De même, il constate que la disposition qui tend à exclure des scrutins à venir tous ceux qui ont soutenu la modification de la Constitution est inutile, parce que dans l'ancien code, aux conditions d'inéligibilité figurent ceux qui ont perdu leurs droits civiques. « La nouvelle disposition est contraire à la constitution parce que nul ne peut encourir une peine sans avoir au préalable bénéficié d'un jugement équitable », argumente-t-il. Et de s'interroger « sur quelle base donc, en partant d'une formulation aussi vague, le juge constitutionnel pourra-t-il valider ou invalider une candidature, et quels sont ceux qui peuvent introduire un recours ? ».

Le général Pegdnoma Zagré, sommé d'exécuter le dernier ordre de Blaise Compaoré

Avant de terminer, Soumane Touré a proposé des mesures de rétablissement de l'ordre constitutionnel où il appelle le chef d'Etat-major général des armées, le Général Pegdnoma Zagré, à rappeler à la caserne tous les militaires et les forces de sécurité, afin de rétablir la hiérarchie et la discipline, à exiger que l'armée et les forces de sécurité obtempèrent et exécutent le dernier ordre conforme à la constitution que Blaise Compaoré à donné, c'est-à-dire, la mise en application de l'article 43, et prêter son concours pour la mise en place du Sénat, dont le président est le seul autorisé par la Constitution à porter le titre du Président du Faso. Refusant de reconnaitre la transition, tous ses actes et tous ses organes, Soumane Touré appelle l'armée et les forces de sécurité à prêter leurs concours à un nouveau gouvernement de transition qui sera ainsi installé pour ouvrir et engager les poursuites contre les crimes de sang, les crimes économiques et les crimes politiques, dans le respect des procédures et du droit. Il appelle également à la dissolution de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et, sa reconstruction suivant les bases consensuelles dégagées lors des assises nationales sur les réformes politiques.

En récusant le pouvoir de la transition actuelle, Soumane Touré et son parti disent ne pas être partants pour les scrutins qui seront organisés par la transition et ne reconnaitront par les autorités qui seront élues. Faut-il passer à une cinquième République ? « Ce n'est pas le moment d'adopter une nouvelle constitution », dira-t-il.

Max Junior

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