Après les évènements douloureux de fin octobre 2014 qui ont vu la chute du pouvoir géré par le parti majoritaire, le CDP et ses alliés, les acteurs de ce dénouement violent d'un différend politique ne pouvaient s'imaginer un instant que leur victoire soit feu de paille tant on restait convaincu qu'il en était fini de l'ordre ancien et que ses animateurs se fondraient dans les méandres de l'histoire. Ainsi, le discours ambiant dans les médias et les réseaux sociaux d'une rare violence et d'une haine indicible était au désaveu du CDP et ses alliés dont notamment l'ADF/RDA et le regroupement de partis politiques du Front républicain. Les responsables de ces différents partis dans une attitude de contrition pour ce qu'ils reconnaissent leur part de responsabilité dans le drame qui est survenu dans le pays, se sont abstenus de tout comportement et de toute activité pouvant être mal perçus et envenimer une situation déjà délétère et précaire. Il fallait donc laisser passer la tempête en s'imposant une longue période d'inactivité. Toute chose qui a permis aux partis qui ont orchestré et fomenté les évènements d'octobre d'occuper le terrain. Ceux-ci ont eu le temps de se « partager la dépouille », formule par laquelle Luc Marius IBRIGA a désigné les résultats des évènements d'octobre, avec la revendication d'abord par Salif DIALLO du « lourd tribut » que son parti le Mouvement du Peuple et le Progrès (MPP) aurait payé avec la mort de 17 de ses militants, bilan immédiatement contesté par Zéphirin DIABRE de l'UPC et les autres leaders qui n'entendaient pas se contenter du menu fretin, puis la foire d'empoignes au sein des partis de l'ex-CFOP et des OSC pour le partage des sièges au CNT. Malgré l'esprit d'inclusion prôné, il faut dire que l'objectif affiché était clairement d'affaiblir au maximum le CDP pour, à défaut de pouvoir le faire disparaître, l'empêcher de représenter une force significative dans le paysage politique. D'où les manœuvres tendant au débauchage des militants, avec une débauche d'énergie et de moyens par des partis comme le MPP de Roch Marc Christian KABORE et même le Faso Autrement de Ablassé OUEDRAOGO pour occuper les espaces qui auraient été libérés du fait du silence imposé au CDP et à ses alliés. Evidemment, dans le malaise qu'il traverse, l'ex-parti majoritaire connaîtra des défections, le contraire aurait été miracle, des militants se sentant un destin national ont lancé des formations politiques comme la Nouvelle Alliance du Faso (NAFA) dont l'ex-général de gendarmerie Djibrill Yipéné BASSOLE est le leader officieux, Union pour un Burkina Nouveau (UBN), piloté par l'ex-ministre des Sports et Loisirs Yacouba OUEDRAOGO. Toutefois, ces actions ne feront pas s'effondrer le parti qui a porté le pouvoir de Blaise COMPAORE mais seront comme le ferment qui va fouetter l'orgueil des vrais militants qui vont sonner le cor du rassemblement pour un nouveau départ. Et l'olifant semble avoir été entendu même dans les coins les plus reculés du Faso avec ces militants, qui n'ont plus peur de s'exprimer, qui se réorganisent au grand dam de ceux qui pensaient faire la danse du scalp à la sioux sur la dépouille de leur parti.
Le CDP, comme l'enfant prodige !
Ainsi donc, tel le sphinx le CDP renaît de ses cendres. Depuis quelques semaines, la formation politique fondée sous l'instigation de Blaise COMPAORE et qui incontestablement a été l'école des figures phares de la scène politique burkinabè, a refait peau neuve gardant malgré tout les attributs de sa puissance. Le martyre à lui imposé depuis les évènements dramatiques des 30 et 31 octobre 2014, n'ont pas eu raison de l'engagement et de la ténacité de la majorité des militants. C'est d'ailleurs pourquoi le parti a accueilli et vécu sa suspension arbitraire le 15 décembre 2014 avec philosophie et à présent, c'est ceux qui avaient poussé le ministre en charge de l'Administration territoriale, le Colonel A Denise BARRY, à cette extrémité au début du pouvoir de transition, en violation de la Constitution et de la Charte, de regretter amèrement la décision du Président du Faso Michel KAFANDO de lever la mesure dans son adresse du 31 décembre 2014. Si cette levée de suspension corrige une bourde des autorités de la Transition, elle n'est certainement pas pour faciliter les choses chez ceux à qui le crime profitait. En effet, le retour du CDP sur la scène politique change fondamentalement la donne. Le Directoire conduit par Léonce KONE est à la tâche et fait du bon travail. Lentement mais sûrement, le parti de l'épi et de la daba sème la bonne graine partout au Burkina. Toutes les structures du parti sont désormais en mouvement et le potentiel s'exprime visiblement. Il ne reste plus que la désignation du candidat du parti à l'élection présidentielle pour que les militants CDP reprennent par les urnes ce qu'on leur a arraché par la force. Une perspective qui donne naturellement des insomnies à leurs adversaires. A défaut de pouvoir le contrer sur le terrain des idées et de l'argumentaire politique, les OSC politisées tentent d'affaiblir le parti par des arguties. Ces appendices de certains partis politiques ne ménagent aucun effort pour porter des coups au CDP même s'il faut enfreindre les règles de Droit. Depuis plusieurs semaines, Luc Marius IBRIGA, Guy Hervé KAM, Rassabléga Seydou OUEDRAOGO et autres animateurs de ces OSC chantent à tue-tête de frapper d'inéligibilité ceux qui ont soutenu la modification de l'Article 37 de la Constitution. Un acte qui selon eux serait conforme à la charte africaine de la démocratie. Comme leur lecture des évènements est sélective, ils oublient d'ajouter sur leur liste noire, un certain Roch Marc Christian KABORE, un Simon COMPAORE et autres dirigeants du MPP, du reste initiateurs de ce projet, qui ont prêché la même parole du temps de leur magistère et militantisme dans le parti majoritaire. Les Burkinabè sont mémoratifs de la fameuse fatwa : « la limitation du mandat présidentiel est antidémocratique » et de qui elle provient. En tout cas pas de Assimi KOUANDA, le SEN du CDP !
Pour tout dire, le CDP fait peur et la plus grande démonstration de cette peur s'est manifestée avec un Marcel TANKOANO du M21 qui a de la peine à se contenir et qui exige des autorités de la Transition l'exclusion pure et simple des principaux responsables du CDP et des autres partis alliés du jeu politique et notamment des élections à venir. Lors d'un point de presse, il a énuméré des personnalités dont l'ex-Président du Faso, Blaise COMPAORE, le secrétaire exécutif national du CDP, Assimi KOUANDA, le président de l'ADF-RDA, Gilbert Noël OUEDRAOGO, qu'il a jugées et frappées d'indignité politique. De telles inepties sont l'expression de la peur mais surtout d'une incurie politique. Pouvait-il en être autrement quand on sait que de tels individus ont été abreuvés de discours haineux et sont le bras armé de politiciens décadents en quête d'une nouvelle virginité ?
Ahmed NAZE