Situation nationale : Dans l’attente du référendum…

| 21.07.2014
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Situation nationale : Dans l’attente du référendum…
© DR / Autre Presse
Situation nationale : Dans l’attente du référendum…
Depuis le temps que les pro et anti Sénat, référendum et modification de l'article 37 se battent pour faire prévaloir leurs points de vue, il est plus que temps que le pays sorte de cette situation de ni paix ni guerre.

Si dans l'ensemble les manifestations des différents camps se sont passées sans grand dommage, force est de constater que les récentes à Bobo-Dioulasso pouvaient donner lieu à plus de dégâts.

En effet, malgré l'interdiction de la marche-meeting du « Balai citoyen » par l'autorité administrative en l'occurrence, le maire Salia Sanou, les initiateurs de la manifestation ont décidé de passer outre. Et lorsque l'on sait que c'est une structure comme tant d'autres qui n'ont aucune existence légale, le pire pouvait arriver n'eût été le professionnalisme des forces de l'ordre qui ont su disperser les manifestants sans tomber dans une répression aveugle et barbare.

Au même moment à Ouagadougou dans la capitale, l'affrontement avait pu être évité entre les forces de maintien de l'ordre et une autre structure qui elle aussi, n'a aucune existence légale et n'avait pas d'autorisation pour occuper la place de la nation. La sagesse a prévalu à Ouagadougou de la part des manifestants après explications de la gendarmerie nationale de l'illégalité de la manifestation projetée.

Si la même sagesse avait prévalu à Bobo-Dioulasso, certains n'allaient pas, après coup, exhiber des blessures et même parler de mort de bébé occasionnée (information fausse et vite démentie par les organisateurs eux-mêmes) par des éléments de la compagnie républicaine de sécurité dans leur course-poursuite avec les manifestants.

S'agissant du cas de Bobo-Dioulasso, il y a des personnes qui souhaiteraient, sans nul doute, qu'il y ait des victimes et plus de victimes pour des fins d'exploitation politique. Car il est évident que des gens travaillent dans l'ombre à réunir les conditions d'un soulèvement populaire. Il suffit pour s'en convaincre de repenser à toutes ces banderoles politiques sorties, on ne sait d'où et préparées quand et par qui à l'occasion de l'inhumation du juge Nébié.

Sur les réseaux sociaux, des individus appellent ouvertement ou de façon voilée au renversement du pouvoir en place par la rue. Ce qu'ils ignorent peut-être c'est que le pouvoir de la rue ou par la rue instaure un gouvernement de la rue. Et les nouveaux maîtres une fois au pouvoir ont tout le mal du monde à recoller les morceaux.

De la Libye eb à l'Iraq, en passant par la Syrie, les exemples sont nombreux en Afrique et ailleurs où la démocratie et l'ordre sont difficiles à restaurer. Voilà pourquoi quelles que soient les motivations des uns et des autres, il faut savoir raison garder en inscrivant chaque action dans le sens de la préservation de l'intérêt général.

S'en tenir aux textes et rien qu'aux textes

Si l'alternance politique est inévitable dans toute société démocratique, il est clair qu'elle ne se décrète pas et ne s'impose pas aux citoyens. L'alternance est le fruit d'un travail abattu par l'opposition politique sur la base d'un programme de société qui rencontre l'assentiment des populations dans leur grande majorité. Si Blaise Compaoré est au pouvoir depuis un certain temps c'est que ses opposants n'arrivent pas à le battre démocratiquement dans les urnes.

C'est pourquoi, il ne doivent s'en prendre qu'à eux-mêmes car ils sont en déphasage avec les Burkinabnè qui ont peu confiance en eux dans leur grande majorité. Qu'on ne cherche donc pas des faux-fuyants pour expliquer l'incapacité de l'opposition burkinabè à être une force de proposition à même d'avoir l'adhésion des Burkinabè. Sinon les textes sont assez clairs sur les problèmes querellés de l'heure.

Le Sénat est constitutionalisé et il faut le mettre en place. L'article 37 de la Constitution ne fait pas partie des dispositions non-modifiables tandis que l'appel au référendum est un droit constitutionnel sinon même un privilège pour le président du Faso parce qu'il est le seul à pouvoir le mettre en œuvre.

Quant à savoir si la question est d'intérêt national, nous disons qu'en dehors de toute définition expresse de cette notion, souffrons logiquement que la personne qui jouit de ce droit soit d'une part la mieux habilitée à juger aussi de la portée de sa mise en œuvre. D'autre part, le fait que cette question de modification de l'article 37 divise profondément les Burkinabè prouve, si besoin en était encore, qu'il s'agit bel et bien d'une question d'intérêt national.

Et il n'appartient pas au président du Faso de prendre position pour l'un ou l'autre camp. Surtout que chacun prétend avoir le peuple avec lui. Alors on en revient encore au référendum qui tranchera et fixera les uns et les autres sur la volonté du peuple électeur convoqué. Dès lors, la solution sera trouvée dans le respect des textes qui gouvernent la République.

Vainqueurs et vaincus à la consultation populaire sans esprit revanchard respecteront le verdict des urnes et l'honneur de chaque camp sera sauf. Toute autre voie est incertaine et dangereuse pour la préservation de la paix sociale.

Il est même temps que le pays sorte de cette situation de ni paix ni guerre car les positions sont de plus en plus tranchées et radicales et personne ne sait à quel moment ni comment peuvent survenir des dérapages de tous ordres préjudiciables à la cohésion et à la paix nationale.

L'opposition politique dite radicale dont certains de ses ténors dont Roch Marc Christian Kaboré reconnaissent que le problème n'est pas juridique. Ils doivent plutôt travailler à avoir des garanties d'un scrutin crédible et trans

parent et convaincre les Burkinabè que l'heure du changement a effectivement sonné comme elle le clame. Mais le changement par les urnes et non par la rue.

Angelin DABIRE

Par : L'Hebdomadaire du Burkina N°790 du 18 au 24 Juillet 2014

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