Situation nationale : ADO peut-il sauver Blaise ?

| 06.03.2014
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Situation nationale : ADO peut-il sauver Blaise ?
© DR / Autre Presse
Situation nationale : ADO peut-il sauver Blaise ?
Le président du Faso, Blaise Compaoré, a affectué un aller-retour à Abidjan, le mardi 4 mars 2014. Officiellement, ce déplacement sur les bords de la lagune Ebrié s'inscrit dans le cadre d'une visite d'amitié et de travail. Le chef de l'Etat burkinabè et son homologue ivoirien, Alassane Ouattara, devaient échanger sur la coopération bilatérale, la situation malienne et la sécurité dans la bande sahélo-saharienne. Et pas que.

Le locataire de Kosyam est aussi allé en Côte d'Ivoire en voisin compatissant, après l'opération chirurgicale de la sciatique d'Alassane Ouattara, rentré au pays dimanche dernier au terme d'un mois de convalescence en France. Donc en plus du travail, cette visite est aussi celle d'un ami venu s'enquérir de l'état de santé et obtenir l'assurance présidentielle sur la forme d'un illustre voisin qu'on dit excellente.

Mais sans doute l'actualité dans les deux pays s'est invitée dans l'aparté que les deux hommes ont eu.

Surtout que chez le «Boyordjan» le ciel n'est pas assez serein.

En effet, le Burkina Faso est suspendu depuis quelques mois à la question de la candidature de Blaise Compaoré en 2015 avec la volonté affichée par ses partisans de lever le verrou de la clause limitative du nombre de mandats présidentiels. Mais les adversaires du pouvoir entendent les en empêcher en mettant tout en œuvre pour que l'article 37 ne soit pas modifié.

Et comme si les dieux de la politique s'acharnaient sur l'hôte de Kosyam, trois de ses grands collaborateurs ont récemment quitté le navire présidentiel pour aller communier avec cette opposition dans le tout sauf Blaise en 2015.

Alassane Ouattara avait du reste dépêché un commando, composé du président de l'Assemblée nationale, Guillaume Soro ; du ministre de l'Intérieur, Ahmed Bakayogo et conseiller spécial chargé des affaires diplomatiques de la présidence ivoirienne, et de son frère Ibrahim Ouattara, surnommé Photocopie (du fait de sa ressemblance avec ADO, son frère), à Ouagadougou pour apporter un «fort soutien» à Compaoré et entreprendre des démarches auprès des célèbres démissionnaires pour qu'ils regagnent le giron présidentiel. Sans grand succès. En tout cas jusque-là. Au contraire, cette intrusion de Soro et de sa délégation dans une cuisine interne n'a pas été du goût de certaines personnalités.

Lors de leur entretien à la résidence de Cocody, Blaise et ADO ont sans doute échangé sur les questions brûlantes de l'heure à Ouagadougou. « L'enfant terrible » de Ziniaré est-il allé solliciter l'entregent du natif de Dimbokro, qui lui est en quelque sorte redevable ? En effet, c'est un truisme d'affirmer que le Blaiso national, comme l'appellent ses supporters, a joué un rôle déterminant, en sa qualité de médiateur, dans la résolution de la crise ivoirienne. Il a même été suspecté de rouler pour l'ex-gouverneur de la BCEAO. Mais ce serait un drôle de bégaiement de l'histoire si aujourd'hui le chef de l'Etat ivoirien devait arbitrer un conflit interne au pays des «Hommes intègres».

Au regard de la volonté de plus en plus affichée du parti au pouvoir d'offrir un cinquième mandat à son champion, nous avions, dans un de nos éditions, tiré la sonnette d'alarme : A ce petit jeu, c'est le grand médiateur qui risque d'avoir besoin à son tour d'un médiateur.

A supposer qu'ADO veuille s'impliquer pour apporter sa solution, que pourrait-il bien faire, surtout que la fracture est immense et les positions tranchées entre les deux camps ?

Rarement en effet, Roch, Salif et Simon avaient été aussi virulents que lors du meeting de leur parti, le MPP, à Bobo-Dioulasso, envers le CDP. Le conflit est ouvert entre Blaise et ses anciens camarades et la médiation interne de Jean-Baptiste Ouédraogo a pris du plomb dans l'aile, chose qui rend difficile une entreprise de rapprochement entre les parties.

On ne cessera de le dire, même au risque de ne pas être compris par tous ceux qui poussent l'idée de la modification de l'article 37, la politique, c'est comme le sport : il faut savoir partir au moment où on est adulé pour éviter de s'en aller la tête basse, sous les huées.

Adama Ouédraogo

Damiss

(1) Terme naguère usité en Côte d'Ivoire pour désigner les étrangers

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