« Le Pays » : Quel est l'état des lieux des préparatifs à quelques jours de l'ouverture du premier congrès du MPP ?
Siméon Sawadogo : Je peux vous affirmer qu'à l'heure actuelle, nous pensons pouvoir être fin prêts pour le début des travaux du congrès. Nous avons dans le fond, une structuration organisationnelle qui comprend une coordination, un comité thème et le comité national d'organisation qui est chargé de l'organisation matérielle du congrès que j'ai l'honneur de présider. Nous avons déjà identifié des sites qui vont permettre d'abriter les congressistes et les plénières du congrès, notamment la Maison du peuple. Nous avons également identifié les sites qui abriteront les trois commissions de travail qui vont se réaliser. Ce sont le Conseil burkinabè des chargeurs (CBC), le Centre cardinal Paul Zoungrana et la Maison du peuple. De façon transitoire, une commission travaillera au SIAO avant la Maison du peuple. Sur le plan de la restauration, un grand travail a été fait par de braves femmes avec des prestataires de service. Nous pensons que les congressistes pourront voyager normalement, se restaurer et participer de façon commode aux travaux.
Sur le report du congrès initialement prévu au Palais des sports de Ouaga 2000, il y a eu une grande polémique ; que s'est-il réellement passé ?
Au niveau du MPP, nous avons souhaité ne pas entretenir la polémique autour de ce que l'on peut appeler un incident. C'est vrai que nous avons des contraintes à l'heure actuelle avec la Maison du peuple qui ne peut contenir que 2800 ou 2900 personnes, ce qui fait que nous sommes obligés de trouver d'autres endroits pour abriter d'autres personnes. Alors que les congressistes à eux seuls font 3500, et il y aura pratiquement près de 5000 personnes, y compris les congressistes. Cela veut dire que la Maison du peuple demeure relativement réduite pour nos ambitions. C'est pour cela que nous avons demandé le Palais des sports. Nous considérons que c'est un incident qui est passé et l'histoire retiendra, un point, un trait.
Expliquez-nous davantage ce qui s'est passé au juste, pour que votre demande du Palais des sports de Ouaga 2000 n'ait pas reçu une réponse favorable ?
Ce qui s'est passé est que nous avons fait une demande en bonne et due forme que nous avons déposée auprès de la structure chargée de la gestion du Palais des sports. Nous avons eu une réponse et à un moment donné, nous avons été informés que le Palais des sports était occupé pour une activité, ce jour-là. C'est moi-même qui suis allé déposer la demande, donc je sais de quoi je parle. Nous avons voulu payer, mais comme on a dit que c'est occupé, nous avons décidé d'aller chercher ailleurs. Nous avons alors demandé la Maison du peuple et elle nous a été accordée. Nous n'avons pas cherché à savoir ce qui se passe autour de cela parce que nous sommes des républicains. Nous ne pensons pas a priori que l'on nous a refusé le Palais des sports parce que c'est le MPP. Nous pensons effectivement que c'est parce qu'il y a eu occupation. Dans le cas contraire, comme je l'ai dit, l'histoire retiendra.
Certains estiment que le choix du Palais des sports par le MPP pour abriter son premier congrès n'était pas fortuit car ce lieu est proche d'un autre palais, celui de Kosyam. Est-ce que le premier choix du Palais des sports ne se voulait pas, avant tout, symbolique ?
Un choix symbolique, pourquoi ? Nous avions besoin d'un endroit qui pourrait abriter nos congressistes. Nous avons, imaginez-vous, près de 3500 personnes et à la Maison du peuple, ce n'est pas tenable. Vous n'avez pas un autre endroit à Ouagadougou pour ce genre de travaux, si ce n'est vraiment le Palais des Sports qui peut contenir plus de 5 000 personnes. C'est dans cette intention que nous avons demandé le Palais des sports. En clair, ce n'est pas une intention particulière qui nous a amenés à faire cette requête. Non, non et non.
Quelle est l'importance particulière que revêt, pour vous, ce premier congrès de votre parti ?
Si vous vous référez au thème de ce premier congrès à savoir « Ecrire une nouvelle page de l'histoire de notre pays en consolidant l'implantation de notre parti au sein du peuple pour l'alternance démocratique en 2015 », vous comprendrez qu'il traduit l'expression réelle de notre volonté. Un premier congrès repose d'abord sur la construction du parti. A travers le thème retenu, vous percevrez qu'il y a une volonté d'écrire une nouvelle page de l'histoire de notre pays. Cela est un élément important. Il y a aussi une volonté de travailler à ce que nous soyons présents avec le peuple. C'est cela le MPP. C'est un mouvement du peuple. A partir du moment où c'est le peuple lui-même qui écrit l'histoire et que le parti est implanté au sein du peuple, nous allons vers le changement nécessaire pour atteindre ces objectifs, vers une alternance en 2015. Donc, nous allons sonner le rassemblement autour du MPP et ce rassemblement favorisera l'atteinte des objectifs du parti.
Quels seront les temps forts du congrès ?
Pour un premier congrès, l'élément le plus important, c'est le programme que le MPP proposera au peuple. Depuis longtemps, nous sommes en train de travailler sur cela. Il y a une commission spéciale qui est en train de travailler sur le programme du parti et jusqu'à présent, il y a de petites retouches qui sont en train d'être faites, mais nous savons qu'il y a un très grand travail qui est fait et que les congressistes auront l'occasion, dans une des commissions, de travailler longuement avec de grands intellectuels, avec les acteurs du monde rural, les élèves et étudiants, bref, avec tout le peuple entier sur ce programme de société qui va embrasser l'ensemble des domaines de développement de notre pays. Il y a ensuite un autre élément important, la structuration du parti qui est tout nouveau. Il y a une commission spéciale qui est en train de travailler pour les statuts et règlement intérieur. Cela va nous permettre de nous organiser pour être disponibles auprès du peuple, être présents dans les derniers villages et hameaux du pays. Une troisième commission travaillera sur la stratégie d'implantation du parti au sein du peuple. Voilà les temps forts du congrès. Au total, le congrès a pour objectif d'examiner les 3 grands points : le programme, les statuts et règlement intérieur et la stratégie d'implantation du parti au sein du peuple.
Le programme de société du MPP sera-t-il rendu public à l'issue du congrès ?
Les congressistes auront droit au projet de programme qui est en train d'être élaboré par la commission chargée de la question. Tous les congressistes auront droit au document y relatif. On fera l'effort pour que par région ou province, il y ait au moins des documents du projet de programme pour l'ensemble. En clair, il y aura des documents avant le congrès sur le programme, afin de permettre aux participants de réfléchir à la maison pour pouvoir faire des propositions d'amendement. Pour revenir à votre question, comptez sur nous, nous avons le devoir de communiquer et d'informer le peuple de la manière dont nous voulons travailler pour son développement. Si vous êtes un parti politique, vous aspirez à gouverner ; donc nous avons le devoir de travailler à ce que ce programme soit disponible et je préfère ne pas en dévoiler les stratégies. Mais rassurez-vous, vous serez informés en temps opportun.
Ce congrès se tient dans un contexte socio-politique toujours marqué par des questions qui divisent la classe politique. Ces questions ne vont-elles pas s'inviter au débat ?
Ce congrès n'entame en rien nos positions connues sur les grandes questions au niveau national que ce soit le sénat, le référendum, ou l'article 37. Nos positions sont connues et restent les mêmes. L'objectif du congrès n'est pas de revenir sur ces positions. C'est un congrès constitutif qui va certainement renforcer et réaffirmer les positions que nous avons. Nous sommes des démocrates patriotes et nous travaillons pour que le parti participe à la construction d'un pays où tout le monde pourra vivre et se développer. En réalité, nous travaillons pour que le Burkina Faso puisse se développer dans un contexte où chacun, quel qu'il soit, quel que soit ce qu'il fait, puisse être utile et participer à cette construction.
Qui sont les participants et invités attendus au congrès qui se profile à l'horizon ?
Les participants viendront essentiellement des régions et des provinces. Il y aura des participants issus de toutes les couches sociales, les élèves, les étudiants, les jeunes, les acteurs des marchés et yaar, les femmes, etc. Chaque groupe aura des quotas spécifiques. Dans l'ensemble, nous pensons avoir un minimum de 3500 participants. Et là encore, je puis vous assurer que je sais de quoi je parle. Car, avec le Secrétaire général du parti et la coordination, on est en train de tout faire pour respecter le nombre des 3500. Mais l'on n'est pas sûr de pouvoir le faire, tellement la pression est forte. Il y en a même qui veulent venir au congrès en se prenant en charge. Mais si on les accepte et s'ils viennent, on les mettra où ? La Maison du peuple ne peut pas contenir tout le monde. Voilà le problème auquel nous sommes confrontés mais nous avons travaillé à brasser l'ensemble des corps socio-professionnels du Burkina Faso pour que chacun puisse avoir son mot à dire sur le programme, sur les statuts et règlement intérieur et sur l'implication du parti.
Quels sont les partis politiques invités ?
Nous avons invité le Chef de file de l'opposition et d'autres partis politiques. Nous avons des institutions politiques, des délégations étrangères qui vont arriver.
Des délégations de quel pays par exemple sont invitées ?
(Hésitation avant de répondre), vous le saurez (éclat de rires).
Des fusions de formations politiques sont annoncées au cours du congrès. Quels sont les partis politiques avec lesquels les fusions seront possibles ?
L'éventualité des fusions est vraie. La direction politique a eu une position visionnaire lorsqu'à l'Assemblée générale constitutive, le président du parti annonçait que trois mois plus tard, il y aurait le premier congrès. Cela veut dire que déjà à la naissance du MPP, cette volonté de rassembler le plus grand nombre de Burkinabè autour de notre projet de société, existait. Aujourd'hui, il y a un très grand travail qui est mené avec beaucoup de partis qui contactent la direction. J'aurais entendu avec vous qu'il y a des partis politiques qui ont déjà fait des congrès et qui ont prononcé des fusions avec le MPP. Je puis vous dire que c'est une question relativement sensible qui est menée par la direction du parti et vous saurez la suite le moment venu (rires).
D'aucuns estiment également que le congrès ouvrira les portes du MPP à des ministres, des députés et certaines hautes personnalités favorables au parti. Qu'en est-il de cette situation ?
Vous avez dit qu'il y a des négociations, qu'il y a des partis qui ont annoncé des fusions, etc. Je puis vous confirmer qu'il y a un travail qui est fait avec la direction politique et beaucoup de gens viennent voir la direction politique. Mais ce sont des négociations dont l'issue ne peut être connue qu'au congrès.
L'organisation d'une grande rencontre nécessite des investissements conséquents au plan financier ; combien avez-vous déboursé pour les préparatifs du congrès ?
En organisant le congrès, nous avons travaillé à avoir le matériel dont on a besoin. Mais on n'a pas encore fini le congrès pour savoir combien les dépenses ont coûté.
Néanmoins, quelles sont vos prévisions budgétaires ?
Nous avons des prévisions budgétaires suffisamment raisonnables pour des activités raisonnables que nous allons mener au cours du congrès.
En tant que président du comité national d'organisation du congrès, quel est votre travail au quotidien pour réussir votre mission ?
C'est une activité infernale. Quand je me lève le matin, que le deuxième vice-président chargé de la coordination m'appelle, je sais qu'il y a des problèmes. Quand je l'appelle, il sait de même qu'il y a des problèmes. Aujourd'hui par exemple, je suis là depuis le matin et je ne suis pas rentré à la maison. Et cela fait pratiquement une semaine que ça dure. Il y a beaucoup de gens dans les commissions qui travaillent également comme cela au niveau du comité d'organisation.
Entretien réalisé par Saidou Zorome