Aussi, à leur place, voici ce que je ferai. D'abord, comme mon référendum est mal compris, la première des choses à faire serait d'aller, partout où besoin est, pour expliquer en vérité ce que c'est qu'un référendum. En particulier celui que je vœux organiser, les objectifs et les raisons qui le justifient. Car, à priori, de nombreux Burkinabé pensent qu'il a pour finalité exclusive de changer les termes de l'article 37, de permettre à Blaise Compaoré de se présenter à nouveau et de briguer un énième mandat à la tête de l'Etat. Juste pour se pérenniser au pouvoir. N'est-ce pas d'ailleurs ce que les adversaires du référendum appellent «patrimonialisationdu pouvoir» ou encore «pouvoir à vie»? Vue seulement sous cet angle, la mayonnaise va prendre difficilement. Si mon projet ne s'inscrit pas seulement dans ce registre, je prendrai le temps de convaincre, à défaut d'expliquer à tous ceux qui sont contre, qu'il n'en est rien. Avec des preuves à l'appui. Car, ce n'est pas en mobilisant des gens dans des meetings, dans des fora ou autres rencontres qui donneront une onction à mon projet.
Néanmoins, s'il est vrai que c'est seulement pour réviser la Constitution en son article querellé est ouvrir le boulevard de Kossyam à Blaise en 2015, je prendrai le temps également de l'expliquer aussi. Avec des arguments à l'appui. Quitte à ce qu'on me croit ou qu'on ne me croit pas. Dans tous les cas, nous sommes en démocratie et j'ai le droit de défendre mes arguments. Car, le fait que la Constitution permet de réviser l'article 37, à lui seul suffit-il comme argument? Autrement, je dois me trouver d'autres raisons, d'autres arguments plus convaincants pour persuader davantage. Vue seulement sous cet angle, la mayonnaise va prendre difficilement. Au risque de ne pas me faire comprendre par ceux qui sont contre mon projet. Car eux aussi ont des arguments qui justifient leur refus du référendum.
En effet, justement, si j'étais contre le référendum, je ne manquerai pas de dénoncer le fait qu'il soit une autre occasion de dépenser de l'argent qui pourrait servir à autre chose. Notamment dans un Burkina Faso où tout est prioritaire et très urgent. En dehors du fait que la démocratie a un prix qu'il faut payer et que, dans la situation actuelle du Burkina, seul le peuple peut trancher les questions qui divisent. Et ce n'est pas dans un salon, dans les colonnes des journaux ou sur les ondes de radios ou de télévisions qu'on va résoudre cette question. En outre, si j'étais contre le référendum, je prendrai également, à mon tour, le soin d'expliquer au peuple ce qu'est un référendum. Et dans le cas d'espèce du Burkina, si on devait l'organiser, dans quelles conditions et pourquoi il devrait l'être. Si j'étais contre le référendum, je m'attèlerai, au moment où je l'expliquerai aux Burkinabé, de voter contre. Parce que moi je suis contre. Car, en démocratie, il est en quelque sorte le dernier recours quand les politiciens et les peuples ne s'accordent pas sur les questions majeures d'intérêt national. En ce moment, comme on ne peut être à la fois contre et pour le référendum, le peuple dit OUI ou NON et chacun «retourne à ses casseroles», comme dirait le comédien.
Dabaoué Audrianne KANI