Après Ouagadougou, l'événement est prévu pour être déporté à Bobo-Dioulasso. Et c'est le 24 janvier prochain qui a été choisi ; de même que la salle de ciné Sanyon pour abriter la cérémonie. Avant que la Convergence patriotique pour la renaissance/Mouvement progressiste ne prenne le relais, ce sont des jeunes, instrumentalisés ou non, issus d'où on ne sait, qui ont appelé Jean-Baptiste Natama à se présenter à la présidentielle de 2015. Parce que, pour eux aussi, c'est l'homme de la situation.
Quand le représentant du M21, soutient publiquement à la télévision l'exécutif et demande aux Burkinabè de se coaliser derrière celui-ci pour réussir sa mission, il ne fait pas du mauvais travail à priori. Mais, il aurait pu mieux le faire s'il décidait de transformer son mouvement purement et simplement en parti politique. Il y a tellement d'amalgame en ce moment qu'il est difficile de savoir qui fait quoi et pour quel objectif.
Pendant ce temps, la Fédération associative pour la paix et le progrès avec Blaise Compaoré (FEDAP-BC) est suspendue. Au motif qu'elle mène des activités subversives. Avant cela, elle avait été accusée de jouer un rôle qui n'est pas le sien. Celui de demander, à chaque fois, à son champion, Blaise Compaoré, de se présenter à la présidentielle ou de procéder à la révision de l'article 37 de la Constitution. Exactement comme le font certaines organisations de la société civile en ce moment. Et pourtant, si plus rien ne devrait être comme avant, il faut rappeler à l'ordre ces organisations de la société civile qui ne jouent pas leur rôle.
C'est ce qui a fait dire à un observateur de la scène politique burkinabè que les organisations de la société civile, associations et autres mouvements ont vraiment le vent en poupe. Ils sont partout, demandent tout et font la pluie et le beau temps. Dans les organes de la transition (gouvernement, Conseil national de transition, Autorité supérieur de contrôle d'Etat, etc), ce sont ces organisations qui dictent pratiquement leurs lois. Tant elles ont été représentées. Compréhensible ? Sans doute parce qu'elles soutiennent, sur presque tous les toits, que c'est par leur baraka que le pays a été libéré de Blaise Compaoré et de son régime. Autrement dit, la transition c'est leur affaire. Mais là où cela peut déraper si l'on n'y prend garde très vite, c'est que les organisations de la société civile, par essence ne doivent pas confondre leur rôle et une quelconque implication directe dans la politique, notamment politicienne.
C'est donc l'occasion pour le Conseil national de la transition, qui sort de l'uppercut qu'on lui a envoyé sur la question des émoluments de ses membres, de relire les lois 013 et 014 portant création et attributions des associations et des mouvements de la société civile. C'est un terrain tellement vague que tout le monde s'en sert pour faire du n'importe quoi. Il faut que ça s'arrête. Exactement comme la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire dans les régimes démocratiques.
Dabaoué Audrianne KANI