Cependant, le choix de Maître Bénéwendé Sankara pour porter les couleurs des Sankaristes à la présidentielle est-il le meilleur ? La question reste posée. Certains diront que ce sont des interrogations qui ne concernent que les Sankaristes. Et pourtant, quand on s'inscrit dans le cadre de l'insurrection populaire et des attentes de la jeunesse, notamment sankariste, tout en jetant un regard en arrière sur le cursus politique de l'homme, on peut épiloguer sur le choix. Maître Bénéwendé Sankara a toujours réussi à se faire élire député à l'Assemblée nationale. C'est dire que c'est un homme politique qui a au moins une base électorale, aussi petite soit-elle. Un député est élu dans une circonscription électorale qui est la province ou sur une liste nationale (compilation des voix obtenues sur l'ensemble du pays). Alors que la circonscription électorale du président du Faso, c'est l'ensemble du pays.
Et nous voilà dedans. En 2005, Maître Bénéwendé a participé à la présidentielle à l'issue de laquelle, il a eu le score de 4,88 %. Se plaçant ainsi à la deuxième place après Blaise Compaoré. En 2010, il était encore en lice. Alors qu'il améliorait son score en passant à 6,34 %, il est classé à la troisième place après Arba Diallo (8,20 %) qui compétissait pour la première fois à ce niveau. Blaise Compaoré comptabilisait 80,2 % des voix.
Maître Bénéwendé Stanislas Sanakara a été le chef de file de l'opposition politique. C'est difficilement qu'il avait réussi à rassembler l'opposition autour d'une plate-forme commune. Après les élections législatives de 2012, il sera remplacé par Zéphirin Diabré dont le parti, l'Union pour le progrès et le changement, qui participait pour la première fois à une compétition électorale, comptait 19 députés à l'Assemblée nationale. Il a fallu l'arrivée de Zéph, comme l'appellent ses fans, pour que l'opposition politique se regroupe et soit forte. C'est sous son impulsion qu'elle a réussi, auprès d'autres forces sociales de la nation, l'insurrection populaire.
Dans tous les cas, le choix est déjà fait. Il reviendra à l'intéressé de mériter la confiance en lui placée par ses camarades en portant haut le flambeau. Pour ce faire, il ne doit pas oublier qu'il y a au moins deux formations politiques sankaristes qui n'ont pas rejoint les rangs. Il doit également avoir à l'esprit qu'une élection présidentielle, c'est un contrat entre un homme et son peuple. Autrement, on élit un homme et non une formation politique. Enfin, Maître Sankara doit savoir, comme l'a dit quelqu'un, que les insurrections ou les révolutions se font en ville, mais les élections se gagnent en campagne.
Les Sankaristes ne feront pas un bon score à la prochaine présidentielle tant que les camarades qui ont porté le choix sur Maître Sankara ne lui apporteront pas effectivement le soutien sincère et franc indispensable dans ce genre de situation. Le 11 octobre n'est plus loin.
Dabaoué Audrianne KANI