Pour lui, il faut que le gouvernement ose changer les choses, en faisant en sorte que le système éducatif soit en adéquation avec les défis de son développement. Si non, dit-il, l’Etat lui-même court à sa propre perte. C’est justement pour prendre les «taureaux par les cornes» que la coordination nationale des universitaires et experts associés du MPP a tenu, les 19, 20 et 21 août 2016 à Ouagadougou, sa première convention nationale.
Le système éducatif burkinabè est à la croisée des chemins. Pire, le système est bancal, malade et agonissant. Tel est le triste constat fait par le président par intérim du MPP, le Dr Salifou Diallo. La faute, le manque de vision et de détermination des gouvernements successifs à opérer des changements radicaux. Au MPP, les premiers responsables veulent faire autrement. Et cela passe par une analyse sans complaisance du système éducatif pour déboucher sur des recommandations fortes et courageuses, qui seront soumises, pour appréciation, aux instances dirigeantes du parti. Cette tâche est revenue aux universitaires et experts associés du MPP qui ont mené la réflexion, les 19, 20 et 21 août 2016 à Ouagadougou, sur la thématique suivante : «Pour une reconfiguration du système éducatif du Burkina Faso en phase avec les défis de son développement». Devant les congressistes, le parrain, le Dr Salifou Diallo, a dépeint un tableau sans complaisance des maux qui minent le système éducatif au Burkina Faso. Il a confié que tous les ordres d’enseignement dans notre pays sont confrontés à des problèmes d’orientation, d’adaptation de leurs contenus aux réalités de notre société et de notre économie. Aussi, il note que 80 à 90% des élèves sont orientés vers l’enseignement général. «Le niveau secondaire est dominé par des enseignements trop généraux, sans de véritables débouchés sur le monde professionnel, tandis que l’enseignement supérieur burkinabè reste caractérisé par des chevauchements inexplicables des années académiques, une faiblesse notoire de l’accompagnement social des diplômés dont les profils sont pour la plupart, en inadéquation avec le marché de l’emploi, une mauvaise application du système LMD», a-t-il révélé.
La jeunesse burkinabè mérite une éducation de qualité
A cette situation peu reluisante, s’ajoute le nombre exponentiel des élèves et étudiants dans les salles de classe. Ainsi, la seule année académique 2016 enregistre 2 706 000 élèves au primaire, 965 550 élèves au secondaire et 122 667 étudiants en 2016. Soit plus de 100 élèves dans les classes au primaire et au secondaire. Face à ce tableau sombre, Salifou Diallo a souligné que le chemin vers le blocage est réel et imminent. Sur ce, il a mentionné qu’il est temps de prendre des décisions fortes et courageuses afin, dit-il, de redonner confiance à la jeunesse qui a amplement démontré ses mérites à la faveur de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. «Nous ne pouvons plus nous accommoder des rafistolages épisodiques et conjecturels qui, jusque-là, n’ont eu aucun effet probant et durable», a-t-il mentionné. Par la voix de leur représentant, le coordonnateur, le Pr Jean Marie Dipama, a pris l’engagement que les universitaires et les experts associés seront du côté du gouvernement, à travers des propositions pertinentes et réalistes. Pour lui, les intellectuels «qu’ils sont, refusent que le système éducatif soit une usine de fabrique de chômeurs et que les universités publiques continuent d’être des couloirs d’attente pour la jeunesse, pour la fonction publique». Le Pr Dipama a émis le vœu que le Burkina Faso puisse copier le modèle des pays, tels que la Chine, la Malaisie, l’Inde, l’Indonésie et le Rwanda où la qualité du système éducatif a permis le décollage économique de ces différents pays. Le Dr Diallo a invité ces «savants» à cette réflexion d’un penseur chinois : «Si vous voulez détruire un pays, inutile de faire une guerre sanglante qui pourrait durer des décennies. Pour détruire un pays, il suffit de détruire son système éducatif et d’y généraliser la corruption et attendre quelques années, vous aurez dans ce pays, un peuple d’ignorants, d’incapables à la base et des dirigeants apatrides et corrompus».
Pascal KABORE