Dans le même stade où est intervenu le premier vice-président du parti, Salif Diallo, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a dit que « si nous laissons les restaurateurs, les tripatouilleurs revenir aux élections de façon gagnante, ça veut dire que notre insurrection aura vraiment été inachevée ». A comprendre Salif Diallo, il ne faut pas permettre aux mêmes anciens dignitaires de gagner les élections prochaines. Puisqu'il dit que « c'est pour cela que la jeunesse doit se mobiliser pour les élections, pour les programmes de changement ». Car ajoute-t-il : « nous ne pouvons pas accepter que ces élections soient remportées par Blaise Compaoré, son CDP et ses débris ».
Deux points de vue contradictoires qui illustrent une mauvaise lecture par le premier de la situation politique actuelle du Burkina. Salif Daillo sait, en homme politique avisé que ni la Constitution, ni la Charte de la transition, concoctée après l'insurrection populaire pour les raisons qu'on peut aisément deviner, n'excluent pas les anciens dignitaires du régime Blaise Compaoré de se présenter aux prochaines élections. Mieux, la Charte insiste sur des valeurs de référence qui doivent guider l'ensemble des personnalités appelées à la conduire. Ce sont entre autres, l'inclusion, la tolérance et le dialogue, le sens de la responsabilité, l'esprit de consensus et de discernement, la dignité, la probité, la solidarité... Si le Premier ministre Isaac Zida et le président Michel Kafando, interpellés par le responsable des jeunes du MPP doivent intervenir dans le sens de son souhait, c'est-à-dire, exclure les anciens dignitaires du régime déchu d'élections en 2015, ils trahiront l'esprit de la Charte de la transition et de la Constitution. Abdoulaye Mossé, a fait ici une sortie hasardeuse qui ressemble fort bien à une autre qu'avait eue Ablassé Ouédraogo, président du Faso Autrement lorsqu'il demandait d'exclure des élections, tous ceux qui ont soutenu la révision de l'article 37, y compris les dignitaires du MPP. Qui, eux d'ailleurs, ont été les premiers à soutenir et à mettre dans les têtes des dignitaires du CDP, et ce pendant longtemps, cette révision de l'article 37.
Le mieux, en tout cas pour notre pays, c'est d'aller à des élections transparentes, ouvertes et crédibles. C'est ce qui est demandé à Michel Kafando et à Isaac Zida. Ils le savent très bien.
Dabaoué Audrianne KANI