Longtemps observateur ou médiateur autoproclamé des crises qui ont secoué et continuent de secouer des pays de la sous-région, voilà enfin le Burkina se convaincre, hélas, que ça n'arrive pas qu'aux autres.
En tous les cas, ces turbulences politiques que tous subissent, impuissants, sont un signe qui ne trompe pas, cher cousin : plus rien ne sera comme avant.
Vous l'avez certainement déjà appris au village, la poussée hypertensive qui a gagné le sommet de l'Etat depuis les défections tout aussi massives que spectaculaires dans les rangs du parti majoritaire, le CDP ; la marche historique du 18 janvier 2014 contre la révision de l'article 37 de la Constitution, la mise en place du Sénat et l'avènement du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) ont provoqué la descente de bonnes volontés dans l'arène nationale :
d'abord, Guillaume Soro, président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire, et Cie, qui se sont offert une virée à Ouagadougou pour encourager et renouveler leur soutien au locataire du palais de Kosyam ; ensuite, Alassane Dramane Ouattara, himself, qui a invité les illustres démissionnaires du Congrès pour la démocratie et le progrès sur les bords de la lagune Ebrié pour tenter de sauver ce qui peut encore l'être.
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Et voilà que Roch Marc Christian Kaboré et ses disciples ne se sont pas encore prononcés sur le pèlerinage d'Abidjan que le médecin-président Jean Baptiste Ouédraogo se débarrasse de sa blouse pour faire, lui aussi, de la médiation interne.
A ses côtés, l'imam Mama Sanou, Mgr Paul Y. Ouédraogo et le pasteur Samuel Yaméogo qui a, lui, jeté l'éponge le 04 février dernier.
Que retenir déjà des premiers jours de concertation entre les protagonistes de la scène ?
Si les partis de la majorité présidentielle campent toujours sur la révision de l'article 37, l'idée d'un référendum sur l'article 37 et la mise en place du Sénat, l'ADF-RDA de Me Gilbert Noël Ouédraogo s'affiche, elle, contre la révision de l'article querellé tout en se prononçant pour la mise en place d'un Sénat aménagé et pour une transition démocratique.
Quid alors de l'Opposition, me demandes-tu ?
C'est le statu quo chez Zéphirin Diabré et ses troupes :
- pas de révision de l'article 37 ;
- pas de mise en place du Sénat ;
- pas de référendum sur l'article 37.
Maintenant la parole à la médiation interne, cher Wambi.
Pour Jean-Baptiste Ouédraogo et sa suite :
- pas de révision de l'article 37 ;
- inscription de l'article 37 au nombre des articles non révisables ;
- pas de référendum sur l'article 37 ;
- mise en place d'un Sénat "aménagé" ;
- ouverture d'une transition démocratique apaisée après l'échéance du mandat constitutionnel du président ;
- formule de la transition à négocier entre les parties ;
- organe de suivi/évaluation.
Qu'est-ce à dire, cher Wambi ?
C'est, en tout cas, la question qui taraude les esprits depuis la suspension des concertations mercredi dernier.
Mais en attendant la reprise des travaux lundi 10 février, j'ai appris que l'Opposition était, le jeudi 06 février, à la Bourse du travail pour un tête-à-tête avec les organisations syndicales.
Si mes sources s'avéraient, les deux parties seraient tombées d'accord pour l'élaboration d'une plate-forme commune.
Et pour te convaincre que la conjoncture politique nationale est des plus préoccupantes, cher cousin, je t'informe que ce vendredi 07 février, la Société burkinabè de droit constitutionnel (SBDC) donnera à partir de 8 h 00 une conférence de presse à son siège, sis au 1er étage de l'immeuble abritant la Société générale Burkina Faso sur le boulevard Charles-de-Gaulle.
Tu voulais en savoir davantage sur les vraies raisons du retrait du pasteur Samuel Yaméogo du groupe de médiateurs internes ?
Lis bien ces confidences que m'a faites ton oncle Wendwaoga.
Le groupe de médiateurs qui "s'est autosaisi" pour une transition apaisée dans notre pays a enregistré, avant même que les négociations ne commencent sérieusement, la démission du pasteur Samuel Yaméogo, qui a justifié, à travers un communiqué de presse, son départ par le fait qu'il était le seul à être le représentant de sa communauté religieuse en tant que président de la Fédération des Eglises et Missions évangéliques (FEME) alors que les autres membres se prévalent de leur titre d'ancien membre du collège de sages. Selon des sources concordantes, l'homme de Dieu avant de répondre à l'appel du président Jean Baptiste Ouédraogo s'en est ouvert aux 13 dénominations membres de la Fédération qui l'ont mandaté pour les représenter du moment qu'on avait laissé entendre que les autres communautés religieuses y seraient parties prenantes. La précipitation dans le processus, l'insuffisance dans la concertation pour, dès le départ, clarifier les approches et les objectifs ont amené l'homme d'Eglise à émettre des réserves et à demander de prendre le temps qu'il faut pour accorder les violons. Le jour de la déclaration, le pasteur aurait constaté que, contrairement à ce qui avait été convenu la veille, on avait gommé les dénominations des deux communautés religieuses mais gardé la dénomination de la sienne, et il a signé quand même le document pour, semble-t-il, éviter un scandale, car la presse était déjà là. A la publication de la déclaration, ce qu'il craignait n'a pas tardé à se réaliser, puisque ceux qui l'ont mandaté feront la remarque sur ce manque "d'homogénéité" et lors d'une grande rencontre lundi dernier, la communauté protestante aurait estimé qu'on lui cache peut-être quelque chose et aurait demandé le retrait pur et simple de son représentant. Beaucoup de gens ont salué ce jet d'éponge face à une initiative dont on ne maîtrise pas assez les tenants et les aboutissants et dont la chance d'aboutir serait maigre. D'autres par contre pensent qu'il aurait dû y rester en clarifiant sa position en tant que médiateur à titre personnel.
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Cher Wambi, dans ma dernière lettre, je t'avais parlé des mesures de représailles qui commencent à s'abattre sur certains démissionnaires du CDP. Je t'avais ainsi fait cas de l'immeuble du Larlé Naaba Tigré qui était occupé par le Fonds d'appui à la promotion de l'emploi (FAPE). Manifestement pour assècher le marigot du ministre du Mogho Naaba, aux dernières nouvelles, le FAPE aurait déménagé dans un autre local où il n'y aurait ni eau ni électricité.
Finalement, si une partie du matériel est partie, le personnel est toujours sur place en attendant de s'en aller définitivement. Mais cher Wambi, il y a plus grave : l'usine de biocarburant Belwet sise à Kossodo (Ouagadougou), appartenant au même coutumier, a été privée d'électricité.
Last but not least, je suis tombé des nues quand j'ai appris encore que le compteur de la pauvre mère du Larlé Naaba avait été arraché. Si cette information est avérée, le fait est très grave. C'est vrai que tout client doit être à jour de ses factures, mais le timing ici me gêne, car intervenant dans un contexte de démissions de certains cadres du parti dont l'ex-député à l'Assemblée nationale.
A ce jeu, on pourrait penser que l'ordre vient du Grand Sachem lui-même ou d'un serviteur zélé. Dans tous les cas, c'est tomber bas que d'agir de la sorte contre d'ex-camarades pour des questions de divergence de vision politique. Il faut arrêter au plus vite, car ce comportement n'honore pas ses commanditaires.
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Toujours dans ma dernière lettre, cher cousin, je te faisais cas de l'amertume d'un couple dont la célébration du mariage civil le samedi 25 janvier dernier à Sabcé n'a pu avoir lieu du fait d'une réunion politique le même jour à Kongoussi.
Que s'est-il passé réellement dans cette mairie de la commune rurale du Bam ? Voici la version du maire qui m'est parvenue au moment même où je m'apprêtais à t'expédier la présente :
«Monsieur le Directeur,
Faisant suite à la parution de L'Observateur Paalga dans sa livraison n°8549 du vendredi 31 janvier au dimanche 02 février 2014 relatant des faits qui se seraient passés à notre mairie concernant un mariage, je viens par la présente rétablir les faits dans leur contexte réel.
Le citoyen M. Ouédraogo Windwaoga Pacôme est bien passé à la mairie le 9 janvier en vue de connaître la composition d'un dossier de mariage.
Le citoyen M. Ouédraogo est bien revenu le lendemain voir le 1er adjoint au maire exprimé le désir que le mariage soit célébré le 25 janvier 2014. Il lui fut répondu qu'au sens de la loi portant Code des Personnes et de la Famille (article 255), un mariage ne peut être célébré avant le 30e jour suivant celui de l'affichage sauf que le tribunal civil peut, sur requête des époux et pour des causes graves, dispenser de la publication ou abréger le délai d'affichage.
Par conséquent, en l'absence de dispense de publication ou de réduction du délai par le tribunal civil compétent, le désir des futurs époux n'a pu être comblé le 25 janvier.
Le 25 janvier 2014 étant un samedi et aucune cérémonie de mariage ou autre n'étant programmée, maire et adjoints au maire ont vaqué à leurs affaires, et jusqu'à ce jour 04 février 2014, M. Ouédraogo n'a toujours pas déposé son dossier de mariage pour publication. En conclusion, nous laissons les intéressés avec leur conscience.
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur général, l'expression de nos salutations distinguées.
Le Maire et P/D
Le Secrétaire général
W. Azèta Ouédraogo
Adjoint administratif
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De son trône de l'hôtel de Ville à Ouagadougou, le bourgmestre Marin Casimir Ilboudo devrait avoir le sourire aux lèvres.
Oui, cher Wambi, une pluie d'espèces sonnantes et trébuchantes s'est abattue sur la capitale burkinabè.
Bon Dieu et la Banque africaine de développement soient remerciés, qui sont les pourvoyeurs de cette perfusion financière de 28 milliards de francs pour l'assainissement de nos quartiers périphériques et l'élargissement des voies.
Mais monsieur le maire serait bien inspiré de ne pas oublier le cœur de sa ville, devenu un véritable capharnaüm du fait de l'incivisme maladif de ses concitoyens dont la propension à violer les sens interdits ; l'occupation anarchique des voies et le non-respect des règles élémentaires ont franchi nos frontières.
Les rues Ousmane Sibiri Ouédraogo et de la Chance sont ainsi le théâtre privilégié où chaque usager se croit en terrain conquis.
L'ont appris, en tout cas, à leurs dépens ces ministres qui accompagnaient le jeudi 06 février 2014 le chef du gouvernement au siège du journal de Nakibeuogo, L'Observateur paalga, où s'est déroulée la cérémonie de remise du Prix PWASHA 2013.
A défaut d'une escorte comme leur patron, certains furent contraints d'abandonner leurs limousines à mille lieues de L'Obs. pour faire dama-dama.
Question, cher cousin : qui pour nous sortir de cet enfer face auquel la police municipale a déjà avoué son impuissance ?
En attendant, respectons au moins les panneaux, citoyens !
Tu l'as si bien dit, cher cousin, chaque jour qui passe a son lot de malheurs. Et ce mois de février n'échappe point à la règle, tant la Faucheuse commence à faire des siennes.
Ce lundi 03 février précisément, a eu lieu le retour à l'Eternel de Me Albert Zoungrana, huissier et frère cadet du défunt cardinal Paul Zoungrana, et de Pascal Kaboré, ancien inspecteur de l'Enseignement secondaire et ancien proviseur du lycée Philippe-Zinda-Kaboré ;
avant eux, Issiaka Drabo, ancien ministre délégué à l'Habitat et ancien patron du projet ZACA, a quitté ce monde le 19 janvier dernier pour l'au-delà, hélas.
Maintenant que je t'ouvre le carnet secret de Tipoko l'Intrigante, cher cousin, sache que Son Excellence le Ouidi Naaba Karfo serait heureux de vous compter parmi ses invités à sa fête coutumière, le Nabasga, qui aura lieu ce samedi 08 février 2014.
En tout cas, du beau monde en perspective pour ce retour aux sources. Certainement que tu ne le te feras pas raconter.
- La liste des démissionnaires du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) s'allonge, c'est ainsi que des affiliés du Houet, du Kénédougou et du Tuy viennent de quitter le navire d'Assimi Koanda.
- Un baptême, c'en était vraiment un au regard des énormes investissements faits par cette puissante opératrice économique bobolaise. Jugez-en vous-mêmes : une tonne de riz préparée, une dizaine de bœufs abattus et des centaines de poulets immolés pour l'occasion. A cela s'ajoute cette cargaison de boissons qui inondaient les invités. Et comme si tout cela ne suffisait pas, un artiste-musicien malien de renom dont la prestation aurait coûté les yeux de la tête. Des délégations venues de la Côte d'Ivoire, du Mali, du Niger, de la Guinée, etc., ont pris part à cette cérémonie. Pendant le grand show organisé dans la pure tradition mandingue, des invités ont, par moments, retenu leur souffle, à cause des billets de banque qui pleuvaient sur ces griots, lesquels n'étaient pas loin de faire péter leurs cordes vocales. Des cadeaux de tous genres (bijoux et moto particulièrement) et des pagnes (500x3 pagnes) ont été distribués. Et tout cela sous l'œil vigilant de la police nationale qui a été retenue pour sécuriser les lieux à Accart Ville. Mais qui a dit que la vie est chère au Burkina ?
- 20 ans déjà que Radio Ave Maria (RAM), la voix de l'archidiocèse de Ouagadougou, est au service de la communauté catholique de la capitale burkinabè. 20 ans qu'elle rassemble les fils de l'Eglise-famille de Dieu à Ouagadougou. Pour marquer d'une pierre blanche ce jubilé, la RAM a concocté un menu alléchant composé d'activités récréatives et de prière. L'ouverture officielle des festivités de ce 20e anniversaire se déroulera le dimanche 9 février 2014 à la paroisse Saint-Camille avec notamment deux messes à 6h30 (mooré) et 9h (français). A partir de 11h, il y aura des prestations d'artistes, une kermesse et des émissions radiophoniques en direct.
- L'Aumônerie catholique du Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo organise, du 9 au 18 février 2014, une "Semaine de la solidarité avec nos frères et sœurs malades". Cette activité entre dans le cadre de la commémoration de la Journée mondiale du malade, instituée en 1992 par le pape Jean Paul II et célébrée le 11 février de chaque année. Des visites et des dons aux malades ainsi que des messes vont jalonner cette semaine, qui sera célébrée dans différentes paroisses de la ville de Ouagadougou. Appel est fait à la générosité de tous.
Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."
Ainsi va la vie.
Au revoir.
Ton cousin
Passek Taalé.