Reprise des pourparlers entre majorité et opposition : Top chrono pour une médiation

| 10.03.2014
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Reprise des pourparlers entre majorité et opposition : Top chrono pour une médiation
© DR / Autre Presse
Reprise des pourparlers entre majorité et opposition : Top chrono pour une médiation
En principe, c'est aujourd'hui 10 mars que le médiateur en chef, le président Jean-Baptiste Ouédraogo, et son équipe vont reprendre le chemin du siège de la médiation et ce, après un mois de congé forcé fait de méditation et de réflexion profondes. En effet, on se rappelle que le 10 février dernier, le groupe de médiateurs avait été invité à « prendre ses responsabilités » lorsque l'opposition politique, conduite par Zéphirin Diabré, avait exigé de la majorité présidentielle qu'elle lui présente un mandat l'investissant du pouvoir de discuter au nom du chef de l'Etat, Blaise Compaoré. Ce jour-là, le mercure était monté d'un cran et les deux parties s'étaient quittées dans une atmosphère tendue qui préfigurait d'un début de dialogue houleux et difficile.

Le 6 mars dernier, le chef de file de l'opposition, Zéphirin Diabré, déclarait au cours d'une conférence de presse, que le préalable du mandat n'est pas négociable

Depuis lors, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, mais les positions des deux camps sont restées inchangées. On croyait pourtant que, comme le dit l'adage, le temps étant un bon allié, les uns et les autres mettraient de l'eau dans leur vin pour que les lignes puissent bouger. Que nenni ! A l'occasion de ses journées parlementaires tenues à Ouagadougou les 3 et 4 mars derniers, Alain Yoda, le président dudit groupe, n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger l'attitude de l'opposition, déclarant que la majorité n'avait pas besoin de mandat pour discuter au nom du chef de l'Etat. Selon lui, en fait de légitimité, la majorité en a déjà reçu du peuple. On n'a pas eu le temps de ruminer ces propos que le 6 mars dernier, le chef de file de l'opposition, Zéphirin Diabré, déclarait au cours d'une conférence de presse, que le préalable du mandat n'est pas négociable. Et d'ajouter que la rencontre avec la majorité, prévue pour se tenir aujourd'hui sous les auspices de la médiation, n'excédera pas trois minutes (retenez bien ce chiffre) s'il n'y a pas le mandat en question. Top chrono donc pour une médiation qui s'annonce pour le moins tendue ! Quelle thérapie, mieux, quelle nouvelle ordonnance le médecin Jean-Baptiste Ouédraogo pourra-t-il prescrire à ses « patients » pour espérer une analgésie ? C'est bien là, toute la question.

L'opposition ne fait pas dans l'exagération quand elle pose certains préalables.

En tout cas, le moins que l'on puisse dire c'est que cette médiation ne sera pas une partie de plaisir pour nos « sages » qui sont plus à plaindre qu'à envier, surtout au regard de leur âge. En fait, quand on analyse de près la situation, on se rend compte que l'opposition, à bien des égards, a bien des raisons de vouloir s'entourer de précautions au risque de se faire ridiculiser, pour ne pas dire de devenir le dindon de la farce. Car à vrai dire, si l'on peut fouler au pied la loi fondamentale de son pays, ce ne sont pas les conclusions d'une médiation que l'on se sentira en devoir de respecter, surtout quand l'on nous dit que la médiation s'est autosaisie d'une situation. Dans la mesure où les médiateurs n'ont pas été désignés par une quelconque autorité, on peut s'entendre un jour dire que même ceux-ci n'ont aucune légitimité. Puis dans cette période où les démissions sont devenues monnaie courante, qui peut parier que ceux qui parlent aujourd'hui au nom de la majorité ne se retrouveront pas demain ailleurs ? C'est dire que l'opposition ne fait pas dans l'exagération quand elle pose certains préalables. Mais on a malheureusement l'impression que le pouvoir est dans une logique de pourrissement de la situation. Le président Compaoré, avec ou sans boule de cristal, avait su prédire une triste fin pour Tandja et Gbagbo qui sombrent aujourd'hui dans les profondeurs de l'abîme. A lui de se montrer visionnaire jusqu'au bout en mettant tout en œuvre pour se prémunir contre l'irréparable.

Boundi OUOBA

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