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Quand Zéphirin prend le contre-pied parfait de Salif Diallo

| 01.12.2014
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Quand Zéphirin prend le contre-pied parfait de Salif Diallo
© DR / Autre Presse
Quand Zéphirin prend le contre-pied parfait de Salif Diallo
«La victoire sur Blaise Compaoré n'appartient pas en particulier à un parti politique»,a déclaré Zéphirin Diabré, lors d'une rencontre de son parti politique, l'Union pour le progrès et le changement (UPC), alors qu'il devait apprécier l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre. Puis, il enfonce le clou comme pour répondre à ceux, dont Salif Diallo du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) qui a dit que son parti y a perdu 17 de ses militants que «ce n'est pas un parti politique qui a fait le sacrifice; ce sont les Burkinabè et beaucoup d'entre eux n'appartenaient pas à des partis politiques». C'est devenu une coutume. Quand Zéphirin Diabré sort, il force l'admiration et la sympathie par ses déclarations. Quelqu'un a dit que s'il tenait à lui, l'insurrection populaire n'aurait pas eu lieu. Car, il est conciliant sur les bords.


Restant toujours dans le registre de cette modestie qui lui colle désormais à la peau, qui le distingue des autres leaders politiques et qui est en passe de devenir sa marque à lui, Zéphirin Diabré estime que cette «victoire sur Blaise Compaoré» ne veut en aucun cas dire que le pari de l'alternance en 2015 est gagné. Car, «il nous faut gagner l'adhésion électorale». Pour cela, prévient le patron de l'UPC: «il nous faut retrousser les manches et nous mettre immédiatement au travail». Ce qui n'est pas faux, car l'électorat tel qu'il se compose, appartient en grande parti au Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Quand on sait que ce parti s'est divisé en deux avec la création du MPP, qui peut lui aussi avoir la sympathie d'une partie de son électorat, on comprend la mesure de Zéphirin Diabré. Son parti pourrait ne plus être la deuxième formation politique à l'issue des élections générales qui s'annoncent pour 2015.

L'ex-chef de file de l'opposition est assez modéré, mais ferme, pacifiste et homme de dialogue. Il faut le lui reconnaître. Il aimait dire à ceux qui veulent l'entendre que le parti au pouvoir n'a pas fait que du mauvais travail, mais aussi du bon. Aussi, il ne sera pas pour son parti de tout remettre en cause, mais de corriger ce qui n'a pas été bien fait et de consolider ce qui est bien fait. Avant les événements des 30 et 31 octobre, Zéphirin avait encore prévenu les cadres de son parti sur la nécessité de se former et d'avoir les compétences nécessaires au cas où le pouvoir «tomberait dans nos mains». «Avons-nous les hommes compétents pour assurer les charges de l'Etat?»; «connaissons-nous les dossiers?», sont entre autres, des inquiétudes qu'il avait relevé. Aujourd'hui, les faits lui donnent raisons, car le pouvoir même s'il n'est pas tombé «entre ses mains» n'est non plus entre les mains de ceux qui le dirigeaient.

Cette attitude de Zéphirin Diabré tranche avec les politiciens va-en-guerre, qui doivent savoir que la politique, ce n'est pas la guerre, ce n'est pas non plus de l'inimitié, de la vengeance, de la haine et de l'intolérance. Mais, en réalité, ce sont des approches différentes sur des mêmes questions. C'est pourquoi, les Burkinabè devront réapprendre à faire la politique. Et cela doit être inscrit dans les agendas des partis, chargés d'animer la vie politique. Autrement dit, les militants doivent être formés. Cela manque énormément à nos hommes politiques. Si bien qu'on a l'impression que lorsqu'on n'est pas dans la même formation politique, on est «opposé» au sens vrai du terme. Malheureusement, cette attitude se déteint sur les relations sociales entre individus, entre secteurs et même entre villages.

Dabaoué Audrianne Kani

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