Pros et anti référendum : la courtoisie, avant l‘assaut final ?

| 09.09.2014
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Pros et anti référendum : la courtoisie, avant l‘assaut final ?
© DR / Autre Presse
Pros et anti référendum : la courtoisie, avant l‘assaut final ?
Qu'est allé chercher le CDP dans cette galère ? peuvent se demander certains irrédentistes du parti au pouvoir qui pourraient assimiler le siège de l'Union pour le changement et le progrès (deuxième force politique du pays) à la gueule du loup. Pour les rassurer, il semble que c'était prévu de longue date. N'empêche, avec le contexte actuel, l'événement ne peut laisser indifférents de nombreux observateurs. Vendredi dernier, le président de l'Union pour le progrès et le changement (UPC), par ailleurs chef de file de l'opposition politique burkinabè, a reçu une délégation du parti au pouvoir. Et à son siège en plus. Avouons que ça n'arrive pas tous les jours. Le moins que l'on puisse en dire est que ces visites ont un côté inédit dans la vie de la République. Que le MPP (Mouvement du peuple pour le progrès), qui d'ailleurs fait partie de l'opposition burkinabè, aille vers l'UPC, on le veut bien.


Mais que ce soit le CDP qui rejoigne l'UPC dans son antre a de quoi étonner. «C'est une visite de courtoisie en vue d'échanger et dans le but de renforcer la démocratie... N'imaginez pas que les gens ne discutent pas. Nous avons toujours des rencontres informelles entre les formations politiques et entre les différents responsables», a de manière sibylline assuré le secrétaire exécutif du CDP, Assimi Koanda. Et son hôte Zéphirin Diabré de constater, dans le même état d'esprit: «Dans le cadre de la situation que nous traversons, nous sommes disposés à toutes formes de dialogue que le parti en face voudrait proposer. Eux aussi ont lancé un appel. Ce qui veut dire que la disposition d'esprit est là. Peut-être qu'il faut voir comment la mettre en œuvre le moment venu».

Très beau, le spectacle ! Si l'on en croit les différentes parties, il s'agissait donc de simples visites de courtoisie. De celles qui devraient exister en temps normal entre regroupements civilisés, quelles que soient leurs divergences, pouvons-nous ajouter pour parfaire la scène. On ne peut donc que se réjouir d'une telle débauche de civilités. Si elles peuvent contribuer à faire baisser le mercure sociopolitique, c'est tant mieux. Mais l'on peut raisonnablement penser que ces personnalités ne se sont pas rencontrées pour seulement parler de la pluie et du beau temps, pour s'enquérir de la santé de «Madame» ou pour se livrer à des salamalecs inépuisables. Difficile d'y croire véritablement. Certes, à leur sortie, les deux parties n'ont pas voulu s'épancher, mais ne peut-on pas augurer qu'il s'agit là d'une esquisse du fameux appel au dialogue prôné à Gaoua par Assimi et Cie ? En rappel, les 18 et 19 juillet derniers, une délégation du Front républicain (composée du CDP et des regroupements politiques favorables au référendum et à la révision de l'article 37) avaient effectué une tournée dans la région du Sud-Ouest. A Gaoua, dans leur déclaration, ils avaient prêché l'évangile suivant : «Nous, membres du Front républicain, réitérons notre appel à la classe politique et aux forces vives, au-delà des différences, à s'associer au Front républicain pour une relance du dialogue démocratique au Burkina Faso, à privilégier l'intérêt national par la promotion d'actions de tolérance et d'acceptation mutuelle et à consolider les valeurs et les acquis républicains». L'événement qui a eu lieu au siège du parti du Lion pourrait s'inscrire dans cette optique sens.

En attendant, c'est Zeph qui est en train de boire du petit lait ; parce qu'il se trouve au centre du jeu comme une espèce de force-tampon entre deux ennemis irréductibles (le CDP et le MPP) qui entendent se neutraliser. Mais de là à imaginer l'UPC en troisième larron qui ravirait la chaire de Kosyam est peut-être un pas qu'il faut se garder pour l'instant de franchir. Les voies de la politique étant tout aussi insondables que celles du Seigneur, rien n'est à exclure. Il n'est donc pas interdit d'imaginer la situation suivante : à défaut de pouvoir conserver le pouvoir auquel le parti présidentiel s'accroche avec l'énergie du désespoir, le clan présidentiel serait prêt à tout faire pour qu'au moment du grand soir, ce ne soient pas les Roch, Simon ou Salif, grands traîtres à leurs yeux, qui aient le dernier mot.

Du reste, les nouvelles initiatives apparaissent aujourd'hui comme une trêve, après les remplissages de stades «recto verso avec intercalaire», les marches-meetings et autres réunions de partis. Avant bien sûr la grande bataille, si Blaise Compaoré et ses fidèles persistaient contre tout bon sens à aller au-delà du raisonnable. Une chose est sûre : le passage de force n'est pas la bonne voie. Plutôt que d'aller à la confrontation, mieux vaut chercher à trouver le juste milieu. Et si les différents partis l'ont finalement compris en se réitérant les visites de courtoisie, c'est tant mieux.

La Rédaction
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