Pour Denise Auguste Barry, ministre de l'Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, lui-même colonel de l'armée «Le projet de loi est allé jusqu'aux unités militaires, avant d'être élaboré. Loin d'être parfait, il reflète les aspirations des militaires du rang».
Son collègue des Sports et des Loisirs, le Colonel David Kabré, explique que le militaire qui souhaite faire de la politique à partir de la promulgation de la présente loi doit complètement démissionner des forces armées. Cette loi vise donc à dépolitiser l'armée.
Pourquoi cette disposition ?
Pour David Kabré, il n'est pas bon pour un militaire d'aller faire politique et revenir dans l'armée porter les galons de militaire. Cette loi rompt avec l'ancienne qui autorisait les gradés de prendre une disponibilité ou démissionner de l'armée pour faire de la politique. L'ancienne loi précisait également que les militaires du rang devaient, quant à eux, suspendre leurs contrats avec l'armée avant d'entrer en politique.
Le vote de la loi est intervenu au moment où deux officiers supérieurs de l'armée ont déjà annoncé leur candidature à la présidentielle du 11 octobre 2015. Il s'agit du Général Djibrill Bassolé, candidat du parti Nafa, et du Colonel Jean-Baptiste Natama, une candidature indépendante soutenue par un collectif de partis politiques et d'organisations de la société civile. On attend la candidature d'un autre Colonel, Yacouba Ouédraogo, ancien ministre des Sports pour le compte de son parti, l'Ubn. Le caractère non-rétroactif de la loi permet à ces derniers de se présenter à l'élection à une seule condition «la démission» de l'armée. La disponibilité ne suffit plus.
Rien ne garantit que le prochain président puisse sortir de ces 3 officiers supérieurs. Néanmoins, ils ont toutes les chances de se faire élire députés ou conseillers municipaux. Mais est-ce là leur objectif ?
En rappel, le Burkina Faso a connu 7 présidents. En dehors de Maurice Yaméogo, premier président (1960-1966) et de l'actuel président Michel Kadando, les 5 autres sont des militaires. Il s'agit du général Sangoulé Lamizana, du colonel Saye Zerbo, du commandant Jean-Baptiste Ouédraogo et des capitaines Thomas Sankara et Blaise Compaoré.
Adoua Kassiro