Courageusement, il avait pris très tôt ses responsabilités en se faisant investir par son parti politique comme candidat à l'élection présidentielle de 2015. Conscient de l'enjeu majeur de ce type de scrutin qui est avant tout la rencontre d'un candidat avec le peuple, le jeune Tahirou Barry du PAREN n'a pas attendu de voir disqualifier d'autres candidats supputatifs avant d'entrer dans l'arène.
En se faisant investir très tôt, il n'attendait pas de savoir qui il aura en face de lui comme challengers. Il a voulu, sans nul doute, donner une belle leçon à une certaine classe politique passée maître dans l'art du dilatoire et la manipulation des populations. Pour ce jeune novice en politique, (comparé à certains briscards) seul compte, le programme politique ou les idées des candidats et rien d'autre.
Il a donc eu le mérite de ne pas attendre de savoir, au moment où le débat était déjà lancé, si Blaise Compaoré tant redouté par d'autres allait prendre part à la course en 2015. Contrairement à d'autres qui entendaient d'abord disqualifier l'actuel chef de l'Etat pour annoncer ensuite pompeusement leur candidature et augmenter leur chance d'être élu président du Faso.
Ne pas se tromper de combat
A quelques 16 mois de l'élection présidentielle, le peuple burkinabè ignore tout des stratégies qu'entend mettre en oeuvre l'opposition politique pour espérer réaliser l'alternance politique dont elle dit que c'est le bon moment et quel que soit le candidat du parti majoritaire en place.
Comme à l'accoutumée, elle se cache elle-même son jeu chacun de ses leaders préférant crier avec les autres les 3 non (Sénat, référendum, modification de l'article 37). Un combat d'arrière-garde lorsqu'on sait que novembre 2015 est si loin mais si proche.
Et même si les questions querellées du moment venaient à être évacuées d'une façon ou d'une autre, l'opposition dite radicale se retrouvera enfermée dans son propre piège, à quelques mois de novembre 2015, sans réelle stratégie commune arrêtée pour réaliser l'alternance avec des candidats-amis d'hier seulement qui s'entre-déchirent et le pire, sans aucun programme alternatif de société.
Dans tous les cas, un boulevard ouvert au candidat du parti majoritaire qui fera d'une bouchée les candidats de l'opposition. Qu'ils s'appellent Zéphirin Diabré, Me Bénéwandé Sankara, Gilbert N. Ouédraogo, Roch Marc Christian Kaboré et autres.
Au lieu de s'enfermer dans ce carcan des non, l'opposition radicale gagnerait à mener le combat qui vaille : celui d'une préparation sérieuse à l'élection présidentielle de novembre 2015.
Sinon, le réveil risque d'être très douloureux pour elle face à un parti au pouvoir, le CDP qui est une véritable machine à gagner les élections et qui a toujours une longueur d'avance sur les autres partis politiques, surtout qu'on a l'impression que l'opposition ne sait pas où elle va...
Angelin DABIRE
Par : L'Hebdomadaire du Burkina N°789 du 11 au 17 Juillet 2014