Le visage de ce gouvernement permettra en effet de juger de la réelle volonté de changement du MPP d’avec l’ancien système, comme il l’a prôné tout au long de la campagne électorale. C’est en effet sur la base choix de la rupture que le peuple s’est massivement aligné derrière Roch Marc Christian Kaboré. Mais on peut lire aussi dans ce choix, sans doute un changement non pas brutal, mais prudent, à l’image même de ce que représente le nouveau président. Roch Kaboré est en effet la synthèse du passé et du présent, il est au croisement des générations qui ont longtemps vécu sous le régime de Blaise Compaoré et de celles qui ont mené l’insurrection. Il y a donc comme une nécessité pour lui de tenir compte de tous les Burkinabè, vieux comme jeunes, conservateurs comme révolutionnaires. Toutefois, le dénominateur commun auquel tous les Burkinabè se reconnaissent, c’est la probité morale irréprochable dont doit faire faire preuve les nouveaux dirigeants. De quelque horizon qu’ils viennent, les membres du gouvernement doivent avoir, gravée à leur front, cette valeur capitale, l’intégrité. Après l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014, le président Kaboré n’a d’autre choix de se plier aux aspirations des Burkinabè relatives à la bonne gouvernance. Or pour bien gérer un pays, il faut d’abord des hommes propres et engagés à défendre l’intérêt général et non celui personnel. En somme, des ministres venus pour servir et non se servir. U trouver ces oiseaux rares quand on sait que l’élite burkinabè dans sa grande majorité a été façonnée sous le moule des années Compaoré ?
A défaut d’hommes neufs et immaculés, le président Roch Kaboré devra donner des consignes fermes en ce qui concerne la rigueur à observer par le premier ministre et les ministres dans la gestion des affaires de l’Etat. Les populations seront très regardantes sur la question. Ensuite viendront seulement les promesses de campagne liées aux aspects sociaux, économiques, institutionnels et judiciaires. Une équipe de combat marquée du sceau de la probité morale, voilà la première impression qui doit être donnée aux Burkinabè. C’est l’une des conditions pour inspirer, dans un premier temps, confiance aux Burkinabè. Après seulement, il s’agira de juger l’exécutif sur ses actes. En effet, il n’y aura pas de répit pour les nouvelles autorités. Le peuple va exercer son droit de regard sur la gouvernance qui sera exercée. La nouvelle donne au Burkina, c’est cette plus grande capacité des OSC sérieuses et de l’opposition à exercer un véritable contre-pouvoir. La configuration sociale et politique met face au régime des institutions fortes qui joueront, on l’espère, pleinement leur rôle de vigie de la démocratie. Il y aura des partis et des OSC qui iront à la soupe. Mais on peut être certain que d’autres préféreront rester en dehors des cercles du pouvoir. Ce sont ces associations et partis qui rappelleront chaque fois à l’ordre les dirigeants, s’ils venaient à être grisés par le pouvoir. Ils ont de ce fait un rôle éminent à jouer car on ne peut jamais totalement faire confiance à un homme politique. La rupture tant chantée ne se fera pas seulement dans les discours. Elle doit s’exprimer surtout dans les actions que poseront les gouvernants. Sinon, la sanction sera lourde, notamment dès les prochaines échéances que sont les élections municipales.