Quand Abdoul Karim Sango, représentant du parti à la Commission électorale nationale indépendante et membre très influent du parti a démissionné parce qu’il ne se retrouvait plus dans l’idéologie du parti, surtout après ses choix de participer au gouvernement et de constituer avec le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) la majorité à l’Assemblée nationale, la présidence du parti n’a pas voulu lui accorder de l’importance. Et pourtant, c’était le premier signe qui mettait publiquement à nue les désaccords au sein du parti.
En effet, l’entrée du PAREN au gouvernement n’aurait pas été du tout du goût de certains bonzes du parti dont le professeur et président d’honneur du parti Laurent Bado. Lui dont les déclarations résonnent encore dans les esprits d’avant-campagne électorale quand il disait par exemple " que certains vont prendre le pouvoir, mais leur sort sera plus grave que celui de Blaise Compaoré ". Il était même allé jusqu’à dire que Roch Marc Christian Kaboré est le géniteur de l’idée de révision de l’article 37 de la Constitution.
Aussi, les Burkinabè qui connaissent bien le professeur Laurent Bado ont été surpris de le voir " dîner avec le diable ". C’est pourquoi, les langues n’ont pas tardé à se délier pour dire que c’est contre son gré que Laurent s’est retrouvé là où il est aujourd’hui.
En effet, selon des sources proches du parti, " Tahirou Barry est allé très vite ", " il n’a pas consulté le Comité consultatif du parti composé des anciens présidents, des Secrétaires généraux et des sept pères fondateurs avant d’y aller ". " C’est donc devant le fait accompli que tout ce monde s’est retrouvé ", conclut un cadre du parti.
Abus de confiance ?
Mais cela peut s’expliquer parce que Laurent Bado faisait suffisamment confiance à Tahirou Barry. Aussi, selon toute vraisemblance, Laurent croyait qu’il informait les membres du bureau et les autres organes consultatifs du parti. C’est là qu’a résidé l’erreur. En clair, Tahirou Barry aurait traité seul, tout au moins avec quelques cadres proches de lui, son entrée dans la majorité présidentielle. "Nous ne pouvons pas comprendre que le candidat qui est arrivé troisième à la présidentielle se retrouve avec seulement un poste de ministre et de surcroît de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat. C’est ridicule, on aurait pu avoir mieux, peut-être même deux ministères ", s’est insurgé un autre cadre du parti.
Vider l’abcès
On comprend donc l’amertume d’Abdoul Karim Sango qui a fait bruyamment ce que certains attendaient de faire dans le silence. Pour ne pas laisser le parti dans la tourmente, des cadres ont décidé de signer une pétition pour demander le retour d’Abdoul. Cette pétition aurait recueilli plus de 500 signatures. Alors que le concerné était prêt à revenir sur sa décision, la présidence du parti n’aurait pas vu cela d’un bon œil. Estimant qu’il s’agit d’un retour pour lui ravir la tête du parti. "Dans tous les cas, le parti ne peut pas rester dans cette situation. Il va falloir qu’on se retrouve, même si c’est dans le cadre d’une assemblée générale extraordinaire. Il faut vider l’abcès quitte à quitter la majorité présidentielle ", martèle un militant du parti très remonté.
" Les responsables régionaux de Banfora, du Kadiogo, les anciens responsables régionaux des Hauts-Bassins, aux questions électorales du parti, des militants du grand Ouest (Sud-ouest, Cascades, Hauts-Bassins et de la Boucle du Mouhoun qui ont signé la pétition et demandé le retour d’Abdoul Karim avons été traités au plus haut niveau du parti de petits militants qui ne représentent rien ; c’est très grave ", a expliqué un pétitionnaire.
Illégalité
Pourquoi dans toute cette cacophonie, le père fondateur et président d’honneur du parti, Laurent Bado, bien connu pour ne pas garder la langue dans la poche est devenu muet comme une carpe ?
"Laurent ne veut pas de cassure dans le parti, quand bien même l’objectif actuel de la présidence semble être de travailler à le pousser à la porte", a expliqué un autre pétitionnaire.
Elu président du parti le 27 juin 2010 pour un mandat de cinq ans, Tahirou Barry est en fin de mandat. Autrement dit, il aurait fallu un congrès du parti pour le reconduire à son poste. Ce qui n’est pas encore le cas et prouve ainsi qu’il "exerce dans l’illégalité ". Selon ses contempteurs, dès qu’il a été élu, son vice-président, Maître Zerbo Zacharie, responsable régional du Centre-sud, poussé à la porte, aurait quitté le parti pour créer le sien. Oumarou Djiguimdé qui a quitté la tête du parti, et devenu chef régional du Kadiogo, aurait été remplacé sans être au préalable consulté. Et tout cela aurait été mis sur le dos de Bado Laurent qui, apparemment, supporte tout. Jusqu’à quand ?
Dénis Dafranius Sanou