Politique nationale: cacophonie au sein du CDP

| 13.04.2015
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Léonce KONE - Président du directoire du CDP
© DR / Autre Presse
Léonce KONE - Président du directoire du CDP
Cela se pressentait à la lecture de la déclaration du CDP et ses affidés concernant la prise de position indiquant la suspension de leur participation au CNT et à la commission nationale de réconciliation. Car il était clair que ce sont les têtes pensantes qui ont pris cette position sans l'avis des principaux intéressés. Et voilà que ce vendredi, à la plénière du CNT sur les questions orales au gouvernement, les députés de l'ex-majorité ont bel et bien participé aux travaux. Mieux un de ses représentants a indiqué chez nos confrères de la télévision nationale qu'ils sont là pour aider le CNT. Sur le boycott souhaité sa réponse est sans équivoque: les représentants, partisans de Blaise Compaoré, ne veulent pas suivre la décision prise par les directions de partis de l'ex-majorité.


Cela rappelle fort à propos un cas similaire vécu au début des années 90 (1992). Dans la dynamique des Conférence nationales souveraines, l'opposition burkinabè, regroupée au sein de la Coalition des forces démocratiques (CFD), exigeait également sa conférence. En lieu et place, Blaise Compaoré lui proposa un gouvernement d'union nationale et un Forum de réconciliation nationale qui a tourné court. Dans la CFD, il y avait les Ki-Zerbo, les Ram, les Hermann, les Marlène et consorts, opposés à l'ARDC (Alliance pour le respect et la défense de la Constitution) de la majorité au sein de laquelle il y avait les Bongnessan, les Soumane et alliés.

Lorsque le Forum de la réconciliation nationale a échoué donc parce que la majorité s'opposait à la retransmission des débats à la radio, la CFD a claqué la porte du gouvernement. Ferdinand Auguste Kaboré, qui occupait le fauteuil de ministre de la Culture pour le compte du PCLI (le Parti pour la convergence, la liberté et l'intégration) de Marlène Zébango, décida de rester au gouvernement par ''amour'' pour la culture. Ce qui a donné l'expression «l'amoureux de la culture» qui était collée à la peau du ministre Ferdinand Auguste Kaboré. Il est donc resté au gouvernement pour son ''amour'' pour la culture au grand bonheur de la puissante ODP/MT (Organisation pour la démocratie et le Progrès/Mouvement du Travail) de l'époque. Les uns et les autres avaient donné des explications sur l'acte de Ferdinand Kaboré avec comme fondement le volet financier.

Loin de nous l'idée de dire que les députés frondeurs de l'ex-majorité sont tenus par le dieu Mamon. La situation actuelle du CDP porte les germes d'une implosion, dans la mesure où le nouveau code électoral mettant out des ténors de ce parti, les portes sont ouvertes pour nombre de ses militants qui étaient depuis longtemps sous l'éteignoir. Ils ont là une belle occasion de se faire valoir.

Déjà, ceux-là qui sont au CNT n'auraient jamais pu avoir ces places, n'eut été les dispositions inclusives de la Charte qui excluent les caciques qui ont montré du zèle pour modifier l'article 37. Le renouvellement de la classe politique tant souhaité s'impose de la sorte au CDP. Et ce n'est pas tout, il se profile à l'horizon une autre fronde à partir de la promulgation de la loi sur le code électoral.

Il y a fort à parier que les dirigeants de l'ex-majorité auront tendance à se déclarer non partants pour les élections. C'est là qu'il y aura des frondeurs qui vont prendre sur eux la décision d'y participer, expliquant leur décision par le fait que la politique de la chaise vide n'est pas porteuse. Et là, le pouvoir ne se gênera pas pour leur apporter un soutien sous la table afin de casser la dynamique de boycott, toute chose qui va sceller définitivement le sort des caciques du CDP. Ils se feront pousser vers la porte de sortie.

Ousmane Hébié

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