Les 30 et 31 octobre 2014, les militants du CDP et toutes les personnes proches, d'une manière ou d'une autre, de lex Présient du Faso, Blaise Compaoré, ont dû prendre la poudre d'escampette par quelque moyen que ce soit, pour se retrouver au-delà des frontières burkinabè. Il fallait alors penser que personne ne se serait fait « la bête à sacrifier » en se réclamant du parti de Blaise Compaoré. Mais comme en politique, les choix, qui sont parfois des erreurs politiques, se doivent d'être assumés par leurs auteurs, et cela, certains l'ont compris, des militants du CDP sont restés attachés à leur idéal politique. Mieux encore, ils l'ont proclamé ouvertement par voix de presse et par d'autres canaux d'informations. L'on a ainsi assisté à la naissance du comité de réflexion et d'action pour le renouveau du CDP (CRAC) mené par Aly Badra Ouédraogo. A 35 ans, il est celui « qui a osé parler du CDP au moment où cela constituait une candidature au suicide ». A son instar, les membres du directoire mis en place pour diriger le parti ont ensuite commencé à faire parler d'eux. Qu'à cela ne tienne, la transition a décidé de mettre hors-jeu électoral les dignitaires de l'ancien régime.
Le projet de loi qui frapperait d'inéligibilité toux ceux qui ont soutenu la modification de la constitution qui a abouti à la révolution d'octobre a fait couler beaucoup d'encre et de salive. Les principaux concernés que sont « les exclus de la transition inclusive » ont été face à la presse pour dire leur détermination à s'opposer farouchement au vote de la loi.
Y aura-t-il candidat pour le CDP ?
Hélas, dira-t-on du côté du CDP, le 7 avril 2015, la loi, telle une lettre à la poste, a été votée par le Conseil national de la transition (CNT). Le recours du CDP devant le Conseil constitutionnel, en vue de l'annulation de la loi, a été infructueuse. Tenant mordicus à ce que cette loi soit annulée, c'est la Cour de justice de la CEDEAO qui est actuellement saisie de l'affaire. Qu'à cela ne tienne, lors de son 6ème congrès, les 9 et 10 mai 2015, le CDP a désigné l'ex député, Eddie Komboïgo, pour présider aux destinées du parti. Ce qu'il faut craindre, c'est que le CDP se serait saigné pour rien. En effet, même si les anciens partis de la mouvance et les 2 nouveaux partis (Union pour un Burkina Nouveau (UBN) et Nouvelle alliance du Faso (NAFA)) sont en voie de créer une alliance avec le CDP pour en désigner un candidat unique à la présidentielle, aucun candidat emblématique connu de l'électorat ne sera présenté. Cela est facile à comprendre. Eddie Komboïgo était député CDP lors de l'insurrection populaire, le Colonel Yacouba Ouédraogo dit « Yac » et le Général Djibrill Bassolé étaient tous ministres de Blaise Comppaoré, ayant pris part au conseil extraordinaire des ministres du 21 octobre 2014 et ayant adopté le projet de modification de l'article 37 de la Constitution. Tous ceux qui ont dit haut et fort la volonté de modifier la constitution étaient les plus vus de la scène politique. Et eux tous sont visés par le nouveau code électoral. Les 3 grands hommes des 11 partis de la nouvelle alliance du CDP et compagnie sont hors-jeu. L'alliance choisira et présentera un candidat dont il ne faut faire que la « publicité » cette année, sans chercher à gagner les élections. Cela sera un effort vain, car la loi ne concerne pas les élections de 2020. Y aura-t-il candidat pour le CDP ? Si oui, ce sera un parfait inconnu.
Cheick Omar J. BANDAOGO