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Politique : Ces « pagneuses » qui rêvent de pouvoir

| 01.05.2015
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Politique : Ces « pagneuses » qui rêvent de pouvoir
© DR / Autre Presse
Politique : Ces « pagneuses » qui rêvent de pouvoir
Au commencement des terres qui font le centre de ce pays, il y avait une femme. Plus précisément, une amazone, pleine de courage, à la limite de la témérité. Yennenga, pour ne pas la citer, a bousculé les préjugés et a marqué l'histoire du Faso de façon indélébile. Son étalon est la mascotte du pays des Hommes intègres. Et son exemple semble avoir fait tache d'huile...


Ces derniers jours, les femmes du Faso ont attaché leurs pagnes. Solidement. Elles sont à l'avant-garde du combat pour un Burkina nouveau. Dans l'ex-majorité présidentielle, Léonce Koné s'est momentanément éclipsé pour faire place à Julie-la-Bosseuse. Pour rencontrer la Commission de réconciliation nationale et son respectable président, c'est cette amazone du Boulkiemdé qui a été chargée de cette mission bien délicate. Le choix porté sur cette magistrate peut se comprendre aisément, quand on sait qu'elle est restée très discrète au temps fort des marches et meetings recto verso pour allonger le bail du Blaiso à Kosyam. Ce fut même une grande surprise qu'elle n'ait pas été militante de première heure du MPP.

De ce point de vue, elle avait le bon profil pour sortir le CDP du trou profond dans lequel il se débat actuellement. Hélas, l'amazone vient, une fois encore, de manquer le coche. Elle a ramé à contre-courant, en tenant des propos va-t'en guerre et, pire, en ignorant l'essence même de l'insurrection. En effet, alors que les Burkinabè pensaient que le débat s'était clos de lui-même sur la possibilité ou pas de modifier l'article 37, Julie-la-Bosseuse revendique un droit à la modification de l'article qui fâche. C'est pourquoi, à peine sortie, cette dame de fer s'est elle-même discréditée aux yeux de l'opinion pour incarner le CDP new-look.

A l'inverse, cette autre femme, qui a été la porte-parole de l'ex-opposition à la même rencontre avec le CRNR, boit son petit-lait. Saran Séré, comme on le sait, a été l'un des bourreaux du régime Compaoré. De nombreux Burkinabè pensent qu'elle est de ceux qui ont porté le dernier coup de grâce au système, avec notamment sa marche aux spatules. La présidente du Parti pour le développement et le changement est dans l'arène pour se construire une image de femme capable. Comme les autres chefs de formation politique, elle parcourt le territoire national sans pour autant délaisser la cause commune, puisqu'on la voit aussi aux côtés des leaders de l'ex-opposition. Pour l'instant, elle a plutôt fait un parcours sans faute en ayant eu le sens de l'anticipation avec sa démission, fin 2011, du CDP et de son mandat de député. Ce fut un courage salué par la jeunesse, et c'est cette image qui amortit sa fausse note de marche sur la télévision nationale en novembre dernier.

A côté de ces dames qui sont pleinement dans l'action, il y a celles qui font rêver. Parmi ces dernières, il y a incontestablement Mariam Sankara, devenue amazone à son corps défendant à cause du courage dont elle a fait montre pour pouvoir survivre aux 27 ans de règne du régime qui a le sang de son mari sur ses mains. La tentation fut grande pour les héritiers politiques de Thomas Sankara de faire porter leur espoir de conquête de pouvoir par Mariam. A en croire certains responsables de l'UNIR/PS, ce projet n'est plus d'actualité, mais il a tout de même trotté dans la tête des sankaristes.

Autre femme, autre situation, c'est celle de Sita Ouattara, secrétaire adjointe à l'organisation de la NAFA, qui, subissant le sort du destin, est en pleine "initiation" pour inscrire son nom parmi les femmes qui font la Une. Embastillée pour activité subversive, elle est présentée comme un martyr par son parti politique qui rappelle, opportunément, qu'elle est la seule femme politique sous les verrous.

Adam Igor

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