Politique au Faso : Trop de partis, peu de crédibilité

| 11.09.2014
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Politique au Faso : Trop de partis, peu de crédibilité
© DR / Autre Presse
Politique au Faso : Trop de partis, peu de crédibilité
Combien existe-t-il de partis politiques au Burkina Faso? Bien malin qui saura le dire. Même au ministère de l'Administration territoriale et de la Sécurité, la tutelle des partis et associations. Une chose est évidente: le pays regorge d'un nombre très élevé de partis politiques qui ont un récépissé. L'on semble avoir franchi le cap de la centaine.


Dans le camp du pouvoir ou de la majorité, on a des partis qui ont soutenu ou qui soutiennent jusque-là, le pouvoir ou le président du Faso. Il s'agit du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) dirigé par Assimi Kouanda, de l'Alliance pour la démocratie et la fédération-Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA) présidée par Me Gilbert Noël Ouédraogo, de l'Union pour la république (UPR) de l'autre Me Toussaint Abel Coulibaly, de l'UNDD de Me Hermann Yaméogo, de l'Autre Burkina-PSR d'Alain Dominique Zoubga, etc.

Du reste, certains représentants de ces formations politiques occupent toujours des postes ministériels dans le gouvernement actuel. C'est le cas de l'UNDD, de l'UPR et de l'Autre Burkina-PSR. Ces partis ont également formé avec bien d'autres, le Front républicain.

Quant à l'ADF-RDA qui soutenait le programme quinquennal du chef de l'Etat, ce parti commence à prendre progressivement ses distances vis-à-vis de la majorité sans pour autant rejoindre officiellement l'opposition. Seul le député-maire de Ouahigouya, Gilbert Noël Ouédraogo, détient le secret de la position quelque peu ambigüe de ni à gauche, ni à droite de son parti. Quoi qu'il en soit, cette position tranche singulièrement avec celle de l'opposition dite radicale.

Cette opposition regroupe les partis affiliés au Chef de file de l'opposition politique piloté par Zéphirin Diabré, par railleurs président de l'Union pour le progrès et le changement (UPC). On y retrouve l'UPC, le PDS-Mètba du député-maire de Dori, Arba Diallo, l'Union pour la renaissance-parti sankariste (UNIR-PS) de Me Bénéwendé Sankara, le Faso autrement d'Ablassé Ouédraogo, le Parti pour le développement et le changement (PDC), de Saran Séré/Sérémé, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) de Roch Marc Christian Kaboré, pour ne citer que ceux-ci.

Comme on peut le constater, le paysage politique burkinabè est riche et multicolore. Le nombre pléthorique des formations politiques est regrettable mais ce n'est pas interdit par la loi. «La pluralité de partis et formations politiques en herbe qui poussent comme des champignons sur une terre fertile traduit la vitalité de la démocratie au Pays des Hommes intègres». Tel peut être l'argument de taille brandi par les partisans et défenseurs de cette situation. Cela est peut-être vrai mais tout de même.

Aux Etats-Unis, présentés comme l'un des modèles de la démocratie dans le monde, il y a seulement 2 partis politiques qui comptent: le Parti démocrate, aujourd'hui au pouvoir avec Barak Obama, et le Parti républicains dont le dernier président a été Georges Walker Bush. Ce nombre réduit de partis n'a pas empêché pour autant, loin s'en faut, ce pays de réaliser l'alternance avec un mandat présidentiel de 4 ans renouvelable une seule fois et de se développer au point d'être considéré comme l'un des pays les plus grands et les plus puissants du monde.

Toute chose qui contraste avec la pauvreté et la paupérisation grandissantes ainsi que la misère des populations au «Pays des Hommes intègres» abonné au dernier rang dans le classement annuel du PNUD sur le développement humain durable. De même, l'alternance a du mal à y voir le jour où le président est scotché au pouvoir depuis 27 ans et ne semble pas être prêt à céder la place.

Dans la lutte légale et légitime pour que l'alternance soit une réalité concrète, on constate justement que certains acteurs et non des moindres, ont choisi de défendre leurs propres intérêts. Pour ce faire, la création de certains partis politiques est toute trouvée. Leur initiative pourrait s'inscrire dans une dynamique «d'empocher» quelque chose en contrepartie, notamment de l'argent (il faut l'appeler par son nom). C'est donc dire que derrière la création de certains partis politiques pourrait se cacher, outre la subvention de l'Etat visée, à obtenir des espèces sonnantes et trébuchantes.

Dès lors, on comprend pourquoi leurs géniteurs sont très inspirés pour trouver vite les noms, les sigles, le logo, etc. C'est ce qui pourrait expliquer la floraison de formations politiques sur l'échiquier politique puisque c'est devenu comme un fonds de commerce pour des gains faciles.

C'est donc que certaines formations politiques, incapables de rassembler même des dizaines de militants lors de leur rentrée politique ou congrès (nous l'avons vu à maintes reprises) ne sont pas crédibles sur tous les plans. On crée des partis sans idéologie ni base militante solide pour soutenir tel ou tel camp en échange d'une contrepartie dont le montant est discuté dans les coulisses de salons feutrés. C'est la triste réalité.

Au vu du phénomène qui risque de prendre de l'ampleur, on est tenté de dire qu'ici au Faso, il y a trop de partis politiques mais c'est la crédibilité qui manque le plus. Ce qui est dommage.

Le Petit Hampâté
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