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Perturbation du discours de Zéph: il faut plus de vigilance à la sécurité du CFOP
La scène mettant en jeu Zéphirin Diabré, Chef de file de l'opposition politique burkinabè (CFOP), en train de s'adresser aux manifestants du 23 août 2014 contre le projet de référendum, et un acteur qui n'était nullement prévu dans le scénario des organisateurs de la marche surgissant des alentours du podium pour lui arracher le micro est malheureusement bien réelle.
Si l'individu indélicat, qui aurait réclamé le micro pour, selon lui, «cracher ses vérités» au CFOP, a été vite maîtrisé par certains qui n'étaient pas loin de la scène, la façon dont l'incident a été traité laisse penser qu'il a été banalisé. Aux dernières nouvelles, le «voleur de micro» que d'aucuns présentent comme un infiltré s'appellerait Adna Songnaaba et serait un agent stagiaire des Eaux et Forêts. Quant à son sort, l'on apprend qu'il est déféré et attend de comparaître devant le juge. Mais, même si les tenants et les aboutissants de ce regrettable épisode pourraient être intéressants à savoir, ce ne sont pas tant les motivations du présumé agresseur et la sentence que le tribunal prononcera contre lui, que les circonstances ayant favorisé l'avènement d'un tel trouble qui mérite que l'on s'y penche. Car, à y voir de plus près, ceux qui étaient chargés d'assurer la sécurité de la marche ont merdé.
L'on s'est félicité du déroulement sans débordement de la manifestation. Un aspect non moins important semble cependant avoir été négligé, à savoir la sécurisation des leaders les plus en vue de l'opposition. Le fait que le «trouble-meeting» ait pu déjouer le système du service de l'ordre prouve que la vigilance de ces derniers n'a pas été soutenue pendant les prises de paroles.
Certes, les volontaires commis à la tâche de sécurisation de la marche sont avant tout des militants sensibles aux slogans et autres boutades scandés ce jour contre Blaise Compaoré et les pros référendum. Il convient néanmoins qu'à l'avenir, ils prennent toute la mesure de la responsabilité qui leur incombe en ce sens qu'en matière de sécurité, rien n'est à prendre à la légère. Lors d'un rassemblement mobilisant grand-monde comme celui du 23 août dernier, sur un espace aussi ouvert que le terrain de la SONATUR, tout peut arriver, donc on ne sera jamais trop prudent. Toutefois, un sérieux cordon humain autour du podium, constitué par des hommes sûrs et reconnaissables aurait permis d'empêcher l'intrus de perturber le cours d'un événement qui aurait pu porter la marque du sans faute si cette tache sombre n'était pas venue ternir l'éclat de son tableau savamment peint. Heureusement que le pire a été évité et que ni le CFOP, ni son présumé agresseur n'ont été physiquement atteints. La situation se serait effectivement compliquée davantage si, au lieu de retirer son micro, le sieur Adna Songnaaba s'en était pris physiquement au président de l'Union pour le progrès et le changement (UPC). Et cela n'était pas impossible, vu la facilité avec laquelle il a traversé l'espace qui le séparait du podium.
La situation aurait également pu tourner au vinaigre si les manifestants furieux qui voulaient en découdre physiquement avec le fautif n'avaient pas rencontré la résistance d'autres militants qui se sont empressés de le soustraire à une éventuelle vindicte populaire. Ce qui est passé est passé, il est vrai, mais il est nécessaire d'en tirer des leçons utiles pour le futur. Il ne faut donc pas oublier que la percée opérée ces derniers temps par l'opposition politique l'expose à toute tentative d'infiltration et de sabotage. Il ne faut pas non plus oublier que dans le contexte politique actuel, il se trouve parmi les tenants de l'opposition ceux que l'on peut qualifier sans exagération de «sérieux présidentiables».
A défaut donc d'assurer leur sécurité comme celle du président du Faso, faites au moins le maximum que vous pouvez, messieurs les organisateurs des manifs de l'opposition.
JPS