Mais dans ce printemps des démissions au Burkina, il y a surtout des frustrations liées au mode de gouvernance des partis politiques. Les dirigeants du MPP ont invoqué aussi cet enfermement despotique de leur ancien parti. Ces démissions doivent de ce fait interpeller les chefs de parti. Au lieu de railler les partants, ils doivent revoir leur copie en instaurant une véritable démocratie interne. Il y va d'ailleurs de la survie de leur formation politique. On peut donc concéder à certains démissionnaires le fait d'avoir été victimes d'ostracisme. Parce qu'ils peuvent faire de l'ombre au premier responsable du parti, une cabale a été mise œuvre pour les écarter des instances de décision. Toutefois, il y a parmi ces démissionnaires des has-been qui s'érigent en donneurs de leçons sur l'alternance alors qu'ils ne cultivent pas cette vertu.
Sans aller jusqu'à parler de démissions farfelues, il y a tout de même lieu de s'interroger sur la portée politique de certaines d'entre elles. Du reste, elles posent la question de l'approfondissement de la démocratie au Burkina. Plus de vingt ans après l'envol du processus, le temps semble toujours être aux balbutiements chez le personnel politique. Alors que l'on devrait être des regroupements et fusions, en vue d'une réduction du nombre déjà astronomique de partis, c'est le contraire qui se passe : on assiste plutôt à une nouvelle inflation de partis. Du coup, le paysage politique s'encombre davantage, avec plus d'une centaine de partis. La seule consolation, c'est l'émergence nette de quelques partis et personnalités, autour desquels se jouera véritablement le destin du pays. Les autres ne sont que des figurants, pour garnir, orner ou grossir des regroupements, dans la course actuelle aux ralliements. En effet, comme chaque fois que le pays est en crise, chacun se livre à un jeu consistant à montrer qu'il ratisse large au sein de la classe politique. C'est ainsi que le Front républicain se vante d'être composé d'une trentaine de partis. Mais dans ce lot, seuls quelques partis sont vraiment actifs et représentatifs. Il en est de même du CFOP (Chef de file de l'opposition) qui est lui aussi encombré de partis fantomatiques. Au Burkina, on observe, par rapport à l'image que nous renvoient les partis politiques, à une démocratie du nombre, au lieu de celle de la qualité. Après tant d'années d'expérience démocratique, il y a de quoi se demander si le pays a vraiment avancé.